7. Le Sasquatch

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Squamish, Colombie-Britannique


- Tante Emmie!!!, s'écria James, surveillant l'écran du poste de contrôle qu'elle avait installé au pied du mont Garibaldi pour quadriller le secteur devenu inaccessible après l'irruption et la tempête du moi précédent. Rapidement, elle rejoignit son neveu qui faisait se retrancher trois drones, le quatrième écran maintenant noir.

- Il y avait des traces étranges au sol, et un espèce de renfoncement dans la paroi et lorsque j'ai commandé aux drones de s'approcher, soudain, quelque chose est apparu et j'ai perdu le contact, expliqua le garçon, fébrile. Ça s'est passé tellement vite que je n'ai eu le temps de rien voir.

Emma réfléchit un instant puis fit signe à James de s'écarter. Lorsqu'elle prit les commandes de l'ordinateur portable, Peter vint se poster derrière elle pour regarder l'écran par-dessus son épaule, faisant ressurgir une tension remontant de ses souvenirs. La nuque raide et les gestes nerveux, elle fit de son mieux pour ignorer la présence de l'homme derrière elle.

Elle n'appréciait pas particulièrement les contacts physiques de ceux qu'elle ne considérait pas comme ses intimes, son corps devenu beaucoup trop sensible à cause de la maladie. De plus, elle gardait de cauchemardesques souvenirs au plus profond de sa mémoire d'enfant malade forcée de recevoir des traitements, d'endurer des injections, des prises de température, de pression, et autres soins médicaux que son cerveau d'enfant n'arrivait pas à comprendre. L'Emma de trois ans avait tôt fait d'associer les sourires enjôleurs, les voix câlines et les contacts de la part du personnel médical - des étrangers à ses yeux d'enfant - comme prémices à des moments pénibles, voire douloureux. Petite, elle rêvait de vieux médecins en habits verts venant l'ausculter dans son lit, lui branchant des électrodes partout et lui pinçant la peau. Alors, s'il était à la maison, elle se levait et allait rejoindre son frère dans son lit, le seul capable de chasser ses terreurs nocturnes de sa simple présence. Toujours gentil et patient, Damon la gardait dans ses bras, répondait à ses innombrables questions et chantait doucement de vieilles balades gaéliques qui l'aidait à retrouver le sommeil.

Maintenant adulte, elle était capable de rationaliser et de se dire que ce n'était pas tous les étrangers qui lui voulaient "du bien", mais il n'en restait pas moins qu'elle était marquée par ses expériences personnelles jusqu'au plus profond de son corps. Elle sentit sa gorge se serrer lorsque Parker vint rejoindre son cousin et mit une main sur son épaule.

Entre les deux, il était celui qui lui faisait le plus peur, ou du moins, celui qui la rendait le plus inconfortable. Il s'approchait toujours trop près, l'effleurait bien plus que ce à quoi on pouvait s'attendre d'un partenaire d'excursion fraîchement rencontré et lorsque des contacts étaient nécessaires, il s'attardait toujours juste un peu trop longtemps. Repoussant sa queue de cheval vers l'arrière, elle en profita pour balayer la main indésirable de sur son épaule. Non, mais, personne n'avait entendu parler de ce concept qu'était le consentement ici?

Heureusement, James, connaissant bien sa tante vint se glisser entre elle et les deux hommes, écartant Parker d'un geste décidé que les adultes pardonneraient à un enfant de son âge.

- C'est quoi tu penses? demanda James, passant spontanément au gaélique pour ne pas être compris des deux hommes.

Emma se détendit juste assez pour avoir l'air à peu près normale. Elle n'avait jamais refusé les contacts de Jamie, même lorsqu'elle était souffrante, son neveu possédant cette candeur enfantine qui avait besoin du réconfort autant qu'il en offrait. En revanche, l'étreinte qu'elle avait faite à Maximilian l'avait surprise, mais son drôle de médecin Vampire s'inquiétait tellement pour elle qu'elle n'avait pu résister.

Encore cinq minutes! (en relecture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant