12. Confidences

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Ciel d'Ithaca, en direction de Syracuse


— AAAAAOOOOOOOIIIIIII!!!!!

Miriam s'était mise à hurler comme si on l'arrachait du sol dès qu'Illium l'avait prise dans ses bras et, effectivement, arrachée du sol.

— Mais qu'est-ce que vous faites là, espèce de rustre, personne ne vous a donc jamais parlé de consentement?

Oh, comme il la trouvait merveilleuse avec ses airs de vierge offensée ou de chaton furieux, ses yeux fermés si forts derrière ses lunettes que ses longs cils disparaissaient presque dans le plis de ses paupières. Elle s'accrochait à lui avec l'énergie du désespoir, s'agrippant des bras et des jambes de toute sa force.

— Ne me serrez pas si fort, ma douce, vous allez vous épuiser, susurra-t-il à son oreille. Je ne vous laisserez pas tomber.

— J'espère bien! Espèce de... espèce de... de Polisson Incorrigible!

Illium rit, complètement sous le charme. Il trouvait absolument adorable que Miriam soit incapable de prononcer des vilains mots même s'il était évident qu'elle rêvait secrètement de l'étrangler.

Il ne volait ni vite ni haut au-dessus du lac Onondaga en direction de Syracuse, attentif à ce qu'elle ne manque pas d'oxygène, ne soit pas malmenée par le vent et qu'elle ne prenne pas froid.

— Doux Jésus! Vous êtes la vedette angélique de toute l'Amérique du Nord. J'imagine qu'il y a des tonnes de gens en train de nous filmer et de nous envoyer sur les médias sociaux! Que va-t-on dire de moi maintenant?

— Que vous êtes la femme la plus chanceuse du monde! Ça me semble évident.

Il avait justement choisi de voler au-dessus du lac pour limiter le nombre de témoins inévitables. Miriam le serrait de toute ses forces, enfouissant son visage dans son cou. Il la soutenait comme un cadeau précieux, faisant tout en son pouvoir pour la rendre confortable.

Curieuse malgré elle, elle ouvrit un oeil et recouvrit un peu de calme avant qu'un vent ascendant les balaie tout les deux, faisant voleter sa robe, lui tirant à nouveaux de grands cris.

— OOOOOO! Seigneur, reprit-elle, paniquée. Ça y est, le monde entier saura quelle sorte de sous-vêtements je porte!

Illium sourit et glissa une main le long de son dos pour coincer sa jupe entre eux. Cela occasionna une autre tirade de hurlements et d'insultes à la polisson incorrigible. Il rajusta sa prise sur elle en souriant mais ne rit pas, il savait quand se montrer plus sensible et courtois tout de même. Son poids n'était rien pour lui et il aurait pu voler des heures en la transportant ainsi. En fait, il se demandait ce qui l'empêchait de l'emmener avec lui à la Tour. Chaque matin ou presque depuis leur rencontre, il partait de New York pour la rejoindre à Ithaca et déjeuner avec elle. Il s'étonnait encore de la rapidité avec laquelle ce simple geste était devenu un rituel. Cela avait le goût de chez soi, le goût du beau! Exactement comme lorsqu'il quittait le Refuge pour la rejoindre Elle, quatre siècles plus tôt. Et si c'était vraiment Elle? Après tout, c'était arrivé à Dmitri, son Ingrid l'avait retrouvé

Désormais, les jours où il ne pouvait pas se rendre à Ithaca étaient des jours maussade, d'autant plus qu'Aodhan avait dû quitter la Tour pour se diriger vers l'Ouest. Les relations étaient encore troubles entre eux, ils ne s'étaient toujours pas vraiment réconciliés après leur engueulade à propos de Remus.

"Je ne pourrais pas te perdre à nouveau, Aodhan. Je n'ai pas cette force.", pensait-il se laissant si facilement emporter dans la morosité lorsqu'il s'agissait de son frère d'âme.

Une main effleura soudain son visage. Elle avait été si délicate qu'il l'avait à peine senti.

— Qu'est-ce qui vous fait froncer les sourcils ainsi? demanda Miriam, sa voix pleine de compassion.

Encore cinq minutes! (en relecture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant