1957, 16 avril
Ils entrèrent dans le salon où les jumeaux surveillaient leurs trois invités. Les deux frères étaient de nouveau réunis depuis la veille. Titus était apparu en pleine nuit dans la cuisine. Il avait emprunté un passage secret pour réintégrer le manoir afin de déjouer les espions des sorciers. Il était épuisé d'avoir couru, mais les nouvelles qu'il avait apportées avait rassuré le Clan. En ce début d'après-midi, maintenant que Cadmon et ses accolytes étaient là, ces nouvelles ne semblaient plus aussi rassurantes à Hendry.
Des trois visiteurs, le bras droit de Sargon était le plus impressionnant. Il émanait de sa personne une présence inquiétante, la certitude que quelque chose de sombre s'abattait sur vous. Grand, la peau mate, les cheveux bruns bouclés tombant sur les épaules, une barbe légère et bien taillée, un nez aquilin, Cadmon portait en permanence sur lui un air de conspirateur qui imposait, sinon le respect, au moins la crainte.
Comme ses deux compagnons, il portait, sous un trench-coat négligemment noué autour de la taille, un costume bien trop léger pour la saison dans cette partie du monde. Hendry avait côtoyé suffisamment le personnage pour savoir que le voyage avait dû être précipité. Jamais Cadmon n'aurait porté un accoutrement aussi inapproprié s'il n'avait pas dû partir sans pouvoir se préparer.
– Bienvenue au manoir McDonald messieurs, lança Hendry sans se forcer à sourire.
Aucun des trois hommes ne se précipita pour répondre. Leur salut fut lent et froid. Ils n'étaient pas là pour se montrer plaisants. Pourtant Hendry ne se laissa pas impressionner.
– Que me vaut l'honneur de votre visite ? Trois puissants membres de la Confrérie dans nos contrées froides et humides, alors même que cette honorable assemblée les ont abandonnées il y a fort longtemps, cela ne peut être qu'important ?
– Allons-nous jouer à cela ? Sérieusement ? S'exclama Cadmon le front plus plissé que jamais.
– Pourquoi pas ? Pour ma part, j'aime que les desseins soient énoncés clairement. Ainsi, point de surprise. N'est-ce pas ? Et puis, pourquoi être si pressé ?
– Ça suffit ? Amenez-nous le livre que nous puissions repartir dès que possible.
Le silence s'installa sur la pièce. Cadmon et Hendry s'affrontaient du regard tandis que les deux autres diogonos de la Confrérie observaient les jumeaux du coin de l'œil. Le bras droit de Sargon n'était pas particulièrement heureux d'avoir dû se déplacer jusqu'ici, et les pluies qui se déversaient sur la verte Écosse depuis la veille n'arrangeaient rien à sa mauvaise humeur. Il n'approuvait pas la décision du Maître de ménager autant que possible le Clan McDonald. S'il n'avait tenu qu'à lui, il aurait fomenté une attaque nocturne rapide et efficace dont personne ne serait sorti vivant et il aurait simplement volé le livre.
D'un autre côté, en voyant le manoir, il était probable que le Devolatus soit bien caché. Il n'aurait peut-être pas réussi à le trouver seul. Mais rien dans l'attitude du clan ne lui assurait qu'il allait coopérer. Et puis, les jumeaux étaient réunis, alors que leurs espions leur avaient affirmé le contraire. Cadmon n'aimait pas être en infériorité numérique. Surtout quand d'anciens membres de la Première Garde faisaient partie des adversaires.
Personne ne bougeait. Personne ne surveillait Gita.
La jeune fille avait suivi Hendry en silence et s'était juste mise en retrait. Elle était rarement sujette à la colère. Trop de culpabilité et de honte avaient accompagné sa transformation. Pourtant, elle était bel et bien en colère. Une colère sans nom. Une colère blanche. Et le regard méprisant que Cadmon avait posé sur elle en la voyant entrer avant de retourner son attention vers Hendry n'avait rien arrangé.
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DEVOLATUS
Paranormal1957. Adela va mourir. Elle n'a pas 30 ans. Elle va laisser un mari qu'elle aime et une petite-fille qu'elle a promis de protéger. Elle est dévastée, mais n'a pas le temps de se perdre dans sa douleur. Le destin ou le sort en a décidé autrement. Par...