1957, 17 avril (fin d'après-midi)
« Si vous aviez été sous la protection des deux couronnes, ça ne serait jamais arrivé. »
Lord Batten ne cessait de rabâcher ses griefs devant les quelques sorciers de la Cour d'Écosse venus demander refuge et aide à la Cour de Galles et d'Angleterre. Il était atterré par les événements. La fuite d'Isha lors de la dernière assemblée, l'avait déjà passablement énervé. La mort stupide de Fergusson le mettait en rage.
Même si en y réfléchissant bien, il voyait là une opportunité inespérée à saisir. Grâce à cette maudite engeance qu'était les suceurs de sang, la Cour d'Écosse était désormais à portée de main. Le domaine de Fergusson était jonché de cadavres et les quelques sorciers qui avaient pu échapper à la férocité des diogonos, s'étaient dispersés. La délégation qui se tenait devant lui ne comptait qu'une dizaine de membres. C'était peu mais cela pouvait suffire pour servir ses desseins, s'il se montrait habile et faisait les bons choix.
Héberger les sorciers écossais signifierait qu'il prenait fait et cause pour eux contre les créatures, donnant ainsi une bonne raison à ses dernières de s'attaquer aux Deux Couronnes. D'un autre côté, ne pas les aider équivaudrait à laisser l'Écosse sans Cour, ou pire, à la céder aux sorciers irlandais, qui, déjà en proie aux attaques des diogonos, n'auraient rien à perdre et tout à gagner à réunir les deux Cours. Batten détestait trop Isha O'Leary pour permettre une telle alliance.
La concernant, une seule information dans le récit des survivants avait réjoui Lord Batten : L'un des diogonos semblait en vouloir personnellement à la Dame d'Irlande. Si cette créature voulait Isha, lui, Batten pouvait peut-être lui donner, et ainsi reformer un pacte tout à son avantage avec les suceurs de sang du Clan McDonald. Il aurait alors le champ libre pour ramener la paix et unifier enfin les 4 couronnes, sous sa tutelle, bien sûr.
– Avez-vous une idée de l'endroit où se terrent les créatures ?
– Non, et nous n'avons pas cherché à savoir. Notre objectif était de survivre, pas de les provoquer. Nous ne savions pas comment réagir. Fallait-il se battre ou fuir ? Peu d'entre nous sont au courant des termes exacts du pacte passé autrefois avec les diogonos.
– Peu importe ce pacte. Il est évident à présent qu'il a été bafoué et par les deux parties. Il faut trouver un moyen d'apaiser la situation. Et je crois que je sais comment. Mais il faut que je sache où ils se terrent.
– Le manoir était leur seule résidence connue en Écosse.
– Quelque chose me dit que des créatures aussi vieilles que les membres du Clan McDonald ont plus d'une corde à leur arc. Inévitablement, ces créatures doivent avoir d'autres refuges. Il faut les trouver. Je vais voir si un sort de localisation peut suffire. En attendant, envoyez des messages aux autres survivants. La Cour de Galles et d'Angleterre accepte de vous fournir aide et protection.
***
Isha O'Leary avait peu dormi. La situation chaotique et dangereuse demandait qu'elle prenne des décisions difficiles auxquelles elle n'arrivait pas à se résoudre. Elle n'avait jamais été confrontée à des événements aussi graves, aussi meurtriers - si ce n'est durant le derniers conflit entre naturels. Cette deuxième guerre qu'ils avaient dit mondiale. Tout au plus avait-elle calmer les ardeurs de certains. Elle s'était toujours vue en guide. Jamais en chef de guerre. Ce rôle lui était étranger. Elle ignorait si elle serait à ma hauteur. Elle allait devoir être vigilante, s'entourer de ceux qui la conseilleraient habilement sans paraître trop faible. Et tout cela dans un minimum de temps.
Alors qu'elle longeait les portes vitrées qui donnaient sur le jardin, son regard s'attarda sur les mille éclats que le soleil s'amusait à jeter sur la végétation humide. C'était féerique. Elle aurait pu s'abîmer un moment dans la contemplation d'un tel spectacle si elle n'avait pas eu à rejoindre le conseil.
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DEVOLATUS
Paranormal1957. Adela va mourir. Elle n'a pas 30 ans. Elle va laisser un mari qu'elle aime et une petite-fille qu'elle a promis de protéger. Elle est dévastée, mais n'a pas le temps de se perdre dans sa douleur. Le destin ou le sort en a décidé autrement. Par...