Chapitre 3

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Il m'est impossible de marcher correctement avec ces talons. Je ne pensais pas que ça allait être aussi compliqué. Si je continue à les porter je risque de tomber dans les escaliers.
Je n'ai pas le luxe de prendre mon temps, je crois qu'on m'attend suffisamment, alors sans réfléchir, je les enlève et cours jusqu'à la porte d'entrée.

Après l'avoir verrouillée, je marche pied nus jusqu'à la voiture du fils de Lise, une Audi sport, non sans remarquer ses yeux scrutant mon décolleté quand je me penche pour ouvrir la portière. Donc soit il me dévisage ou bien il me matte ? Ce mec n'est pas net.

Je n'ai à peine le temps de la refermer et de m'attacher qu'il a déjà démarré comme si sa vie était en jeu.

-Tu pourrais au moins attendre que j'ai mis ma ceinture, non ? je souffle, agacée.

- Je suis uniquement là pour te ramener au restau'. Au lieu de causer pour rien mets tes chaussures. Tu me fais déjà assez passer pour un clochard. me rétorque-t-il avant d'augmenter le son.

Pour qui il se prend au juste pour me parler ainsi ? Je ne lui ai clairement rien fait. Je voudrais tant lui envoyer mes chaussures dans sa tête. Mais par expérience, je sais que lui répondre serait une perte de temps.

Tout le trajet, je le passe à prier pour qu'on soit bientôt arriver. Entre la musique à fond, l'odeur d'herbe et la façon dont il roule : rien ne va. Toutes les cinq secondes, une voiture nous klaxonne. Pas étonnent vu la vitesse à laquelle il roule. Si je suis encore vivante à notre arrivée, ça sera un miracle.

Au bout de dix minutes, il ralentie et se gare dans un parking. Je descends de la voiture, talons enfin à mes pieds et commence à le suivre avec du mal. Quelque chose pourtant me semble anormal : il est vêtue que d'un simple t-shirt et d'un short. Pourtant, on est censé aller dans un restaurant et il est obligatoire d'être un minimum présentable.

Après que nous ayons marché quelques mètres, il finit par se tourner vers moi :

-Je peux savoir pour quelles raisons tu me suis toi ?

Je le regarde, troublée face à sa question.

-Eh bien, pour aller au restaurant.

Cela lui arrache un ricanement. Je me sens soudainement toute petite. Je le reluque, dans l'incompréhension, jusqu'à ce qu'il reprenne la parole.

- Je ne vais pas à votre petit dîner j'ai autre chose à faire. Le restau' est dans la ruelle d'en face.

Puis, il part.

Je reste quelques secondes là, figée, à réfléchir. Ok, j'ai beau avoir été respectueuse avec ce mec, il m'a clairement fait comprendre de ne pas m'approcher de lui. En plus d'être un mauvais conducteur, c'est le mec le plus irrespectueux du monde.

Je suis malgré tout ses instructions et me retrouve devant un restaurant qui me semble assez chic pour que Lise et Jacques puissent y manger. Je décide alors de rentrer dedans.

Quel fût mon soulagement quand j'aperçus Lise en pleine discussion avec son mari. Jacques porte son costume de cet après midi tandis que sa femme porte dorénavant une robe bustier qui lui va à merveille.

Je m'avance vers eux d'un pas assuré et les salue :

- Rebonjour !

Ils se tournent tous deux vers moi et me sourient en même temps.

- Aylheen ! Tu es resplendissante. Viens donc t'asseoir à mes côtés. me lance Lise.

- Elle a raison. Mais dis moi, pourquoi Alexandre n'est pas avec toi ? m'interroge son mari.

-Oh, il m'a déposé devant le restaurant puis est partie. Il semblait avoir d'autres occupations pour la soirée. 

Le couple se lance des regards interrogateurs puis Lise reprend la parole :

-Bon, ce n'est pas grave. Alors, comment s'est passée ta première après-midi dans cette ville ?

-Très bien, d'ailleurs encore merci pour la carte. Et vous votre journée ?

- C'est fort gentil de demander Aylheen. Pour moi, grosse journée au bureau. Des investisseurs risquent d'ailleurs de venir au cocktail qui aura lieu samedi, dans deux jours à la maison. déclare Jacques.

Il regarde sa compagne qui hoche la tête puis qui annonce :

- Ca sera une occasion, si tu es d'accord bien sûr, de te présenter aux personnes qui seront présentes. Histoire de rendre enfin les choses officielles.

C'est à ce moment que je me rends compte qu'ils veulent vraiment  que je fasse partie de leur vie.

- J'adorerai vraiment. Ca serait même un honneur.

- Alors qu'est ce qui te passionne dans la vie ? s'intéresse Jacques après avoir pris sa commande.

- J'adore la musique. Pour être honnête, j'ai toujours rêvé de devenir chanteuse haha. Sinon j'aime énormément lire, mes valises ne sont remplies que de livres.

- Je m'attendais à ce que tu me répondes faire la fête ou boire de l'alcool comme les ados de ton âge mais non. rigolât-il. Si seulement notre fils était un peu plus comme toi.

Je vois Lise foudroyait du regard son mari juste après que ces paroles soient sortit de sa bouche. Je ne sais que dire face à cela. Heureusement, c'est le moment que choisit le serveur pour nous servir. Il ne le saura jamais mais il m'a sauvé d'un malaise ce jour là.

-Bon appétit à vous !

Nous le remercions en coeur puis commençons à manger tout en parlant de tout et de rien.

Nous venons seulement de passer au dessert quand le téléphone de Lise sonne.

-Allo ? Oui c'est bien moi. Comment ça ? D'accord j'arrive. Merci au revoir. s'exclame -t-elle au téléphone d'un air dépité.

-Il y a un problème chérie ? l'interroge son mari.

-Je t'expliquerais dans la voiture. Désolée Aylheen d'écourter ce magnifique moment mais on doit y aller. Maintenant s'il te plaît. déclare-t-elle en se levant.

Je hoche la tête et les suis en me posant milles questions.

Dès que nous sortons du restaurant, Jacques prend la parole :

-C'était un client pour ton travail ?

-Non. C'est Alexandre. Il a eu un accident de voiture. Rien de grave d'après l'officier de police qui m'a appelé.

-Comment ça ? Pourquoi c'est un officier qui t'appelle si il a eu un accident. Ca devrait être un médecin !

-Justement, il n'y a pas que ça C'est plus compliqué Jacques On doit aller le chercher au commissariat.

-Je n'irai nul part. J'en ai ras le bol d'aller le récupérer après ses bêtises. Cette fois c'est trop, il se démerde. Aller viens on rentre chérie, ça lui servira de leçon. il essaie de la convaincre en se rapprochant d'elle.

Je ne sais pas ce qui me choque le plus entre ce qui se passe ou la façon dont il parle de son propre fils. Je sens ma gêne venir : je sais pas où me mettre.

-Rentres. Moi j'y vais. Aller, viens Aylheen, la voiture est garée juste à côté. elle annonce en commençant à marcher.

Je sens que je n'ai plus tellement le choix et la suis, non sans lâcher un regard navré à Jacques qui semble surpris par sa réaction.

On marche à peine quelques mètres que l'on arrive déjà devant sa voiture. On s'installe vite et elle démarre immédiatement.

Le trajet se passe dans un silence pesant quand finalement, ma tutrice décide d'y mettre fin :

-Je suis désolée, je n'ai pas l'habitude de m'énerver comme cela. J'aurai préféré que tu n'assistes pas à ça. me souffle-t-elle en conduisant.

Je ne sais même pas quoi répondre alors je lâche un "ce n'est pas grave". Je prends mon téléphone et regarde l'heure. Il est 21:30 et aucun messages de la part de mon oncle pour me demander si tout se passe bien. Etrange.

Lui, moi et le désarroi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant