29. Entre mère et fils

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Au Refuge, chez Sharine


Lady Sharine était rayonnante.

Occupée à préparer son déménagement à Lumia, elle était animée d'une motivation nouvelle qui faisait plaisir à son fils.

À peine son bagage déposé chez lui, Illium s'était empressé de traverser le Refuge pour rejoindre son atelier. Il observait les oeuvres de sa mère et lui rapportait les plus récentes nouvelles de la cour de Raphaël.

Elle l'écoutait attentivement, en silence, comme à son habitude, laissant libre court aux émotions qu'elle ressentait pour tous ceux qu'elle aimait tant. Lorsqu'il mentionna l'arrivée d'Emma et l'attention que lui portait Aodhan, Sharine adopta un air sérieux.

— Comment vies-tu cette nouvelle réalité, demanda-t-elle, connaissant la profondeur des sentiments qui unissaient son fils et son fils de coeur.

— C'est pour ça que je suis ici, soupira Illium.

— Ah bon? Je croyais que tu étais venu relever Galen.

— Il y a un peu de ça aussi. Allons voler, j'ai quelques heures à moi ce soir. Tu pourras peut-être m'aider, en fait.

Illium allait s'élancer vers le ciel directement de la terrasse de sa mère mais Sharine le retint par le bras. Elle se planta devant lui et plongea son regard dans le sien.

— Pas tant que tu ne m'en auras pas raconté davantage, mon chéri. Pourquoi évites-tu le sujet? Comment va mon petit Aodhan? Qui est cette fille? Est-elle gentille?

Illium poussa un profond soupire. Il savait fort bien qu'il ne servait à rien de résister. Il n'avait pas prit son caractère chez le voisin. Certains pouvaient bien penser que Sharine avait l'air de rien, toute petite et délicate, sensible et douce avec ses airs vulnérables. Elle pouvait donner l'impression d'être bizarre, fragile, voire instable, mais Illium en était venu, avec le temps, à se demander si ce n'était pas la façon qu'elle avait trouvé pour se protéger. Faire croire qu'elle était négligeable afin qu'on la laisse tranquille et qu'on l'oublie.

Mais Illium n'était pas n'importe qui et il n'allait pas céder à tout les caprices de sa mère.

— Je n'ai pas vraiment eu le temps de les voir tout les deux, répondit-il en guidant sa mère vers l'extérieur. Particulièrement elle, d'ailleurs. Le plus injuste, c'est que ça faisait des jours que j'essayais de la retrouver! Franchement, quelles étaient les chances qu'il tombe dessus par hasard, en plein dans une mission pour Raphaël?! Je suis dégoûté.

En parlant, il avait entouré sa mère de ses bras et s'était envolé, l'emportant avec lui dans le ciel. Sharine se laissait faire, les ailes repliées, son regard champagne fixé sur le visage de son fils, lisant au-delà des mots et des émotions.

— Ça te rend triste?

— Je trouve ça intolérable! J'ai cherché comme un fou, pendant des jours, j'ai même presque causé un accident d'avion et lui, il arrive là-bas, et bam! d'un seul coup, il tombe dessus! Je suis dégoûté! Si je ne le connaissais pas autant, je croirais qu'il a fait exprès, juste pour se payer ma tête...

— Tu ne crois pas ce que tu dis, affirma la mère, convaincue. Je sais bien que vous aimez vous taquiner et vous faire des coups pendables, les garçons, mais vous n'êtes pas méchants.

"Les garçons!" Pareille comme s'ils étaient encore des enfants. Illium dû admettre que ces remontrances affectueuses le ramenait à de meilleures dispositions. Il n'était pas en colère contre Aodhan du tout, bien que ce soit plaisant de le croire. Sharine poursuivit, connaissant bien son fils:

Encore cinq minutes! (en relecture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant