Chapitre 2

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La nouvelle de la demande de divorce d'Élizabeth ne plut pas franchement à son père, le Gouverneur Swann. Pas du tout même.

— Tu ne peux pas faire ça, Elizabeth !
— Et pourquoi, papa ? Je ne puis laisser le Commodore dans une vaine espérance concernant un hypothétique héritier alors que je sais pertinemment qu'il n'y en aura pas !

Le Gouverneur grimaça. Depuis la mort de sa femme, il avait confié l'éducation de sa fille unique à une Gouvernante qui avait le devoir de gérer tous les aléas qui allaient de pair avec le fait d'être une fille, une adolescente, puis une femme. Il ignorait donc que sa fille adorée n'était "pas une femme" selon ses propres mots.

— Un médecin peut-il le confirmer ? demanda-t-il soudain.

Elizabeth sursauta.

— Vous doutez de mes paroles, moi, votre propre fille ?

Le Gouverneur pinça la bouche et secoua la tête.

— Moi non, dit-il. Mais le juge ne sera sans doute pas dupe, ma chérie.
— Dupe ?

Elizabeth cligna des paupières sans comprendre. Son père esquissa un sourire.

— Allons, Lizie, je suis ton père, et je sais quand tu ne me dis pas la vérité, dit-il en quittant la fenêtre par laquelle il regardait.
— Je dis la vérité, s'obstina Elizabeth en croisant les bras. Pourquoi vous mentirais-je ?

Le Gouverneur regarda le sol et opina.

— Je sais que tu n'apprécies pas que je t'ai contrainte à épouser le Commodore Norrington, donc j'imagine que cette "excuse" est une sorte de vengeance, non ?

Elizabeth se mordit la lèvre. Elle ne savait pas quoi répondre. Elle n'avait aucune envie de froisser son père, celui qui lui avait tout donné depuis sa naissance et encore plus après la disparition de sa mère. Il lui avait tout passé depuis leur arrivée d'Angleterre, y compris certaines bêtises...

— Je suis vraiment désolée, papa, mais je ne suis pas amoureuse du Commodore et je sais que ce ne sera jamais le cas... répondit-elle.

Elle se tut, serra les lèvres puis ajouta :

— Ne lui dites pas que mon excuse pour divorcer est un mensonge. Je ne veux pas l'attrister ou le fâcher. Je ne suis pas une mauvaise personne, je...

Le Gouverneur leva la main et Elizabeth se tut. Elle baissa le nez, les mains serrées devant elle, sur sa belle robe à fleurs.

— Que va-tu faire une fois de nouveau libre ? demanda son père. Tu peux rester, bien entendu, mais ton divorce pourrait te causer quelques ennuis parmi nos amis de la bourgeoisie de Port-Royal...

Elizabeth le regarda. Elle n'allait surtout pas lui dire qu'elle voulait quitter la ville pour partir à la recherche d'un vil forban aux manières discutables...

— Je pensais retourner en Angleterre... répondit finalement la jeune femme.
— Chez ta tante Elise ?
— Oui. Vous vous souvenez comme je l'aimais beaucoup avant que nous partions ?
— C'était il y a dix ans, ma chérie... Es-tu sûre de ce que tu veux ?

Elizabeth opina. Avec un peu de chance, des pirates attaqueraient son navire à destination de l'Angleterre et elle pourrait s'arranger pour...

— Je vais envoyer un courrier à ta tante, dit le Gouverneur en s'asseyant à son bureau.

Elizabeth sortit brusquement de ses pensées et hocha rapidement la tête. La lettre mettrait environ deux semaines à arriver en Angleterre, la réponse, deux semaines à revenir. D'ici là, le mariage aura été annulé, et elle pourrait alors préparer ses malles pour partir.

— Merci, papa. Je suis désolée si je vous ai déçue, mais...

Le Gouverneur secoua la tête sans répondre et Elizabeth comprit qu'il était temps qu'elle s'éclipse. Elle s'inclina donc puis tourna les talons et s'en alla sans un mot de plus.

Elle était triste mais en même temps ravie que son père ait compris ce qu'elle ressentait. Certes elle aimait beaucoup le Commodore Norrington, mais elle n'en était pas amoureuse et elle savait au fond d'elle que peu importe les années, elle ne le sera jamais et qu'ils ne vivraient jamais comme un véritable couple...

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Dernière modification le 25/07/2020

⏳ Capitaine E. SparrowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant