Chapitre 34

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Je regarde le paysage défiler par la fenêtre de la voiture. Comment va se passer la conversation avec ma mère ? Je n'en ai pas la moindre idée. Je sais seulement que j'ai une boule dans le ventre depuis que je suis montée dans l'avion.
- Tu es sur que tu ne veux pas que je vous laisse discuter toutes les deux ?
Je tourne le visage vers David, assis à côté de moi dans le taxi.
- Absolument pas. Je sais qu'elle le préférerai sûrement mais j'ai besoin que tu sois là. Elle a besoin de voir que je ne suis pas folle, que tu existe réellement.
Il relève les sourcils et sourit à ma réponse.
- Elle pense que je suis un ami imaginaire ?
Je rigole nerveusement.
- Non, bien sur que non... Mais elle pense qu'un homme comme toi ne devrait pas être avec une fille comme moi, sans situation stable. Donc j'ai besoin qu'elle voit que tu es là pour moi... Je n'ai rien à lui prouver je le sais mais c'est plus fort que moi, j'aimerais au moins une seule fois qu'elle ne trouve pas à redire sur ma vie. Et puis j'ai besoin que tu sois là... Je ne sais pas, pour me soutenir. Je sais c'est ridicule, dis-je en secouant la tête.
- Pas du tout. Au contraire ça me fais plaisir de voir que tu as besoin de moi autant que j'ai besoin de toi.
Il m'embrasse en me caressant les cheveux, moi qui suis d'habitude assez pudique pour ne pas m'afficher en publique, actuellement je me fiche du fait qu'il y est une autre personne avec nous.
La voiture se gare et nous descendons après avoir régler la course.
- Nous y sommes, soupiré-je.

Nous marchons jusqu'à la porte et j'appuie sur la sonnette. Même si je dois l'affronter je ne cesse de me répéter intérieurement "ne sois pas là, ne sois pas là". Une prière inutile puisque sa voiture est garée dans l'allée.
Elle ouvre la porte et ne prononce pas un mot. La situation ne pourrait pas être plus gênante.
- Euh... Maman, je te présente David.
- Oh, désolée, entrez je vous en prie.

Je jette un coup d'œil à David qui lui semble tout à fait à l'aise.
- Enchanté de faire votre connaissance...
- Appelez-moi Sophie je vous en prie, enchantée également David. A ce que je vois vous êtes de retour.
Je lance un regard de travers à ma mère mais celle-ci l'ignore complètement.
- Je ne suis jamais partie, du moins, pas sentimentalement parlant. Ce n'était qu'un malheureux malentendu.
- Oh vous n'avez pas à vous justifier, je peux très bien comprendre que vous ayez eu des doutes quand à cette... Relation.

J'avale difficilement. Ça se passe exactement comme je le pensais, elle reste sur son idée comme une enfant têtue. A ce moment précis je me dis que j'aurais du enregistrer la conversation avec mon père lorsqu'il disait n'en souhaiter pas moins pour moi et la comparer aux sous-entendu que lance ma mère, sans réfléchir aux conséquences que cela engendrera. Elle me blesse, mais à présent je sais ce que ressent David pour moi.
- Sans vouloir vous offenser Madame, si j'avais eu un quelconque doute je ne serais jamais venu vers votre fille en premier lieu. Et avec toutes les possibilités que j'ai eu de m'éloigner d'elle j'aurais plusieurs fois eu l'occasion de me rétracter.
- Eh bien permettez-moi de douter de tous cela.
- Je vous le permet. Tant qu'Emma sait ce que je ressens.
- Nous te le permettons tous les deux, dis-je pour abréger le sujet. Maintenant si tu as finit de nous faire part des tes doutes j'aimerais t'annoncer quelque chose.
- Pitié ne me dit pas que tu es enceinte !
- Merci je vois que la nouvelle t'aurais fait plaisir... Dis-je ironiquement en relevant un sourcil. Non tu peux respirer je ne suis pas enceinte. Je vais m'installer en Italie. Définitivement.
- Pardon ?
- Tu as bien entendu. J'ai quitté l'université, je vais y passer dans la journée pour laisser mes clés et je repars ce soir. Je vivrais chez papa pour le moment.
- Et je suppose que c'est vous qui êtes à l'origine de tous ça ?
- Maman est-ce-que tu veux vraiment que je parte en restant sur une dispute ? Non, ce n'est pas lui qui est à l'origine de "tous ça" et quand bien même, ce n'est pas une mauvaise chose au contraire. Je me sens mieux la-bas.
- Ton père va m'attendre, je n'en reviens qu'il ne m'ai pas appelé !
- Écoute, je ne veux pas être méchante mais lorsqu'il est parti vivre à Rome j'ai voulu le suivre. Je suis resté car j'entrais à l'université, mais maintenant que j'ai validé toutes mes matières je ne vois plus aucune raison de rester. Je t'aime, mais notre relation est trop tendue et je ne veux pas partir sur un conflit. J'espère que tu peux comprendre ma décision.
- Non Emma, je ne le peux pas. Tu as bientôt 23 ans je pensais que tu étais plus mûre que ça. Partir dans un pays que tu connais à peine avec un homme que tu connais à peine... Et que vas-tu faire tu y a pensé ? Ou vas-tu travailler ? Comment s'annonce ton futur ? Non... Je ne veux même pas y penser.
- Je vais chercher du travail, ou entrer dans une école spécialisée maman je ne sais pas, mais je suis heureuse, est-ce-que ce n'est pas le plus important ? Est-ce-que ce n'est pas ce que tu souhaites pour moi ?
- Tu crois que la vie est simple mais tu vas tomber de haut. Tu ne peux pas vivre d'amour et d'eau fraîche !

Je ferme les yeux et inspire bruyamment. Je recrache tous l'air de mes poumons et la regarde dans les yeux. David lui, se tiens contre un mur sans dire un mot.
- Tu as autre chose à dire ? Je vais quitter le pays...
- Tu fais une erreur.
- Sérieusement ? Tu veux que ce soit ça notre au revoir ?
- Je suis beaucoup trop déçue pour parler.
- D'accord et bien si un jour la parole te reviens téléphone-moi.

Je sors du salon et me dirige vers la porte d'entrée. Elle reste assise sur le fauteuil sans bouger, ni même montrer un signe de tristesse. Elle ne laisse rien transparaître, en bonne avocate qu'elle est.
- Emma attends-moi, me lance David en prenant mon coude.
- Je vais bien, dis-je en réponse à sa question muette.

Et c'est le cas. Je savais comment aller se dérouler cette rencontre. Je lui est dit ce qui en était, David m'a défendu et lui à quasiment cloué le bec, comme je l'espérais. Après ça que puis-je faire ou dire de plus ? Je n'en ai ni l'envie ni la force.

Inlight me (français)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant