Allongée sur son lit, Elizabeth était à deux doigts de se jeter par-dessus bord. Pourtant, le bateau avait quitté l'Angleterre depuis à peine une semaine. Les côtes étaient encore visibles au loin, mais la jeune femme s'en fichait des côtes Françaises...
Elle se morfondait. Rien de l'intéressait et ce n'était pas la faute des petits mousses qu'elle avait à son "service"... Ils déployaient des trésors d'ingéniosité pour l'occuper et lui plaire, mais rien ne fonctionnait. Elle refusait de manger autre chose que du bouillon de poule et du pain, et ne quittait pas sa cabine.
Inquiet, le Capitaine Moras avait envoyé un message à Port-Royal, mais il n'avait pas encore reçu de réponse de la part du Gouverneur. Tout ce qu'il savait, c'était qu'il devait ramener la jeune femme là-bas.— Capitaine...
Moras leva les yeux de ses carnets de route et haussa un sourcil.
— Un vaisseau en vue...
— Pirate?
— Je l'ignore, mais il n'a pas de pavillon...
— Contournez-le, répondit le Capitaine. Inutile de prendre des risques pour rien.
— Bien, Capitaine.L'homme s'en alla et Moras soupira. Manquerait plus qu'ils tombent sur des pirates... Déjà que le fait de ramener une "cargaison" n'était pas dans ses habitudes, mais si en plus ils se faisaient aborder... Non, pas question.
Dans sa cabine, juste en dessous de celle du Capitaine, la jeune femme avait tendu l'oreille en entendant parler de pirates. Cependant, elle savait que ce n'était pas Jack si ce vaisseau était un vaisseau pirate car le Black Pearl était connu de tous les marins et même un mousse de la Compagnie des Indes l'aurait reconnu...
Moras, assis sur son siège, songea à la jeune femme qu'il ramenait à Port-Royal. Le Gouverneur Swann ne lui avait pas donné les raisons de ce retour, mais il savait que ça avait un rapport avec des pirates. Apparemment, cette jeune femme se serait amourachée d'un pirate et aurait bravé les ordres de son père pour le rejoindre.
Le Capitaine Moras comprenait qu'une jeune femme de la bourgeoisie pouvait avoir, un jour, des envies d'aventure, mais il y avait des dizaines de navires honnêtes qui prenaient des apprentis pour faire un voyage vers ici où là-bas... Pas besoin de se faire embaucher sur un navire pirate... et encore moins de s'acoquiner l'un d'eux !Moras décida de laisser tomber pour le moment et de se concentrer sur la route à suivre pour conduire sa passagère à bon port. Il avait reçu la première partie d'une très forte somme d'argent et il comptait bien recevoir l'autre partie, promise par le Gouverneur Swann en personne. Et peu importe ce qui arriverait, il ne laissera aucun pirate lui voler sa cargaison, qu'elle soit vivante ou non !
~
Au bout de deux semaines de voyage, cependant, ce ne furent pas les pirates qui mirent les nerfs de l'équipage de La Vengeance Douce à rude épreuve, mais un orage si violent que le Capitaine, ne voulant pas risquer la vie de ses matelots, décida de calfeutrer tout le monde dans la cale, d'affaler les voiles et de laisser le destin faire son travail.
Inutile de dire qu'ils furent tous secoués comme des billes dans un bocal, cette nuit-là, mais au matin, l'orage était parti et le calme était revenu. Bien sûr, tout le monde se rua sur le pont, même Elizabeth, pour prendre l'air, et le Capitaine Moras fut très content de la voir enfin en pleine lumière, le départ s'étant fait sous un ciel maussade typique de l'Angleterre...
— Mademoiselle Swann... Je suis ravi de vous voir enfin sortir de votre cabine.
— Ce n'est que temporaire, répondit Elizabeth sans trop de délicatesse. Tant que je ne saurais pas ce que mon père me réserve, je ne serais qu'une caisse supplémentaire.Moras grimaça légèrement. Il pinça ensuite les lèvres et regarda au loin.
— Si tout va bien, nous devrions être à Port-Royal dans deux ou trois semaines, dit-il. D'ici là, me feriez-vous l'honneur de dîner en ma compagnie, les prochains soirs ?
Elizabeth plissa un œil et regarda l'homme d'un œil critique. Il était plutôt petit pour un homme, à peine plus grand qu'elle. Il avait le poil noir sous sa perruque blanche poudrée et son menton accusait un léger prognathisme, mais rien de bien méchant, d'autant plus qu'il était dissimulé sous un fin bouc soigneusement taillé.
— Je ne désire pas d'un compagnon de voyage, répondit la jeune femme en se détournant. Jack m'attend et je compte bien aller le retrouver, même si je dois jeter un tonneau à la mer et m'en servir comme barque pour rejoindre Tortuga.
Moras serra les lèvres.
— Puis-je vous poser une question ? demanda-t-il alors.
— Faites, je me garde le droit de ne pas y répondre.
— Bien entendu...Moras se tut une seconde et reprit :
— Ce Jack dont vous parlez, c'est un pirate, c'est cela ?
— Oui. Vous avez sans doute entendu parler de Jack Sparrow, le Capitaine du Black Pearl, non ?Moras haussa les sourcils.
— Diantre... dit-il. Si je m'y attendais... Jack Sparrow... LE Jack Sparrow ?
— Lui-même.
— Eh bien... Vous ne faites pas les choses à moitié, vous... dit Moras. Il a une réputation des plus...
— Oui, je sais, il est mal considéré par ses pairs, mais il reste le Seigneur Pirate des Mers des Caraïbes...
— Seigneur Pirate de...? Euh... Eh bien, comment dire...?Elizabeth leva les yeux au ciel.
— Que dois-je comprendre ? demanda-t-elle. Ces réflexions sont-elles en faveur ou en défaveur de Jack ?
— Eh bien, cela va dépendre de la personne qui va les entendre...
— Comment ça ? J'ai peur de ne pas comprendre...
— Hm, comment dire ? J'ai entendu parler des Seigneurs Pirates, notamment en Angleterre et en France, et je dois bien avouer que je ne pensais pas que...Elizabeth haussa un sourcil puis esquissa un sourire.
— Vous ne pensiez pas que c'était sérieux, c'est cela ? dit-elle avec un rictus en posant ses mains sur hanches.
— Eh bien, à dire vrai, c'est cela... répondit le Capitaine Moras. Je n'avais jamais pensé qu'il y en avait d'autres... Je pensais qu'ils se donnaient ce nom comme ça, pour impressionner les marins honnêtes...Elizabeth secoua lentement la tête.
— Il y a tellement de choses que vous ignorez sur les pirates... soupira-t-elle. Vous les mettez tous dans le même panier, pour vous, ce sont des forbans justes bons à se balancer au bout d'une corde, mais ils sont humains, ils sont vivants, et bien qu'ils ne suivent pas les lois du monde moderne, qu'ils ne vivent pas aussi pieusement que nous tous, ils sont organisés et chaque clan de pirates règne sur un océan, sur une portion d'océan, et chacun s'y tient. Aucun pirate n'osera franchir cette ligne, car c'est la mort qui les attends s'ils font cela...
Moras écouta Elizabeth avec attention. Intarissable, la jeune femme semblait très convaincue par ses propos, comme si elle avait été un vrai pirate et qu'elle connaissait leur fonctionnement sur le bout des doigts...
Impressionné, Moras eut une étrange idée en observant Elizabeth Swann, cette jeune femme de vingt ans qui était éprise d'un pirate... Il décida d'en parler au Gouverneur, dès leur arrivée à Port-Royal. Si son idée fonctionnait, cela pourrait servir aussi bien les pirates, du moins une partie d'entre eux, et la couronne britannique...
.
Dernière modification le 8/08/2020
VOUS LISEZ
⏳ Capitaine E. Sparrow
Fanfiction[SPARRABETH] La première fois qu'Elizabeth Swann rencontre Jack Sparrow, c'est lorsqu'il lui sauve la vie à Port Royal où il se trouve en vue de récupérer le Balck Pearl... Depuis, mariée au Commodore James Norrington, Elizabeth réalise qu'être une...