𝓒𝓱𝓪𝓹𝓲𝓽𝓻𝓮 𝓱𝓾𝓲𝓽

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En ouvrant les yeux, le lit est vide à côté. Tévy est levé est visiblement depuis longtemps, car plus aucune chaleur n'occupe sa place. Je me lève à mon tour et parcours la chambre.
Tévy ne se trouve nul part.
En regardant mon portable, je me rends compte qu'il est très tôt. Cela m'étonne, Tévy n'est pas matinale.
J'enfile une tenue à la va-vite et sors de la chambre. Les couloirs sont silencieux. Je descends à l'étage du dessous, là où se trouvent les chambres de mes nouveaux amis. Je colle mon oreille à chacune des portes, mais aucun son ne me parvient. Je n'ai pas l'intention de les réveiller pour si peu, ils ont déjà fait beaucoup pour nous.

Je descends cette fois au rez-de-chaussée.

Personne

Je m'approche de l'accueil.

- Bonjour

Le réceptionniste s'avance vers moi, le plus proche possible de la vitre pour mieux m'entendre. .

- En quoi puis-je vous aider mademoiselle ?

- Je loge au troisième étage chambre 303 avec une amie. Je n'ai pas vu celle-ci depuis ce matin. Je voulais savoir si vous l'aviez vu ?

L'homme roux me dévisage.

Me rendant compte qu'il ne sait sûrement pas de qui je parle, je reprends :
- C'est une grande brune, yeux marron en amande, les épaules assez carrées.
Il se gratte le menton.
- Il me semble avoir vu quelqu'un qui correspond à votre description sortir. Une jeune femme accompagnée d'un jeune homme.
J'ouvre de grands yeux.
- Un jeune homme vous dites !
- Oui, un blond, plus petit qu'elle. Ils ont pris vers le sud.
Thomas, me dis-je immédiatement. Mais pourquoi serraient ils sortit aussi tôt et sans prévenir ?
Je fais demi-tour, mais me retourne vers l'homme de l'accueil.
- Je vous remercie, excellente journée.

Il souffle une réponse, mais je suis déjà trop loin pour l'entendre. Je monte les marches deux par deux pour me retrouver immobile devant trois portes quelques minutes après.
Qui dois-je questionner ?
Je ne sais même pas si Thomas à parler de cette escapade à quelqu'un et si oui, je ne sais pas à qui. Ils dorment tous et je ne veux pas les réveiller tous les trois.
À qui dois-je me confier ?
Je reste planter là un long moment, laissant mon regard osciller de portes en portes.
Choisis bon sang, choisis !
Les grandes décisions, ça me rappelle celle que j'ai faite la veille. Damiano avait raison, trop penser nous embrouille l'esprit.
Damiano

Sans plus attendre, je me dirige vers sa porte et toque avec énergie. Je frappe trois coups secs. Pas de réponse. Je retoque, avec plus d'insistance cette fois. Au bout d'un moment qui me semble interminable, la porte s'ouvre enfin et je déboule dans la pièce avant d'y être invité. Je me tourne vivement vers Damiano. Il est à moitié endormi, ses cheveux sont en bataille. Un cendrier rempli gît au centre de la table du salon.
- Willow ? Qu'est-ce que tu fais là à cette heure, et tout habillé en plus ?
Je ne relève pas la fin de sa phrase, j'attribue ça à un réveil brutal et également au fait que le soleil soit à peine levé.
- As-tu vu Thomas ce matin ? Ta-t-il appeler ou parler de quoi que ce soit ? Tévy, est-elle venue ? Ou a tu entendu Thomas ce lever ?
Des dizaines d'interrogations se bousculent dans ma tête et se précipitent aussitôt vers mes lèvres. Je ne peux pas les retenir, elles m'échappent.

- ça fait beaucoup de questions bien trop tôt le matin, tu ne crois pas ?
Je le fixe, incapable de réagir. J'ai beau avoir parlé avec toute la panique dont je suis capable, lui, il me répond simplement qu'il est tôt !
Il s'approche de son lit pour enfiler un tee-shirt. Je n'y avais pas prêté attention avant, mais Damiano était pratiquement nu quand je suis arrivé. Il portait un simple boxer noir, sans détail de marque.
Je tourne instinctivement la tête. Je l'entends rigoler puis il s'approche. Il prend place à la table et allume une cigarette.
- Alors, quel est le problème ?
Je le regarde un moment, la fumée de sa cigarette parvient à mes narines et me fait toussoter.
- Le problème, c'est que Tévy est partie, et avec Thomas visiblement !
Il rit.
- Tu trouves ça drôle ! Ils ont disparut. Je suis allé à l'accueil et le réceptionniste m'a dit les avoir vus partir ensemble !
- Willow, Willow, Willow.
Je suis excédé par son manque de sérieux. Je le regarde se moquer de moi avec des yeux ronds. La sueur perle presque dans mon dos. Mes longues mèches châtains sembles poisseuses contre mes tempes. Je sens que mes yeux clairs sont sur le point de ses révulser.

- Quelle est la première chose que tu ai faite en remarquant qu'elle n'était plus là ?
Sa question me surprend, mais je lui réponds tout de même le plus calmement possible.
- Et bien, j'ai fouillé la chambre puis je suis descendue à la réception pour ensuite remonter et venir te solliciter.
Cette fois, il éclate de rire.
Je me sens un peu vexer, je viens quémander son aide et lui se moque.
- Il n'y a absolument rien de drôle, je m'énerve.
Il relève la tête et sèche une larme au coin de son œil.
- Je comprends enfin pourquoi tu n'aimes pas prendre de grandes décisions.
Je me détourne vers la sortie, consciente qu'il ne me serra finalement d'aucune aide.
Avant que je ne franchisse le seuil, il reprend :
- Tu as peur, et tu réfléchît beaucoup trop. Tu stress tellement que tu oublie l'essentiel. Tu me fais penser à Vic et surtout...
Il fait une pause et écrase sa cigarette.

- Enfin, Willow, tu ne crois pas avoir réagi un peu excessivement ?

- Je...
- Quand tu as appeler Tévy, il y a eu une sonnerie ou rien ?
- Et bien...
Il s'est levé et croise désormais les bras.
- Pour tout dire, il se pourrait que je ne l'aie pas appelé.
Je me sens soudain bien bête, j'ai été prise de panique et j'ai complétement ignoré l'option du coup de fil.
- Je le savais poursuit Damiano avec un sourire, tu oublies l'essentiel quand tu stress, ce qui visiblement arrive trop souvent.
Je m'affale sur la chaise où il se trouvait quelques secondes plus tôt, je sors mon téléphone et compose le numéro de Tévy. Une sonnerie, deux... Quelqu'un décroche.
- Allô, dis-je en première

- Willow, c'est toi ?

À ma grande surprise, ce n'est pas Tévy qui me répond, mais Thomas.
- Thomas ? Où est Tévy ?
- Oh, soupire-t-il, au fond de la boutique, je crois. Non, en fait, elle est dehors.
- Mais où êtes vous ?
- Et bien (il semble buter sur les mots) Tévy est venue me réveiller tôt ce matin, elle avait dans l'idée de faire un cadeau commun pour fêter ta décision et donc l'année à venir. ça fait au moins une heure qu'elle me fait courir un peu partout. Quand tu as dit que tu étais son cobaye volontaire, je ne comprenais pas mais maintenant, je regrette d'en avoir saisi le sens.
Il rigole.
- Oh elle revient, je te laisse et ne t'inquiète pas, je vais essayer de l'empêcher de dévaliser toute la ville.
Sur ce, il raccroche.
Je pose le téléphone sur la table sous le regard amusé de Damiano.
- Alors, il y a un mort ?.
- Très drôle Dam !
Je me repris vite.
- Enfin Damian...

- Dam, c'est bien me coupe-t-il, on va passer un temps plutôt long ensemble alors autant se donner des surnom, tu ne crois pas ?

J'acquiesce simplement.
- Alors, qu'a dit Tévy ?
- C'est Thomas qui a répondu je m'empresse de dire pour m'empêcher de rougir. Apparemment, Tévy la réveiller pour une histoire de cadeau, ils reviennent bientôt.
- Alors, y avait-il vraiment de quoi s'inquiéter ?
Je détourne les yeux. Cela veux tout dire.
- Ne t'en fais pas Will dit il comme s'il percevait ma honte, j'étais comme toi avant tu sais.
Il prend place face à moi pour me forcer à le regarder.
- Des émotions, on en ressent tous, ce qu'il faut, c'est savoir les contrôler.
Je ne peux qu'admirer son ouverture d'esprit et sa maturité.
Je me sens d'un coup moins morose. Damiano à raison, je dois contrôler mes émotions avant qu'elles ne me contrôlent !

- Le problème, c'est que je suis souvent dépassé.
- J'étais pareil, mais tu verras, avec le temps, tu y arriveras. Maintenant, si tu veux bien, je vais retourner me coucher.
- Oh oui, évidemment.
Je me lève et me retourne une dernière fois. Damiano est à moitié sous ses draps, les yeux clos.
- Merci pour tout
Je l'ai dit si bas que je ne pense pas qu'il l'ai entendu, je passe sa porte et la pousse doucement.
Je ne pense pas pouvoir me rendormir. Toute cette angoisse inutile à réveiller en moi une vitalité qui m'était inconnue. Je descends donc au petit salon dans l'espoir de trouver de quoi me divertir en attendant le retour de mes amis. En plus, je serrais la première à accueillir quand ils reviendront.
Je suis en bas en moins de temps qu'il faut pour le dire. Je passe une nouvelle fois devant le réceptionniste qui me fait un signe de tête. Je pousse la lourde porte du salon privé qui s'ouvre en grinçant. En entrant, je m'attends à tout sauf à ce qui se trouve devant mes yeux. Sur le petit canapé noir, Ethan est allongé et semble dormir paisiblement.


Tout naît des flammes...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant