Aurore et Optium

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Maden entraîna Naola dans les méandres de Stuttgart jusqu'à déboucher non loin de la grande place. À la surprise de la jeune fille, ils pénétrèrent dans un petit bâtiment à la devanture de briques typique des plus vieux vestiges précataclysmiques. Un pareil édifice, avec ses techniques de construction archaïques et ses matériaux dégradés, nécessitait un entretien conséquent. L'endroit relevait donc soit de la propriété d'une riche famille sorcière, soit d'une dépendance de l'Ordre, soit du siège d'une quelconque instance du gouvernement...

À en juger par le guichet d'accueil derrière lequel se tenait un agent fédéral à la mine pas complètement réveillée, Naola opta pour la troisième possibilité, non sans une certaine perplexité. Elle vérifia que sa capuche cachait correctement son visage, cala son pas sur celui de Maden et fit comme si elle avait parfaitement le droit de se trouver là. D'ailleurs, le méca, lui, semblait tout à fait légitime dans sa démarche. Il lâcha un :

« C'est pour l'entretien, en sous-sol » à peine aimable au concierge en uniforme de l'armée.

Lequel lui répondit par un signe de tête aussi indifférent que peu avenant. Le jeune homme, trois couloirs plus loin, s'esclaffa :

« J'me doutais qu'ils laissaient entrer n'importe qui. Sont cons, ces fédés.

— On va au sous-sol ? », s'inquiéta Naola en dégrafant sa cape.

Une fois à l'intérieur d'un bâtiment, elle ne craignait plus d'être vue en compagnie d'un mécamage.

« Ouaip ! J'fais partie de l'équipe d'entretien... » précisa-t-il en s'arrêtant devant une porte bardée d'une impressionnante quantité de verrous.

Maden s'arrêta devant une porte bardée d'une impressionnante quantité de verrous et entreprit immédiatement d'ouvrir le passage, muni d'un non moins impressionnant trousseau composé de clefs humaines et d'artefacts de déverrouillage sorciers.

« Mais j'ai le droit de venir ? s'inquiéta Naola.

— Tant que tu restes avec moi, pas de problème, répondit-il avec un sourire franc. Après toi ! »

Il s'écarta pour révéler l'accès à un escalier dont les degrés plongeaient dans l'obscurité. Méfiante, la jeune fille lui jeta un coup d'œil par-dessus son épaule, puis s'engagea dans la descente. Après tout, dans un bâtiment fédéral, elle ne risquait sans doute pas grand-chose.

« J'te préviens, y a une sacrée volée de marches. »

Dix minutes plus tard, ils descendaient encore. Un sortilège lumineux accompagnait leur progression, dévoilant une cinquantaine de mètres de dénivelé, devant et derrière eux. Une légère brise artificielle ventilait le boyau et les rafraîchissait. Les deux jeunes gens auraient sans doute pu se montrer plus rapides, mais ils discutaient à bâtons rompus. Leur joyeuse conversation se répercutait sur les parois arrondies du tunnel.

« Depuis, Charm s'est plus pointée au pub », conclut Naola, heureuse de pouvoir relater ses mésaventures à quelqu'un d'autre que son inexpressif patron.

Maden siffla entre ses dents.

« Eh bhé, t'as pas choisi le boulot le plus facile, hé... et le gars, comment il va ?

— Niles ? Bien. Je l'ai croisé plusieurs fois cette semaine. Enfin, pas au pub, hein, mais comme il traîne souvent avec Lawrence... Il a juste passé la nuit à la Centrale et il est rentré chez lui, répondit-elle, évasive.

— Tu lui as sauvé la vie, quand même, remarqua le méca.

— ... J'avais pas vu ça sous cet angle-là. »

Bienvenue au Mordret's Pub - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant