1957, 16 avril
Max avait ouvert lui-même après avoir guetté leur arrivée depuis l'une des fenêtres du salon. Madeleine n'était pas encore arrivée, et c'était mieux ainsi. Elle n'aurait sans doute pas compris sa décision de toute façon. Et il n'avait pas besoin qu'elle rajoute son grain de sel. La situation risquait d'être suffisamment déplaisante sans cela, car à voir la mine patibulaire des trois infirmiers qui se tenaient à présent devant lui, il douta que tout se passe aussi simplement qu'il l'aurait voulu.
Une tension déplaisante s'installa dès qu'ils mirent un pied dans la maison avec leur brancard. Le silence se peupla de bruits de pas lourds et de souffles rauques. Max espérait que les autres occupants de la maison resteraient dans leur chambre. Il voulait éviter un drame.
Ils arrivèrent devant la chambre au moment où Adela ouvrait la porte, valise à la main. Elle discutait avec Brune. Max n'avait pas pensé à l'enfant. Il s'empressa de dépasser les 3 colosses pour la prendre dans ses bras. Il aurait préféré qu'elle n'assiste pas au départ de sa grand-mère. Pas dans ces conditions en tout cas.
Adela s'était arrêtée et le fixait avec un air interrogateur sur le visage. Elle n'avait pas encore conscience que c'était sa liberté qui se jouait dans ce couloir. Ça n'est qu'une fois que deux des infirmiers l'aient priée de les suivre sans histoire en s'emparant d'office de sa valise qu'elle réalisa ce qui était en train de se produire.
— Que se passe-t-il Maximilien ?
— Ne m'en veux pas Adela ! C'est la meilleure solution, et tu le sais.
— Mais... que veulent ces gens ? Finit-elle par s'exclamer en tentant d'empêcher les infirmiers de l'empoigner pour la faire avancer contre son gré.
— Ils s'occuperont bien de toi là-bas. Tu vas guérir. Le docteur Barrère me l'a promis. Ils ont un traitement révolutionnaire. Tu verras !
— Mais de quoi parles-tu ? Je me fiche de ce que ton docteur Barrère a dit ! Je n'irai nulle part avec ces types ! Arrêtez !
— Arrête de lutter, Adela ! Tu dois les suivre !
— Pas question ! Tu entends ! Pas question ! Tu n'as pas le droit de me forcer à ...
— Si ! Justement ! J'en ai le droit ! J'en ai même le devoir ! Tu me remercieras après ! S'exclama Maximilien furieux de l'attitude d'Adela.
Le visage fermé et le regard froid, il se détourna d'elle et emmena Brune. Il ne se laisserait pas fléchir. Il ne perdrait pas Adela comme il avait perdu sa première femme devant laquelle il avait cédé. Il avait voulu croire qu'elle allait mieux. Par faiblesse. Et elle avait disparu. Mais cette fois ce serait différent. Adela ne mourrait pas. Elle s'était résignée mais pas lui. Il la sauverait malgré elle.
Adela n'arrivait pas à y croire. Par son entêtement stupide, Max, son époux si tendre et si doux, était devenu une bête froide et sans pitié. Il les mettait tous en danger en voulant l'interner de force. C'était trop. Encore une fois, elle se retrouvait à la merci de décisions qu'elle n'avait pas prises. Elle en avait assez d'être un pantin dont on ne respectait pas la parole. Elle n'était pas revenue pour ça. Il fallait que cela cesse. Si Maximilien pensait qu'elle obéirait sans faire de vague, et sans doute tablait-il sur sa maladie et la douleur pour l'empêcher de résister, il se trompait. Les cachets de Varna avaient fait effet rapidement. Adela ne comptait pas se laisser faire.
Elle se mit à hurler de rage en se débattant. Dans ce couloir étroit, sa voix résonnait, s'amplifiait, comblait chaque espace vide. Max s'arrêta avant de descendre l'escalier mais ne se retourna pas, laissant sa femme tempêter inutilement contre les trois brutes venues l'emmener.
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DEVOLATUS
Paranormal1957. Adela va mourir. Elle n'a pas 30 ans. Elle va laisser un mari qu'elle aime et une petite-fille qu'elle a promis de protéger. Elle est dévastée, mais n'a pas le temps de se perdre dans sa douleur. Le destin ou le sort en a décidé autrement. Par...