Chapitre 56

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06. 55 am

— Laissez-moi entrer, bordel !

— Monsieur Wang, ce n'est pas l'heure de...

— Je vous jure que je vais vous faire payer ça, enfoirés. Si vous ne me laissez pas entrer...

— Wang Yibo, bonjour.

Le chef de la police ouvre les portes et se présente, placide. Il fait signe au gardien de retourner à sa vigie. Yibo le fixe, la rage au ventre.

— Ne me dites pas que vous l'avez déjà transporté ailleurs !?

L'homme le dévisage avec attention puis lève les yeux au ciel, presque déçu.

— Je suppose que vous êtes hors d'état de cause.

— Pardon ?

— Nous ne l'avons pas transféré. Venez avec moi.

Pressé, Yibo le bouscule pour le devancer sans connaître le chemin. Ensemble, ils quittent le hall pour s'engouffrer dans un long couloir jonché de cellules. L'atmosphère est tendue. Les agents courent un peu partout, à bout de nerfs, dès l'aube.

— Monsieur Wang, par ici, clame le chef, planté devant une grille ouverte.

Yibo fait demi-tour et fonce en direction de la cellule. En la découvrant, il fronce un air perplexe. Le blazer à motifs de Zhan git sur le lit de fortune. Il pénètre dans la petite pièce assombrie et tourne sur lui-même.

— Où est Xiao Zhan ? Vous avez dit que...

— Il s'est évadé.

Yibo reste bouche bée.

— Ev... évadé ?

Le chef entre à son tour, une profonde irritation dans la voix.

— Il s'est volatilisé dans la nuit. Sûrement ces maudits résistants... grommèle-t-il dans sa barbe. Nous avons tout fouillé et nous cherchons encore comment il a pu s'enfuir. Tout ce qu'il a laissé est sa veste et un bout de papier. Pour vous, vraisemblablement.

Il tend le papier replié à l'acteur et quitte la cellule dans la contrariété.

— Je vous attends dans mon bureau. J'ai quelques questions à vous poser.

Une fois seul, Yibo se retrouve dans une bulle. L'agitation dans le commissariat prend tout son sens. Il regarde autour de lui, hagard. Une inscription presque imperceptible l'interpelle sur le mur au-dessus de la couchette. Il redessine le tracé fin du bout des doigts et le déchiffre à haute voix.

王肖

— Wang Xiao...

Sa gorge se serre. Les mains moites, il déplie lentement la petite feuille. Son ventre se noue dès les premiers mots.

« A chaque soleil qui se lèvera, un croissant de lune sera pour toi.

Adieu, mon amour. »

Le souffle de Yibo se coupe. Entre deux respirations hachées, il presse une main tremblante contre sa poitrine comprimée, et tombe à genoux. Effondré.

Les larmes gouttent sur les précieuses lignes. Entre les murs, ses sanglots résonnent. Plaintes solitaires, déchirées et déchirantes.

Contre sa vie, leur perte. Sans retour.

Ses paupières se referment sur sa peine.

— Aucun océan ne serait suffisant pour te pleurer.

D'une voix larmoyante, il adresse aux cieux un dernier murmure endeuillé.

— Vis, mon ange... J'allumerai en ton nom tant de cierges qu'il y a d'étoiles.

 J'allumerai en ton nom tant de cierges qu'il y a d'étoiles

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Derrière le masque Ω (𝑦𝑖𝑧ℎ𝑎𝑛)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant