15- Deux nouveaux départs

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« Tu as la technique, une motivation limite excessive, et surtout l'œil assez affûté pour observer tout ce qui t'entoure... mais tu ne vois pas tes coéquipiers ! »

Pâtisserie Croisée. Tokyo.

Ils s'étaient donné rendez-vous en fin d'après-midi. L'un venait de terminer son premier jour de formation et l'autre un match amical. Sur le chemin, ils avaient réussi à tenir des conversations normales en se racontant chacun comment s'était passé sa journée.

Depuis qu'ils s'étaient mis à table, ils n'avaient plus échangé un mot.

Même Osamu semblait avoir perdu l'appétit en regardant l'assiette de gaufres et sa tasse de café. Suna était silencieux.

— Rin... Se lança-t-il enfin. Je-
— Mieux vaut qu'on arrête maintenant. L'interrompit Rintaro.

Osamu releva vivement la tête pour faire face au visage désolé de Suna. La réalisation de l'avoir fait souffrir était douloureuse. Suna s'efforçait de garder le sourire alors que, des deux, il devait être celui qui en souffrait le plus.

— Osamu... J'ai l'impression que tu es toujours un peu mal à l'aise à mes côtés. On était bien plus proches lorsqu'on était juste amis.
— Non, je...
— Pour être honnête, je ne m'attendais pas à ce que tu acceptes de sortir avec moi. Mais tu l'as fait. Et tu as essayé de m'aimer en retour. Ça m'a vraiment touché.

Mais ça l'avait aussi fait souffrir. Le fait qu'Osamu s'était habitué à faire semblant d'être gentil ne l'avait pas aidé à être honnête envers Suna et envers lui-même.

Il était bien plus horrible qu'Atsumu.

Des larmes menaçaient de s'échapper des yeux d'Osamu. Mais il n'avait pas le droit de pleurer. Pas devant Suna.

— Je suis désolé, Rin...
— Hey, c'est moi qui suis en train de rompre avec toi, tu n'as pas à t'excuser.

À la sortie de la pâtisserie, ils devaient chacun emprunter un chemin différent. Osamu ne voulait rien ajouter de plus, sachant que ce devait déjà être assez difficile pour Suna.

— Osamu, est-ce que je peux... t'embrasser une dernière fois ?

Sans hésitation, Osamu lui sourit tendrement en hochant la tête. Suna se rapprocha et déposa une main sur sa joue. Son visage s'approcha doucement et il scella leurs lèvres affectueusement.

— Merci d'être sorti avec moi, Osamu.

***

Atsumu et Kiyoomi, comme à leur habitude, rentraient ensemble le soir. La journée avait été longue pour eux deux.

Ils s'étaient efforcés de nouer des liens avec les autres membres de l'équipe de volley. Ils n'avaient pas accompli des miracles, mais avaient réussi à discuter — presque — normalement avec deux autres joueurs en première année.

Juste une petite discussion qui pouvait paraître assez anodine pour certains, mais qui leur avait demandé beaucoup — beaucoup — d'effort. Aucun des deux n'allait se l'avouer, mais chacun était heureux d'avoir eu l'autre avec lui. Ça aurait été plus compliqué tout seul.

Mais la journée n'était pas encore terminée pour Atsumu. En voyant les lumières de son appartement, il devait encore supporter son frère qui venait de rompre avec Suna. Il n'aimait pas ça, mais il devait le faire pour tous les moments où il s'était plaint, et les futurs moments où il continuerait à se plaindre, auprès d'Osamu.

Lorsqu'il rentra dans son appartement, Osamu était en train de cuisiner. Essayant sans doute de se changer les idées pour ne pas trop déprimer.

— Je t'imaginais en train de pleurer devant un film à l'eau de rose en étant entouré de mouchoirs en papiers et un pot de glace à la main.
— C'est le cliché des lycéennes désespérées des séries américaines. Ne me fait pas rire.
— Si tu le dis. Fit Atsumu en rangeant un énorme pot de glace dans son réfrigérateur. Je le laisse-là au cas où.
— Quitte à me ramener quelque chose, tu aurais pu prendre un truc alcoolisé. L'autre truc cliché à faire après une rupture c'est de se bourrer la gueule jusqu'à l'aube.
— Les sportifs ne boivent pas... normalement.
— Mais tu manges quand même n'importe quoi...

Two monsters || Haikyuu !!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant