21. Le mal de Miriam

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New York, Tour de l'Archange


Dès qu'elle avait eut terminé de régler les détails de son déménagement avec la Vampire Honor, Miriam avait été conduite dans les appartements d'Illium à la Tour où elle pourrait se reposer et l'attendre. Elle avait voulu prendre un billet de train pour rentrer à Ithaca mais Honor lui avait fait comprendre que c'était plus sage d'accepter d'être conduite par un chauffeur. Miriam ne s'était pas objectée, n'ayant pas particulièrement envie du bain de foule que constituerait le voyage en train en fin de soirée. Miriam aimait les gens, certes, mais pas d'aussi près et aussi longtemps.

Comme il avait dû trouver son petit appartement bien modeste et exiguë! songea Miriam en pénétrant dans le vaste salon de l'appartement d'Illium. L'endroit était spacieux, lumineux et il y régnait un léger désordre témoignant d'une présence active dans les lieux. Il n'y avait aucun doute, l'Ange bleu habitait bel et bien l'endroit.

Un large écran dernier cri recouvrait la presque totalité d'un mur et Miriam nota également la présence discrète d'hauts-parleurs et d'enceintes sonores parsemées dans la pièce afin d'optimiser l'écoute de films ou de musique. Un rideau opaque pouvait être tiré sur la porte-fenêtre panoramique afin de conférer à la pièce l'obscurité optimale pour un visionnement idéal. Parsemée de fauteuils moelleux et de coussins, l'endroit évoquait le nid douillet rêvé où venir prendre du repos et décompresser. Curieuse, Miriam s'emparra de la télécommande qui reposait sur une table basse et parti à la recherche de la dernière chose qu'Illium avait visionnée dans son antre. Sans surprise, la voix d'Emma, alors qu'ils ne connaissaient pas encore son identité, se fit entendre dans la pièce. "Oui, je suis toujours là." Que de lassitude dans ces quelques mots, pensa Miriam. Comment ne l'avaient-ils pas remarqué avant? "Merci de me faire confiance", ajoutait Vivek mais Miriam éteignit la vidéo et opta plutôt pour faire jouer de la musique. Elle reconnut avec un certain plaisir le groupe qu'ils avaient écouté ensemble lors de leur dernier déjeuner chez elle. Allait-il encore s'intéresser à elle maintenant qu'ils avaient découvert qui se cachait derrière Tinker Belle? Sa famille, dans cette tour, semblait croire que oui.

Pieds nus sur le tapis - étrange, Illium ne lui avait pas paru être du type tapis et coussins, et pourtant, cet endroit était visiblement le lieu de tous les conforts -, elle se dirigea vers une porte sur le mur faisant opposition à l'écran géant. Elle la poussa, intriguée de ce qu'elle trouverait derrière et faillit rebrousser chemin en rougissant, s'apercevant qu'il s'agissait de la chambre de l'Ange. Le lit immense était défait et la porte de la salle de bains entrouverte révélait un espace somptueux de marbre bleu. Elle allait refermer et se concentrer sur les étagères de livres, de films et de disques dans la section cinéma-maison lorsqu'un éclat coloré attira son attention. Incapable de se retenir, Miriam traversa la pièce à toute vitesse, s'immobilisant devant une table de chevet transformée en monument... pour... elle?

Elle ne pouvait se tromper, ils étaient tous là. À commencer par le crayon à mine mauve orné de papillons dorés, de sa pince en forme de feuille de vigne, de ses baguettes rouges préférées, jusqu'au chou à cheveux avec lequel elle avait noué sa tresse le matin même! Il n'en manquait pas un. À chaque fois qu'Illium avait défait ses cheveux, il avait gardé ses prises, comme des trophées.

Mais le plus étonnant n'était pas qu'il ait gardé ces menus objets, ni les branches de lilas qui embaumaient la pièce de leur capiteux parfum, plantés dans un verre d'eau.

Non, le plus surprenant était la photo encadrée sur laquelle un pendantif magnifique avait été accroché.

Elle se rappelait du moment. Il était arrivé un peu plus tard que d'habitude ce matin-là et elle avait dû partir vers Cornell. Elle s'était arrêtée au Starbucks du coin pour se prendre un café et une danoise, un peu déçue de ne pas l'avoir vu et se trouvant bien ridicule de s'être habituée aussi rapidement à leurs matinés passées ensemble. Elle traversait le jardin devant son pavillon lorsque, soudain, tombé du ciel, il était là, devant elle, lui offrant sa plus élégante révérence, lui présentant un bouquet de lilas blancs à peine teintés du plus délicat des roses.

Encore cinq minutes! (en relecture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant