Lui, moi et le désarroi.

Chapitre 41

L'ami de Gabriela semble autant ne pas apprécier la scène que moi et finit par partir en furie.

- Tu as vraiment du cardio dis donc. le complimente Gabriela alors qu'elle descend de son bassin.

Et dire que j'étais positionnée au même endroit qu'elle y a quelques heures de cela...

-C'est ça. lui répond vaguement Alexandre, saoulé.

- C'est dingue comment tu es inexpressif alors que des parties de ton corps montrent clairement que cet exercice t'a plu. elle lâche en promenant son index sur le torse d'Alexandre.

Ok. La situation est vraiment très étrange. Je peine à reconnaitre mon amie.

Alexandre semble vraiment gêné par son geste et la repousse avec le peu de justesse qu'il possède. Il s'assure que personne n'ait vu cela, et, une fois soulagé que cela soit le cas, il vient se rasseoir en face de moi.

- Continuons le jeu. A toi, Aylheen. Action ou vérité ? me demande d'un air maintenant doux mon amie.

- Action.

Je dois attendre qu'elle finisse le fond de sa bouteille pour savoir quel est mon gage.

- Pars de cette soirée. elle me surprend.

Je reste plusieurs secondes là, à la fixer. J'essaye de savoir si c'est une blague ou non. En vain. Son visage est aussi sérieux qu'Alexandre est étonné. Ses yeux vont de moi à Gabriela.

- T'es sérieuse ? je m'exclame en me levant soudainement.

Pour simple réponse, j'ai le droit à un hochement de tête. Je vois Alexandre passer nerveusement sa main dans ses cheveux.

- Ok, j'ai compris. je ricane d'un air mauvais. T'inquiètes pas, je vais vous laisser entre malades mentaux.

- Tu ne vas pas partir. se lève à son tour Alexandre.

- Ah bon et pourquoi donc cela ?

- Tu es venue avec ma voiture. T'as aucun autre moyen pour repartir.

Bon, il a pas faux. Mais le sentiment d'être de trop commence à se faire ressentir.

- Je préfère mille fois marcher des kilomètres à pieds que de rester ici.

Juste après avoir prononcé ces mots, je me dirige vers la maison. J'ignore les tentatives de dissuasion du fils de ma tutrice.

Je pense à prévenir Raph de mon départ, mais je me rappelle aussitôt qu'il doit être dans une position inconfortable. En plus, je n'ai pas envie de me plaindre à lui comme une enfant.

Je tente de joindre Hayden au téléphone, en vain. Je tombe à trois reprises sur sa messagerie. Comme quoi, aujourd'hui, je ne pourrais compter que sur moi même. Comme au bon (mauvais) vieux temps.

En quelques secondes, la musique parait lointaine et les jeux de lumières font place à une ruelle complètement sombre. Rien que la lumière de mon téléphone et les quelques lampadaires m'aident à voir où je pose les pieds. Le temps se fait plus frais que je ne l'avais imaginé, et me voilà à grelotter.

Je ne sais même pas où je suis. La seule chose dont je suis sûre, c'est que si je ne meurs pas d'hypothermie, je serais soit kidnappée, soit perdue dans je ne sais quel point paumé. Le lourd silence tend encore plus l'atmosphère. Je m'attends à tout moment à voir surgir mon futur tueur.

C'est au bout d'une bonne vingtaine de minutes de marche que je finis par tomber devant un hôtel. Epuisée et frigorifiée, je ne cherche pas mieux et décide d'y passer le reste de la nuit.