Chapitre 14

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Le lundi de la rentrée, contre toute attente, Bébé ne se plaignit pas du réveil matinal. Amé s'en félicita, faisant remarquer à Jules qu'elle ne l'avait pas obligé à se coucher tôt pendant les vacances en vain.

Le garçon ne s'en montra cependant pas plus motivé à se rendre au lycée. Alors que son bus traversait la rue, il commença son sport du matin ; une tartine entre les dents, il courut à son arrêt. Une fois celui-ci rattrapé de justesse, il admira le paysage urbain défiler sous ses yeux. Il pleuvait ce jour-là. L'eau glissait sur les toits pointus et les carreaux des voitures.

Un quart d'heure de trajet plus tard, Jules retrouva le lycée. Luna l'attendait contre le mur rouge de l'établissement. Malheureusement, Arthur aussi. À croire que la confiance l'avait envenimé.

— Salut, mon Jules !

Le garçon répondit à sa meilleure amie d'un geste de la main. À son rival, un "bonjour" marmonné suffit. Il s'empressa de revenir vers Luna, avant d'être dérangé.

— Au fait Jules, l'interpella Arthur, je crois que c'est à toi.

Sans doute que si Luna n'était pas là, il l'aurait royalement ignoré, mais le garçon dû se retourner vers Arthur. De son sac tout plat, ce dernier sortit une forme cylindrique, rouge à rayures noires : la trousse de médicaments de Jules. Il le lui tendit, un quart de lune sur les lèvres. Le brun l'attrapa et lui échangea un petit "merci" honteux.

— Super, Arthur ! le remercia Luna plus chaleureusement. Le têtu est resté trois jours sans médicament parce que Monsieur n'osait pas venir la récupérer.

— Vraiment ? Mais il ne fallait pas hésiter, enfin !

Ce fut plutôt de lancer un regard noir à son amie que Jules n'hésita pas. Entre gêne et irritation, il se tourna vers Arthur. Dans le regard du plus grand garçon, le brun le chercha, cet éclair d'animosité qui crépitait entre eux. Il le chercha, et chercha encore, mais... Où était-il ? Ce ne pouvait être de la gentillesse qu'il croisait dans ses yeux noisette, impossible ! Il cachait simplement parfaitement son jeu, voilà tout.

Impatient, mais également trempé par la pluie, Jules proposa à son amie de se rendre à leur premier cours. De quoi enfin retrouver la tranquillité, loin d'Arthur... Sauf que non : celui-ci les suivit ! Jules traînait des pieds, et une fois le trio arrivé devant la salle d'Histoire, le châtain resta un instant avec Luna.

Il ne pourrait pas rejoindre sa classe, plutôt !

Jules partit saluer Lucas et Manon, non sans oublier de jeter quelques regards indiscrets à sa meilleure amie. Il le regretta aussitôt qu'Arthur vola un peu de salive à Luna. L'abruti la quitta juste après, le sourire aux lèvres. Luna, elle, rejoint son ami dans la salle d'Histoire, où Monsieur Baert avait sorti le bout de son nez pour les inviter à rentrer.

La matinée, Jules garda son sérieux exemplaire le long de sa série de cours. Mieux valait profiter de la lumière du tableau tant que Bébé ne s'en plaignait pas. Peu avant midi, les notes du dernier contrôle de maths furent distribuées. Un dix-huit pour Jules : bien. Restait encore à attendre les résultats de chimie cet après-midi. À côté de lui, Luna s'extasia de son quatorze.

Elle en parla encore dans les couloirs pour se rendre à la cantine. Après ses sauts de joie, la tension soudain monta ; Jules se confia :

— Mon père a reçu un message de ma grand-mère pour la nouvelle année. Il n'a même pas voulu répondre...

— Vraiment ? Mais qu'est-ce qui s'est passé entre eux pour en arriver là ? s'étonna la jeune fille.

— Va savoir... Depuis la lettre de Noël, je pense souvent à parler à ma mamie, mais mon père n'a pas voulu me donner son numéro.

Un bébé dans la têteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant