Je déambule dans un couloir, tout est blanc. Les murs, le sol. Pas de fenêtre. Mes cheveux détachés lévitent au dessus de ma tête, en baissant les yeux, je me rends compte que je suis nue. Au loin, j'entends une voix qui m'appelle, je cours pour la rejoindre. Je m'essouffle, je me brise la voix en questionnant en vain un interlocuteur. D'un coup, une silhouette apparaît, suivit d'une deuxième et d'encore une autre. Je les connais toutes, je les aime toutes. Cinq corps me font désormais face. Je les fixent avec toute l'incompréhension dont je dispose. Ethan, Damiano, Victoria, ma mère et mon père. Leurs cinq silhouettes sont pales, presque autant que la blancheur de leurs tuniques. Elles bougent et forment un cercle autour de moi, elles tendent les bras et murmure en cœur: «Tu es mauvaise Willow, nous allons te le faire payer. Tu t'es servie de nous Willow, tu vas le regretter. » Elles continuent inlassablement de prononcer ses deux phrases tout en se rapprochant de moi, leurs mains me touchent, leurs ongles me lacèrent. Mon corps si pale devient un drapeau, rouge, plus rouge que l'aube. Je ne peux pas me libérer, je ne peux pas crier, je suis écrasé sous leurs poids, mon étreinte corporelle se meurt sous leurs coups.
- STOP ! STOP !
J'ouvre les yeux d'un coup. Je m'assois en poussant un cri. La sueur dégouline de mon visage, la fine chemise de nuit prêtée par Victoria est devenue comme une seconde peau. Je place mon visage entre mes mains tremblotantes, j'essaye de retenir des sanglots.
- Will ! Will qu'est ce qu'il y a ?
Je sens le corps de Victoria se presser sur le mien, je sens ses bras encercler mes épaules.
- Ce n'est rien, c'est un cauchemar Will, tout va bien, c'est fini.
Victoria me berce tendrement, elle commence à fredonner quelques notes. Sa voix m'apaise, elle calme mon larmoiement qui était en train de m'étouffer. Je toussote maladroitement en me redressant. Victoria allume la lumière de sa chambre. En tournant la tête vers le miroir, je découvre mon visage rougi et bouffis par les larmes. Mes yeux sont gonflés.
- Willow, tes bras !
Je me détourne de mon immonde reflet et baisse les yeux. J'ai les avant-bras ensanglantés, lacérer par des marques d'ongles. Voyant que Victoria fixe mes blessures, je range mes bras derrière mon dos.
- Mais enfin Will, pourquoi t'es tu...
- Cela m'arrive souvent, ne t'en fais pas.
Je me lève doucement du lit sans regarder Victoria, son regard terrifier me rend honteuse. Je me dirige vers la salle de bain et pousse silencieusement la porte. Je me regarde une seconde fois dans le miroir, la honte s'empare de moi, les sanglots reprennent. Je saisis une boite de mouchoir que je vide à moitié, je prends plusieurs bouts de papier et je commence à éponger mes plaies. La porte s'ouvre et manque de peu de claquer, Victoria déboule dans la pièce, un regard effrayé poser sur moi.
- Mais enfin Will, à quoi à tu pensais ? Tu te mutiles dans ton sommeil ! Tu te rends compte que tu aurais pu te blesser bien plus gravement, tu aurais pu te tuer et...
- Je sais.
Je me laisse tomber au sol, dos à la baignoire. Je fixe le par terre, plus honteuse que jamais. Mes larmes viennent s'écraser sur le carrelage, formant de petites flaques. Plus personne ne parle, je sens des yeux poser sur moi mais je n'ose pas les défier. Victoria a raison, j'aurais pu gravement me blesser. Je l'entends soupirer, elle s'accroupit pour être à ma hauteur. Elle pose ses mains sur mes genoux.
- Je suis désoler Will, je ne voulais pas m'énerver. C'est juste que tu m'as fait peur, que t'est t'il passer par la tête ?
Au prix d'un effort insoutenable, j'ose croiser son regard. Mes larmes me brouillent la vue mais le bleu de ses yeux m'apparaît très nettement.
- Tout à commencer après la mort de mon père, j'ai commencé à faire des cauchemars. Je ne pouvais pas passer une nuit sans me réveiller en criant, le corps meurtri. J'ai consulté et on m'a diagnostiqué des troubles du sommeil agressif rare. Ils se caractérisent par des cauchemars répétitifs et des violences dans le sommeil qui comblent inconsciemment le mal-être et la culpabilité ressentit par le patient. Après le diagnostic, j'ai commencé à m'empêcher de dormir pour éviter de me blesser, je suis vite devenue insomniaque, dormir était devenu pour moi un cauchemar au sens propre. Ce cirque à durer une année environ, puis ça s'est calmer tout seul. Mes troubles ont disparu un temps quand je vous ai rencontré, ce soir, c'est la première fois depuis l'incendie au concert que mes cauchemars reviennent.
Victoria m'a écouté sans broncher, elle ne m'a pas non plus quitté des yeux une seconde. Je continue à pleurer en silence tout en me remémorant mes traumatismes passés.
- Oh Will.
- Ça va Vic, je t'assure que...
Avant que je ne puisse terminer ma phrase, Victoria place une main sur ma joue et dépose un baiser sur mes lèvres. Son geste me prend de court. Sa bouche s'appuie rageusement sur la mienne. Victoria me tient comme si, d'un instant à l'autre, je pouvais disparaître. Je ne lui rends pas son baiser mais je ne me détourne pas non plus. Je suis trop étonnée pour bouger ne serait-ce qu'un doigt. Son étreinte se fait plus serrer tandis que sa bouche se détache de la mienne, elle détourne la tête pour cacher son menton derrière mon épaule. Nous restons enlacer ainsi un temps long. Je ne dis rien, toujours sous le choc de ce qu'il vient de se passer. Victoria elle, se contente de me serrer. Je ne sens plus la douleur sur mes bras, le mal semble s'être dissipé. Mon cauchemar ainsi que les paroles de Nica me reviennent en tête.
« Tu es mauvaise » « Ne lui brise pas le cœur » « Tu te sers de nous »
L'écho de ces mots me fait frissonner.
- Victoria... je réussi à articuler.
- Je suis désolée, excuse moi.
Je prends ses épaules dans mes mains pour la forcer à reculer. Son visage larmoyant me rappelle celui qu'elle arborer à l'hôtel après une interview.
- Mais pourquoi as tu...
- Parce que je suis amoureuse de toi me confie Victoria sans vaciller. Le jour ou Damiano t'a emmené dans ma chambre pour que je te rende présentable, tu as dit une phrase qui a tout changé. Tu m'as spécifié « Elle fait partie de moi désormais, il faut que je commence à l'aimer » en parlant de ta blessure. Je souffre de bipolarité Will, et j'aurais aimé l'accepter aussi facilement que tu la fait pour ta tête ce jour là. Dès l'instant où tu as dit ses mots, j'ai su que tu étais la personne la plus forte que j'ai eue l'occasion de rencontrer. Tu me la prouver au fil du temps, en me racontant pour ton père, pour Damiano et tu viens de le refaire. Tu as une façon d'encaisser impressionnante, j'aimerais être doté d'un tel courage.
Je l'écoute déblatérer ses éloges, je ne peux pas croire ce que j'entends, et surtout, je ne peux l'accepter. Tévy avait raison, depuis le début et j'ai été trop modeste pour oser la croire. J'ai toujours eu une si piètre opinion de moi que je n'ai pas pu concevoir que Victoria, Ethan et Damiano était tous trois amoureux de moi. Ça me paraissait improbable et surréaliste. Et pourtant... J'ai passé une nuit avec Damiano que j'avoue avoir regretté mais que malgré tout, je n'arrive pas à oublier. J'ai fait l'amour avec Ethan et je crois que c'est la chose la plus douce qu'il m'est était donner de faire. Et Victoria vient de m'embrasser et pour une raison inconnue, je ne peut pas lui en vouloir. Une hypothèse démente me vient à l'esprit, je la repousse, je l'enfouis, mais quand mes yeux recroisent ceux de Vic, je ne peux plus la nier. Je suis amoureuse, amoureuse de Damiano, amoureuse d'Ethan et amoureuse de Victoria. La folie de ma spéculation m'entraîne dans une irrésistible tentation, je saisis à mon tour le visage de Victoria et je l'embrasse avec fougue. A cet instant, je ne pense pas aux conséquences, pas à mes actes. Je ne pense qu'au fait que je suis en train d'embrasser la seule fille que je n'ai jamais aimé.
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Tout naît des flammes...
FanficÀ Rome pour un concert, les choses tournent mal et la vie de Willow prend très vite un nouveau tournant. Des choix difficiles lui seront proposés, des dilemmes vont lui être exposés. Malgré l'irréalité de la...