Chapitre 21

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Le regard rivé sur les madriers qui formaient le plafond, Elizabeth était pensive. Près d'elle, Adam dormait, mais elle n'avait pas fermé l'œil de la nuit, terrifiée à l'idée que les soldats de Manchesky décident de monter à bord malgré l'avertissement du Capitaine.
Elle entendit soudain des pas et tourna la tête. La femme de la veille approcha et se baissa près d'elle.

— Je suis sûre que vous mourez d'envie de prendre un bain, ma jolie, chuchota-t-elle.
— Un bain ? Oh, mon Dieu, oui...!
— Venez, ne réveillez pas votre ami, je vais m'occuper de vous, vous avez grand besoin qu'on vous dorlote pendant quelques temps.

Elizabeth sourit, se libéra du bras que Adam avait passé autour de sa taille, et se leva. Elle tituba, faible, et la femme lui prit le bras pour l'aider à marcher.

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— Lydia, tu veux m'aider ?
— À quoi faire, maman ?
— Notre invitée a besoin d'un bon bain, on ne sera pas trop de deux pour la rendre jolie.
— C'est une esclave, c'est ça ?
— Je ne pense pas. À mon avis, elle a été capturée par les sbires de Manchesky... Dieu seul sait si quelqu'un la cherche.

Lydia hocha la tête puis posa son tricot et suivit sa mère dans la salle de bains du navire. Quand elle découvrit Elizabeth, assise sur le rebord du baquet en bois, la jeune fille eut une grimace.

— C'est un sac d'os... laissa-t-elle échapper.
— Lily !
— Elle a raison, ne la réprimandez pas pour avoir dit la vérité, répondit Elizabeth avec un mince sourire. Je suis ravie de te rencontrer, Lily, je m'appelle Elizabeth.
— Je suis désolée, Madame, je ne voulais pas vous offenser.
— Ce n'est rien. J'ai voulu en arriver là.
— C'est à dire ? demanda la femme.
— Je n'ai quasiment rien mangé depuis ma capture, il y a un mois, je crois. Je vaux plus de trois mille Guinées, selon l'homme qui m'a emprisonnée, mais comme il est hors d e question que je vois vendue, je préfère encore mourir de faim. Personne n'achètera un tas d'os.
— Ça c'est évidence... Venez, retirons cette loque, à présent.

Elizabeth se leva et tituba. Incapable de lever les bras pour retirer la tunique en toile de coton épaisse, elle laissa Carmen, la femme, la découper de haut en bas. Elizabeth se retrouva alors totalement nue, mais son corps autrefois svelte et solide n'avait plus rien à voir...

— Seigneur tout puissant... souffla Carmen. Vous n'allez pas quitter ce navire sans vous remplumer, Mademoiselle Swann, ni vous ni votre ami ! Nous allons reprendre la mer pour rentrer en France dès demain et nous allons prendre soin de vous.
— Je voudrais rentrer chez moi... souffla alors Elizabeth. Mon mari et mon fils doivent être morts d'inquiétude...
— Sans aucun doute, mais s'ils vous voient ainsi, ils prendront peur et auront de la peine à vous reconnaître. Nous sommes loin de Port Royal, il nous faudra plusieurs semaines pour nous y rendre et j'ai déjà discuté avec le Capitaine de ce navire, il accepte de faire un détour par les Canaries avant de rentrer en France par les courants du sud.
— C'est vraiment gentil à vous, je ferais en sorte que vous en soyez remerciés. Mon père vous en sera reconnaissant, je suis son unique enfant.

Carmen opina puis, avec l'aide de sa fille, elles aidèrent la jeune femme à se glisser dans l'eau bouillante d'une grande baignoire. Elizabeth soupira aussitôt d'aise et ferma les yeux en posant sa tête contre le rebord du baquet.

— Va lui chercher à manger, dit alors Carmen. Je vais m'occuper de ces pauvres cheveux...

Elizabeth plissa le nez. Autrefois beaux et soyeux, ses cheveux blonds n'étaient plus qu'un buisson sec et emmêlé posé sur son crâne...

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Assise dans son bain jusqu'au cou, Elizabeth songeait à la manière dont elle allait pouvoir rentrer auprès de Jack et Thibault.

⏳ Capitaine E. SparrowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant