Le foyer

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S'échiner une heure durant sur un mécartifice juste avant un examen de mécartifisme, ça n'était pas si bête. Vers la fin des trois heures de devoir, Naola luttait pour ne pas s'endormir, mais à part cela elle se sentait satisfaite. Elle s'étira de toute sa hauteur en sortant de la salle de cours, un petit sourire aux lèvres, fière d'elle.

Elle enchaîna ensuite par un entraînement au vol avec le reste de son équipe. Si elle ne refusait jamais une occasion d'être sur son hexoplan, Naola, ce jour-là, se serait bien passée de ces trois heures à répéter, encore et encore, les mêmes exercices.

L'air frais aura au moins le mérite de me réveiller, songea-t-elle en s'élançant aux côtés de Seda. Les deux amies s'entraînaient sur un obstacle en forme de nasse qui les obligeait à se coordonner pour le franchir ensemble.

La prochaine course aurait lieu juste avant les vacances et toute l'école était en ébullition. S'ils parvenaient à mettre suffisamment de points lors de la compétition, leur formation pouvait s'assurer la victoire du championnat, et avec elle leur passage en division supérieure.

Naola, qui prenait pourtant le départ dès la première manche, peinait à partager l'excitation du reste du groupe. Trop fatiguée pour réussir à appréhender quoi que ce soit, elle observait ses amis s'impliquer dans leur préparation avec une impression de décalage à laquelle elle s'efforçait de ne pas prêter attention. À quoi bon s'inquiéter pour une course, quand on servait à boire à des vampires trois nuits par semaine ?

« Nao ! Attention ! »

L'adolescente, peu concentrée, réagit avec une seconde de retard : le filet qui lui tombait dessus et qu'elle aurait dû esquiver sans mal heurta l'arrière de son hexoplan. Le piège lesté de plomb s'emmêla autour de la carlingue alors que l'engin déséquilibré exécutait un superbe soleil qui propulsa sa pilote au loin.

Naola s'écrasa une vingtaine de mètres plus loin, au milieu d'un buisson de ronces. Son équipement de vol la protégea du choc, mais pas des épines.

« Bouse de pandricorne ! »

L'entraînement ainsi interrompu se termina devant l'armoire à pharmacie d'urgence des vestiaires. Teija aida Naola à appliquer un sérum régénérant sur le nombre impressionnant de petites griffures qui zébraient ses bras et son visage.

« Je me repose encore un peu et je vous rejoins pour manger, souffla la blessée, allongée sur l'un des bancs. Merci de ne pas avoir prévenu Mercjick.

— T'es sûre que ça va aller ?

— Oui y a déjà presque plus rien. »

Une fois seule, Naola se redressa, huma l'air, ferma les yeux et poussa un soupir. Elle aimait l'odeur des vestiaires, mélange de bois ciré, de métal et de sueur. Le soleil de midi filtrait à travers les vitres hautes de l'édifice et striait le dallage de rais de lumière vive. La grande salle déserte et silencieuse apaisait la jeune fille qui s'accorda quelques instants de repos.

Les sérums de soin avaient totalement fait disparaître ses plaies lorsqu'elle se remit en mouvement. Elle jeta un petit sortilège pour s'assurer qu'elle était bien seule dans le bâtiment et, comme c'était le cas, se dirigea vers le réduit qui faisait office de réserve.

Les étagères du cagibi débordaient de pièces détachées, d'écrous, de vis et d'outils en tout genre. Les élèves, encouragés à entretenir eux-mêmes leurs hexoplans, y avaient accès librement et pouvaient se servir sans restriction. Naola avisa plusieurs bidons alignés à hauteur d'yeux, trouva celui qui contenait le liquide de transmission et en versa presque la moitié dans l'une des bouteilles à disposition.

Bienvenue au Mordret's Pub - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant