Réparations

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« Fin de l'épreuve dans deux minutes », énonça Herman Zergrand, le professeur d'aérodynamique.

Les élèves penchés sur leurs mnémotiques d'examen s'activèrent frénétiquement pour conclure ou grappiller quelques points sur les dernières réponses. À la fin du temps imparti, les supports se volatilisèrent. Un garçon poussa un petit cri de frustration alors qu'il achevait son ultime mot sur le bois de sa table. La classe, doucement, s'agita et sembla s'éveiller d'une longue léthargie. On s'étirait, on parlait avec le voisin d'à côté.

« C'est terminé. Mesdemoiselles, Messieurs, je vous dis à demain pour le mécartifisme théorique. Révisez bien et reposez-vous ! » conclut Zergrand en frappant dans ses mains.

Les élèves se levèrent et se dispersèrent dans un joyeux brouhaha. Ils avaient passé la journée en devoir sur table et se sentaient tous soulagés d'en avoir enfin fini avec l'aérodynamisme, la matière la plus redoutée du trimestre. Naola rangea ses affaires et sortit dans le couloir avec le gros de l'assemblée, échangeant ses impressions avec ses camarades.

« Alors, comment ça s'est passé ? demanda Naola à Seda, installée sur au bureau voisin.

— J'ai séché sur la question huit, mais à part ça, ça va... dit-elle avec une adorable grimace.

— Le sortilège d'inversion des fluides, ils sont vaches de nous avoir mis ça, intervint Teija sur un ton outré. C'est limite un problème d'enchantement. Si tu ne connais pas le sort, tu ne peux pas trouver la solution... »

Les deux adolescentes hochèrent la tête en prenant la direction des dortoirs.

« Vous venez à l'étude, pour une dernière révision de méca, après manger ? demanda Seda.

— Ce soir je ne peux pas... j'ai déjà un truc de prévu, répondit aussitôt Naola

— Un truc de prévu pendant les examens ? s'étonna sa camarade.

— Oui, je sais, ça tombe super mal », grogna la jeune fille, l'air désolé.

Plusieurs mois s'étaient écoulés depuis l'ultimatum de Viickhel et Naola s'appliquait à être la plus exemplaire possible durant le temps scolaire. Ses absences injustifiées lui avaient valu, en plus du sermon de la lieutenante, un blâme et plusieurs heures de colle. La Terrrible et ses autres professeurs se montraient intraitables avec l'adolescente qui accumulait une fatigue certaine. Elle ne s'en tirait pourtant pas trop mal : son équipe avait remporté les deux premières courses de la saison et, si la jeune sportive ne s'était pas vraiment détachée du lot lors de ces compétitions, elle s'était assez bien débrouillée pour que sa place au sein de la sélection principale ne soit plus remise en question.

Ce soir, cependant, elle ne pouvait se dédouaner du service au pub : la lune était pleine et Mordret avait besoin d'elle. Les vacances du solstice d'hiver débutaient à la fin de la semaine, elle aurait le temps de se reposer à ce moment-là.

Teija, derrière elle, lui attrapa le bras et l'arrêta. Le reste du groupe prit les devants sans y prêter attention.

« Tu vas travailler à Stuttgart toute la nuit, c'est ça ?

— Oui, répondit-elle légèrement sur la défensive

— Mais l'épreuve de demain est coef huit ! Tu devrais annuler, juste cette fois !

— J'ai un contrat, Teija, ça ne s'annule pas comme ça, tu sais...

— Bah, dis à ton patron que tes études passent avant. Tenir ce bar c'est un petit boulot, l'école c'est pour ton vrai métier, c'est quand même plus important !

Bienvenue au Mordret's Pub - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant