32. Chute libre

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New York, une semaine plus tard


— Si j'avais su que notre première activité en personne consisterait à te tenir les cheveux pendant que tu vomis dans ma toilette, Minus, je ne me serais pas donné autant de mal pour venir te chercher à l'aéroport, se plaignait Vivek, essayant de calmer sa nervosité à la vue de la détresse de son amie.

— Me fais pas rire, idiot, j'ai déjà assez mal partout comme ça, gloussa Emma, se forçant à garder les yeux fermés afin d'éviter de voir ce qui sortait de son estomac. Elle en ferait des cauchemars pour le reste de sa vie, elle en était certaine.

— Ce n'est pas pour te faire rire, ma chérie. c'est essentiellement pour me distraire en attendant que ton Ange gardien me trucide.

— Primo, je n'appartient à personne et ne possède personne. Deusio: Aodhan n'est pas un imbécile, rétorqua-t-elle. Il ne s'en prendra pas à toi parce que je ne supporte pas le traitement de ce matin.

Emma tourna la tête pour lui jeter un regard furibond, ce qui lui fit bénéficier d'une vue en plongée imprenable sur le contenu de son estomac maintenant rendu dans la toilette. Elle devait bien avoir vomi un litre de sang grumeleux absolument dégoutant! Considérant qu'elle n'en avait pas absorbé autant - quelques gorgées avaient suffit à lui donner la nausée -, elle se demandait bien où son estomac avait prit tout ça.

Après leur retour à New York, le guérisseur en chef d'un endroit qu'on appelait le Médica lui avait appris que son bagage génétique était vampirique à soixante pour cent, ce qui signifiait qu'elle possédait davantage de gènes vampirique qu'un vampire d'un peu plus d'une trentaine d'années. C'était non seulement incompréhensible, mais absolument impossible. Voilà donc pourquoi il lui avait suggéré de commencer à consommer du sang, supposant que son corps manifestait le besoin de s'alimenter comme un Vampire.

À voir tout ce qui sortait maintenant de son système, ce n'était pas la bonne solution.

— Je sais bien, fit Vivek, le ton plus doux, ramenant les boucles lilas trempées de sueur de son amie derrière son oreille. Je disais ça pour m'assurer que tu es encore bien vivantes.

Avec des gestes délicats, le Vampire s'appliquait à éponger le visage de son amie. Ils étaient en train de travailler sur le projet d'installation des sismographes dans les zones volcaniques de l'Ouest. Emma, assistée d'Aodhan, avait conçu les plans d'un appareil en mesure d'effectuer le travail. Ils étaient chacun concentrés sur leur ordinateur lorsque sa nausée s'était transformée en haut le coeur. Il l'avait vue blêmir d'un coup et se ruer, chancelante, dans sa salle de bains. Maniant son fauteuil manuel avec dextérité, il avait préparé quelques gants de toilette mouillés et s'était installé le plus près qu'il pouvait sans lui rouler dessus dans le but de retenir ses cheveux et de la supporter.

Une part de lui-même était ébahi d'enfin avoir retrouvé suffisamment de mobilité pour être capable de prendre soin de quelqu'un d'autre. Rassembler la chevelure bouclée, éponger la sueur et le sang sur le visage d'Emma et la soutenir tandis qu'elle tentait, tremblante, de se relever avait quelque chose de cent fois plus satisfaisant que d'avoir la possibilité de faire ses propres transfert, d'enfin réussir à se laver lui-même et à se mouvoir dans un fauteuil non électrique à la force des bras. S'il était enthousiaste - ce qu'il n'aurait jamais osé admettre à qui que ce soit -, il irait même jusqu'à dire que la douleur physique causée par la petite main d'Emma accrochée à son bras était moins puissante que ce qu'il avait l'habitude d'endurer..

— Je suis désolée, dit Emma, lâchant son bras pour mieux s'accrocher aux fauteuil dès qu'elle remarqua la grimace qu'il tentait de réprimer. Je ne voulais pas te faire souffrir.

Encore cinq minutes! (en relecture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant