PARTIE 1 - Chapitre 1

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— Le divorce ? Mais pourquoi !

Elizabeth regarda James Norrington et pinça les lèvres. Ils étaient tous deux dans le bureau du jeune homme et l'annonce d'Élizabeth avait fait se lever l'homme d'un bond.

— Qu'ais je fais pour mériter cela ? Je ne vous gâte pas assez, c'est cela ? Vous vous ennuyez de moi ?
— Non ! Non, James, non, rien de tout cela, je suis heureuse d'être votre épouse, mais...

Elizabeth se mordit la lèvre. Norrington fronça aussitôt les sourcils et soupira.

— C'est ce forban, n'est-ce pas ? dit-il en posant ses mains sur le bureau. C'est lui qui vous a envoûtée !

Elizabeth resta silencieuse. Oui. Il avait raison. Ce fichu pirate lui hantait l'esprit depuis qu'il lui avait sauvé la vie... Elle avait tout essayé pour le chasser, mais rien n'y faisait, pas même se perdre dans les méandres de l'amour entre les bras de son époux...
Une idée vint soudain à l'esprit de la jeune femme et elle ferma les yeux.

— Non, s'entendit-elle répondre. Ce n'est pas à cause de Jack Sparrow...

Norrington parut surpris et sembla se calmer aussitôt.

— Ah non ?
— Non, répondit la jeune femme. Je...
— Vous ?
— Je... Oh, Monsieur, je suis désolée, j'aurais sans doute dû vous le dire bien plus tôt, mais...

Elizabeth décida de jouer la carte de la fausse tristesse. Elle ferma les yeux, mains jointes sur son ventre, et souffla.

— James, je suis désolée, mais je ne puis avoir d'enfant... Je...

Norrington sursauta.

— Je vous demande pardon ? Elizabeth, devant le prêtre, vous avez assuré...
— J'ai menti et je m'en veux ! Je suis désolée, James, désolée... Je ne voulais pas décevoir mon père, il était tellement fier que je vous épouse, je...

Elizabeth laissa couler deux larmes et Norrington contourna aussitôt son bureau pour aller la consoler. Elle se dégagea de ses bras rapidement et s'éloigna en essuyant ses joues.

— Je suis vraiment désolée... dit-elle.
— Pourquoi ne pas en avoir parlé plus tôt ? demanda le Commodore. Je puis comprendre que vous ayez désiré faire plaisir à votre père, mais... Est-il seulement au courant ?

Elizabeth secoua la tête. Elle se lança alors dans la seule explication plausible que son cerveau fut capable d'inventer, à savoir que depuis qu'elle était en âge d'être une femme, elle ne l'avait jamais été. C'était un mensonge, bien évidemment, toute la machinerie fonctionnait idéalement, mais il lui fallait une excuse plausible pour appuyer sa demande de divorce.

— Je ne suis pas digne d'être votre épouse, James, dit-elle après son explication. Je demande à ce que vous annuliez le mariage, pour défaut de procréation.
— Je ne le puis, Elizabeth ! protesta aussitôt le jeune homme. Je vous aime, je ne... Cela m'est égal que nous n'ayons pas d'enfants naturels, il y en a tellement dans les rues qui ne demandent qu'à avoir une famille !

Elizabeth ferma les yeux et sentit sa gorge se serrer. Cette fois-ci, ce n'était pas du cinéma. Elle était réellement troublée par la force de l'amour que lui portait cet homme et elle s'en voulait de lui faire autant de mal.

— James, n'insistez pas, je vous en prie.... dit-elle en avalant sa salive. Je ne pourrais pas supporter cela... Je ne pourrais pas être heureuse si mon handicap vous obligeait à faire d'un de ces garçons de la rue, votre héritier... Et ainsi à rompre votre sang.

Norrington était silencieux, perplexe. Il avait du mal à remette ses pensées dans l'ordre. Il aimait tellement cette femme ! Pendant un court laps de temps, il avait eut très peur qu'elle ne lui préfère ce satané pirate, mais finalement, contre la libération de l'homme, elle avait accepté de l'épouser...

— Quatre mois, Elizabeth...
— Je sais et j'en suis terriblement désolée... Je n'arrivais pas à me résoudre à vous le dire...

S'asseyant au bout d'un canapé, Elizabeth passa une main sur ses joues. Elle renifla discrètement et détourna la tête, comme pour éviter de regarder cet homme près d'elle qui serait prêt à mourir pour elle.

Un silence s'installa alors et bientôt, seul le bruit de la mer, à quelques mètres de la maison, troubla le silence.

Soudain, Norrington soupira et Elizabeth sursauta. Elle le regarda brièvement et lui trouva un air triste. Elle s'en mordit la langue, mais décida de ne pas être désolée pour lui. Il s'en remettrait très rapidement, elle en était certaine.

— Très bien, dit alors James. Si c'est ce que vous voulez, j'abonde dans votre sens.. Je vais faire les démarches pour que le mariage soit annulé. Je prétexterais qu'il n'a pas été consommé, ainsi le prêtre et votre père ne pourront contester.

Avalant sa salive, Elizabeth se leva et exécuta une brève révérence puis quitta le bureau et regagna son boudoir.
Quand elle y fut soigneusement enfermée, elle laissa échapper son soulagement sous forme d'un long et bruyant soupir...

À présent, il allait falloir obtenir la discrétion d'un médecin pour le cas où le juge demanderait une confirmation de la non consommation du mariage... Ce qui, là encore, était un odieux mensonge...

Nauséeuse, Elizabeth s'allongea sur un canapé et entreprit de digérer les dernières minutes...

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Dernière modification le 25/07/2020

⏳ Capitaine E. SparrowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant