Encore cinq minutes! (en relecture)

9. Going Crazy

ATTENTION, mention de suicide.

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Shriner's Home for Children, environ vingt ans plus tôt

Cinq ans.

Cinq putains d'années de merde!

Ça faisait cinq ans déjà qu'il survivait dans cet institut pour enfants handicapés. Cinq ans déjà qu'il ne côtoyait que des débiles, des bénévoles et du personnel médical. On l'avait jeté là comme une vieille chaussette trouée qu'on abandonne dans le fond d'un placard et qu'on oublie parce qu'elle ne sert plus à rien.

Encastré dans son fauteuil électrique, la seule chose qu'il pouvait faire à part passer du temps à l'ordi, c'était de se regarder devenir trop grand, trop long pour l'appareil qui n'en finissait plus de le faire sentir incongru et abjecte.

En ce 8 juin, c'était son anniversaire.

Il avait treize ans.

Aujourd'hui, quelqu'un dont il n'avait rien à foutre lui servirait un morceau de gâteau dégueulasse à la cuillère en souriant comme un demeuré, en essayant de lui faire croire que c'était une belle journée.

Sérieux?

UNE BELLE JOURNÉE!

Il n'avait plus vécu de belles journées depuis cinq ans bordel, il fallait arrêter avec ces conneries.

Et dire qu'il n'avait même pas le luxe de se suicider!

Eh ben non, parce que pour s'achever soi-même, il lui faudrait avoir le contrôle de parties de son corps qu'il ne ressentait même plus.

Il était condamné à vivre, prisonnier d'une carcasse inutile, pris avec son cerveau qui fonctionnait trop bien.

Si au moins il était devenu débile après l'Accident. Peut-être qu'il aurait été assez con pour ignorer tous ces regards pleins de pitié, tous ces gens qui bougeaient librement et qui essayaient de lui faire croire qu'il avait des raisons de se réjouir. Comme si être en vie dans ce foutu état était une bénédiction.

Ri-di-cu-le!

Le parfum de bonbons à la violettes fondus sur le bord de la route dans un pipi de chien lui annonça la venue de la personne qu'il détestait le plus dans l'univers. Taylor, un Vamp qui se trouvait ben bon de faire du bénévolat pour les Shriner était sur le point de faire son entrée!

D'accord, le gars lui refilait des films qu'il n'était pas supposé posséder et payait pour sa connexion internet illimitée, mais à chaque fois, c'était un exercice de torture de ne pas pouvoir sortir de son fauteuil et le poursuivre. Chaque fois, il devait combattre comme un forcené afin de garder son calme car son Fauve intérieur - celui-là même qui l'avait propulsé dans cette foutue prison -, se débattait, excité par la proie si proche et pourtant si inaccessible. Ce Fauve, qui n'était pas un fauve du tout mais bien la part de son code génétique qui le rendait plus fort, plus rapide et plus résistant que les autres humains, faisant de lui un Chasseur né était en fait un instinct impossible à étouffer.

Car bien sûr, le karma lui avait non seulement foutu un upper cut en pleine poire en le rendant tétraplégique, il avait fallu qu'il continue de le kicker dans l'abdomen en faisant de lui un Chasseur né. Qu'avait-il pu faire de si horrible dans ses vies antérieures pour devenir un Chasseur né tétraplégique? Être génétiquement conçu pour chasser les Vampires et ne pas pouvoir le faire était tellement cruel, abjecte, infâme, il n'aurait jamais assez de mots pour décrire ça!