Chapitre 54

563 86 80
                                    

Étalés dans le sable sur un plaid chaud, les deux amoureux admirent la voute céleste, confessant leurs souhaits aux étoiles les plus brillantes.

— Six heures... murmure Zhan. Il nous reste six heures...

— Ne compte pas.

Ne pas compter. Comment ne pas le faire lorsqu'il ne reste que quelques petites heures avant le début d'une si longue séparation ? Son cœur se serre, lourd d'un poids qu'il n'avait jamais connu auparavant. Est-ce donc cette souffrance qui l'attend ?

— Ge, on s'arrangera pour se retrouver dans la même ville et se retrouver dans un coin tranquille ou un hôtel, comme ce soir. Même pour quelques heures, le rassure Yibo, tout aussi affecté.

Un hôtel...

— Pourquoi ne pas aller à l'hôtel ? On en a juste derrière en front de mer, suggère Zhan en se redressant au-dessus de son visage.

— Tu veux dormir ? Tu peux dormir à l'arrière de ma moto si tu es bien accroché à moi, tu sais.

— En réalité...

Une autre idée teinte sourire de malice.

— Aiyo... petit pervers... s'amuse Yibo en l'attirant à lui.

— En fait, je pensais d'abord à autre chose...

Zhan examine la façade de l'hôtel cinq étoiles, le creux du poignet parsemé des doux baisers papillons de son homme.

— Tout ce que laopo veut, laopo obtient, susurre Yibo.

— Lao Wang...

— Hm ?

Le regard de Zhan se replonge dans le sien, gravé de tout son sérieux.

— Il est temps.

  

La porte s'ouvre sur les deux amants. Une chambre confortable, petite mais cosy. Nul besoin de lumière, la clarté de la lune éclaire la pièce à travers la large baie vitrée qui mène au spacieux balcon. Ils déposent leurs manteaux sur le fauteuil et Zhan se dirige vers elle pour aller prendre une bouffée d'air frais. Le dernier étage les gratifie d'une vue imprenable, plus près des cieux que de la terre. Il mentirait s'il niait son angoisse, elle est justifiée. Mais le moment est venu, avant le grand départ.

Fin observateur, Yibo remarque sa nervosité. Il pose ses mains sur ses hanches, par l'arrière.

— Ge, tu es sûr ?

Zhan se retourne pour lui faire face et glisse ses mains dans sa nuque.

— Plus que jamais.

Pour Yibo aussi, l'appréhension se fait sentir. Le désir de bien faire, de ne pas faire souffrir son compagnon, la connaissance de ses traumatismes et de leur situation, tout l'a toujours poussé à ne même pas y songer. Il n'y était pas autorisé. Jusqu'à présent.

— Wang Yibo, tu es le seul homme que je désire, dit-il en ressortant sa bague, enfouie sous son vêtement. C'est toi que j'ai choisi.

Sa détermination émeut Yibo. Il l'étreint avec la force de son amour, le nez niché dans son cou pour inspirer son odeur à plein poumon. Puis il laisse filer quelques baisers sur sa peau chaude, malgré l'air frais de l'hiver. L'envie s'éveille. Mais cette fois, elle est permise.

— Aussi longtemps que le soleil continuera de se lever, chuchote-t-il...

Zhan frissonne, ses mains tremblantes agrippent son dos. Il déglutit. Les paroles qu'il prononce d'une voix faible signent l'ultime approbation.

— ... Et aussi longtemps que la lune continuera de briller.

Les lèvres de Yibo glissent au creux de son trapèze. Sa bouche s'ouvre, ses dents se plantent.

Zhan sursaute et serre la mâchoire. La douleur est bien réelle, mais le symbole qui s'imprime sur sa peau supporterait tous les maux. Toujours sous l'emprise de son alpha, il recule d'un pas, fébrile, et heurte la rambarde en fer du balcon. Son cœur s'accélère, son souffle se raccourcit. Quelques gémissements lui échappent, à moitié souffrants. Mais terriblement érotiques. Yibo réagit aussitôt à sa sensualité. La bouche toujours collée sur sa peau, il glisse ses mains dans son dos dangereusement cambré par-delà la rambarde et les remonte jusqu'à maintenir sa nuque. Le vide menace derrière Zhan, exaltant, le sentiment de confiance atteint son apogée. L'abandon est total.

La jambe de son homme s'insère entre ses jambes pour appuyer sur sa zone sensible. Privé de tous mouvements, l'adrénaline croit ; ses sens sont exacerbés. Les sensations s'intensifient, entre douleur vive et concupiscence. Cette morsure-là est la soumission qu'il choisit. Et en cela, tout est à présent différent. Cette perdition-là est le lâcher-prise qu'il espérait tant connaître un jour. L'ultime marche vers une fusion parfaite.

Les dents de Yibo se décollent de sa peau sanguinolente. Il se lèche les lèvres et les déplace le long de sa gorge tendue. Sa pomme d'Adam ondule, masculinité fragile offerte à ses moindres désirs, à la chaleur et aux caresses de sa langue.

— Ge Ge... susurre Yibo, l'érection saillante et douloureuse. Je te veux, ici et maintenant.

A fleur de peau, Zhan faufile ses mains dans son jean et plante ses ongles courts dans ses fesses. Grognement de son mâle dont la lèvre se retrousse, découvrant le tranchant prédateur d'une canine. Le regard acéré, Yibo le retourne et lui baisse le pantalon à la hâte. Sa braguette ouverte, il écarte ses fesses et appuie son engin frémissant d'envie entre elles. Malgré ses ardeurs, il se retient et introduit deux doigts en lui. Zhan pousse un long gémissement et se cambre de tout son long, fermement accroché à la rambarde. La main droite de son amant appuie sur son dos pour le courber davantage. La moindre parcelle des formes voluptueuses de ses fesses bombées se dévoile. La vue ne saurait être plus alléchante.

Le torse contre le fer, agrippé à la barre, Zhan se délecte de ses massages. La pulpe de ses doigts caresse sa sensibilité, menaçant à tout moment par son toucher d'enclencher sa volupté. Une première pression le surprend, un frisson le traverse. Les suivantes le font se tendre de tous ses membres. Il frémit, les vibrations se succèdent aux creux de ses reins. Son organe se contracte, les spasmes de son orgasme le font décoller. Il plante ses dents dans sa lèvre à s'en blesser.

Le regard ivre, il saisit le poignet de son amant, l'heure n'est plus aux tergiversions. Les doigts de Yibo se retirent et ses mains se referment sur ses hanches. Son membre brûlant pénètre en lui sans jamais reculer, progression lente et assurée, achevée en son fond dans une pulsion sèche et agressive. Un gémissement aigu se libère de la gorge de Zhan. Ses jambes tremblent à chaque coup trop profond qui le transperce. Les griffures de son félin, étirées dans son dos, lui arrachent quelques cris étranglés. Son âme sœur le possède, tendre et sauvage, pour une toute dernière fois. Les larmes échauffent ses joues, par-dessus un sourire tremblant. Les douces vagues de ses émois le submergent. L'instant tisse son intensité à coups de longs va-et-vient, cadencé par des soupirs alanguis. Le plaisir gonfle leurs voiles.

Yibo attrape son bras pour le tirer et le maintenir à sa guise. Dans cette position, livré à la maîtrise de son amant et au danger du vide, le cœur de Zhan s'emballe. Sous ses yeux humides, l'horizon d'eau épouse la toile céleste et ses astres éternels. Panorama d'idylle.

L'adrénaline fuse dans ses veines. L'orgasme répond à son euphorie, se présente, vrombissant dans son ventre comme un fourmillement incessant. Grimpant entre chaque fibre, chaque cellule de son corps dans une série de vibrations cotonneuses. Cette apothéose appartient à son homme. Entre ses mains, l'abandon est une pleine extase. Sa voix timide se délie vers ses propres cieux, exprime toute sa jouissance en toute impunité aux endormis. L'obscurité s'imprègne de leurs parfums, érotisés par la fusion de leurs chairs enfiévrées.

L'espace s'égare, le temps du monde expire. L'univers ne réside plus que dans ce dernier instant d'Eden.

 

Derrière le masque Ω (𝑦𝑖𝑧ℎ𝑎𝑛)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant