Bienvenue au Mordret's Pub - Tome 2

Les petits mensonges

« Rassure-moi, Nao, tu viendras bien aux entraînements, pendant les vacances ? » lâcha Seda avec un brin d'agressivité.

Le petit groupe d'amies s'était retrouvé dans leur dortoir afin de faire ses valises pour les congés du premier solstice. Teija et Josune, en pleine conversation de part et d'autre de leur lit, se turent brusquement, mal à l'aise. Naola, penchée sur sa malle de voyage, retint un soupir et leva les yeux au ciel. Seda avait été nommée capitaine pour le trimestre et elle prenait son rôle un peu trop à cœur : en plus des entraînements supplémentaires qu'elle imposait à son équipe, elle se permettait aussi un peu trop souvent d'adresser des remarques individuelles aux joueurs et joueuses.

« Oui, Seda, mercredi matin, jeudi soir, samedi matin, et le dernier dimanche toute la journée.

— C'est important avec la course qu'il va y avoir juste après la rentrée, insista la jeune fille.

— Je sais.

— T'es sûre ? Non, parce que vu que tu as loupé celui d'hier, je me demande si tu te sens vraiment concernée. »

Naola ferma sa valise d'un geste sec et se retourna vers Seda. Que répondre ? Maden avait eu une disponibilité imprévue et elle avait effectivement sauté la séance pour passer du temps avec lui. Elle s'attendait à se prendre quelques remarques, mais elle n'aurait pas cru Seda capable d'une confrontation aussi frontale.

« T'es raide, Seda : c'est le premier entraînement qu'elle loupe depuis le début de l'année, intervint Teija.

— Comme si ça n'était que ça, le problème, maugréa la capitaine.

— C'est quoi ton problème ? grogna Naola en croisant les bras.

— Mon problème ? Mon problème, c'est que tu fais le minimum, Nao. T'es douée en magie, tes notes en enchantement explosent le reste de la classe, t'as une puissance pas normale par rapport à ton âge... Tu t'appliquerais, tu serais la meilleure de l'équipe, t'aurais direct une place en équipe fédérale de réserve à la sortie de l'école, tu pourrais faire carrière, mais non. En vol, tu fiches rien. T'es distraite, tu fais pas gaffe aux autres : on ne peut pas compter sur toi tellement t'es inconstante.

— Seda ! s'interposa Teija.

— Laisse, si madame la capitaine pense ça, il faut éviter de contrarier madame la capitaine », articula Naola d'une voix glaciale.

Elle se détourna pour attraper ses bagages, mais Seda, hors d'elle, lui saisit le bras et l'obligea à la regarder.

« Je dis ça pour toi ! s'écria-t-elle. Merlin, c'est pas qu'en tant que capitaine que ça m'écœure de te voir agir comme ça ! En tant qu'amie, aussi, ça m'insupporte de te voir gâcher tes chances ! »

Naola lâcha un rire nerveux et repoussa violemment la jeune fille qui trébucha et tomba par terre.

« En tant qu'amie ! ? explosa-t-elle. Merlin, j'ai vingt-cinq heures de cours par semaine et neuf heures d'entraînement, comme vous toutes, sauf que moi, certains jours, quand vous passez votre soirée peinardes à vous remettre de vos courbatures, j'enquille sur une nuit de service, des fois jusqu'à quatre ou cinq heures du matin. Le weekend, quand vous vous faites des après-midi mnémotique et chocolat chaud, je passe le balai pour préparer la salle ! Et avec tout ça, il faut encore que je trouve le temps de réviser parce que je ne peux pas me permettre d'avoir de mauvaises notes, sinon Mercjick et les autres viendront me faire chier et je ne pourrais plus être indépendante. Alors ouais, j'ai manqué un de tes putains d'entraînements supplémentaires, et ouais, je suis crevée quand on vole ! Ne viens pas me dire que je ne fais pas d'efforts ! Est-ce que j'ai vraiment fait défaut à l'équipe une seule fois ? Dis-moi ? Donne-moi un exemple !