Chapitre 4

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Je regarde à travers la vitre le paysage défilé. C'est étrange comment Jacques semblait tellement différent tout à l'heure. Je ne saurais comment l'expliquer, mais cela ne coller pas avec l'image que l'on peut avoir de lui de l'extérieur.

Je me demande ce qu'a pu faire son fils pour finir dans un commissariat.

Lorsque l'on y entre côte à côte, un officier d'a peu près la trentaine s'avance vers nous-ou plutôt vers moi-en ignorant ma tutrice.

-Je peux vous aider Mademoiselle ? me demande-t-il, un sourire en coin, en me scrutant de haut en bas.

-Alors déjà c'est Madame, et si vous auriez regardé un minimum son visage, vous auriez remarqué qu'elle était mineure. intervient épuisée Lise.

L'homme la dévisage et finit par demander d'un air nonchalant :

-Vous êtes qui vous au juste ?

- Lise Davies, avocate et propriétaire du cabinet juste en face. Je suis venue récupérer mon fils Alexandre.

-Oh je vois. Suivez moi il est juste à côté. bégaie-t-il en ouvrant la marche.

Je lance un sourire à Lise pour la remercier et les suis. On arrive devant une cellule où est assit à même le sol un jeune homme. Il semble se chuchoter des choses à lui même.

Ses cheveux aussi sombre que des cendres sont ébouriffés. Ses yeux quant à eux, sont tout rouges.

-Le voilà. Il a eu un accident qui a sans doute été provoqué par toutes les drogues qu'il a consommé. Il n'a eu que des blessures superficielles au poigner qui ont été soigner. La voiture par contre est en miettes. Elle a été déposée à la casse. Il n'a que dix sept ans mais il risque gr-

-Je vais aller m'entretenir avec votre responsable. dit-elle en lui coupant la parole. Aylheen aides le à se relever et attendez moi dans la voiture.

-Madame ça ne marche pas comme ç-.

-Je ne vous ai pas demandé votre avis. A ce que je sache je connais mieux la loi que vous. A part si vous voulez que je lui fasse également part de votre penchant pour les mineurs ? elle soutient son regard jusqu'à ce qu'il capitule.

Elle part ensuite la tête haute.

L'officier reste stupéfait quelques secondes. Il finit tout de même par ouvrir la cellule et partir à son tour, me laissant ainsi seule avec Alexandre.
Je rêve. Il y a quelques heures il m'insultait de clocharde et maintenant il faut que je m'occupe de lui.

Dans le but de l'aider à se relever, je lui tends ma main, mais il la rejette violemment. C'est une blague ?

-Dégages de là. Je sais encore me lever seul. marmonne-t-il en se levant.

Il ne tient même pas deux secondes debout qu'il est déjà à deux doigts de tomber. Je ne me retiens même pas de rire face au ridicule dans lequel il est. En plus d'être con, il est vachement têtue.

-Crois pas que ça me rend heureuse, alors dépêches toi et appuies toi sur moi. je lui ordonne sèchement.

Il finit par se rendre compte qu'il n'a pas le choix et obéit. Vu la proximité de nos corps, je peux sentir sans efforts les odeurs fortes qu'il dégage. Mélangé à un parfum envoutant, une odeur d'herbe empreint son t-shirt noire.

- Si tu reparles de ce moment une seule fois, t'es morte. Il me menace en bégayant.

-Et si je te lâche maintenant, t'es mort. je lui rappelle alors qu'on descend les escaliers.

On arrive devant la voiture après de terribles efforts. J'ouvre la porte et l'aide à s'asseoir. Quand je la referme, enfin débarrassée de lui, je tombe nez à nez face à Lise.

-C'est bon, tout est réglé. Tu peux t'asseoir à l'arrière avec lui. Et si jamais il vomit, il y a un sac en papier derrière le siège côté passager.

-Pas de problèmes. je mens.

On commence à rouler quand je reçois un message de Raph.

- Si t'es intimidée par Alexandre, je peux t'envoyer des photos de lui en couches bébé.

Je ris seule face à l'implication de Raphaël, quand Alexandre se tourne vers moi.

-Il t'arrive quoi toi à-

Il n'a pas le temps de terminer sa phrase qu'il gerbe sur ma robe.

-Putain tu le fais exprès ou quoi ?

-Oups. Pas fais exprès princesse. ricane-t-il.

Je prie pour qu'il s'étouffe en rigolant mais malheureusement cela n'arrive pas.

-Qu'est-ce qui se passe les enfants ?

-Il se passe que ton fils vient de vomir sur moi. je m'écrie tout en le fixant.

-Aylheen ! Je t'avais dit de lui donner le sac ! Bon c'est pas grave on est presque arrivé de toute façon. Alexandre demain tu auras intérêt à me donner des explications sur tout ce qui s'est passée ce soir. Je suis trop fatiguée pour écouter tes mensonges.

Je vois très bien que la remarque de sa mère ne le préoccupe en rien du tout. Il continue même à sourire bêtement en me regardant. Je n'en tiens pas rigueur et réponds au message.

"Si tu savais dans quel état je suis en ce moment. Pire que les couches culottes."

Lorsque j'éteins mon téléphone, Lise se gare devant la maison et nous sortons un par un de la voiture. Ce n'était pas trop tôt, je commençais vraiment à puer le vomis. Même mes cheveux noires ont une texture horrible et puent.

Je remarque, et je suis certaine que sa femme également, que la voiture de Jacques est absente. Lise semble se poser des questions mais rentre tout de même à la maison, juste derrière moi et son fils.

Epuisée, elle monte directe à l'étage se coucher. Alexandre s'enferme dans sa chambre le plus rapidement possible.

Je marche alors seule, remplie de vomi et talons en main, en direction de ma chambre.

Arrivée dedans, je jette ma robe blazer dans le balcon. Je ne supporterai pas une minute de plus cette odeur près de moi.

Je file alors sous la douche et fais ma toilette. J'en ressors avec la seule chose qui se trouve dans mon sac à dos : un long t-shirt. Heureusement que j'en avais pris un de rechange au cas où j'aurais eu le mal des transports. J'avais complètement oublié que mes valises étaient encore dans le garage.

Je passe la nuit à me tourner et retourner : impossible de dormir. Dormir dans un endroit étranger n'a jamais été autant difficile. Tout est étranger pour moi : le lit, les draps, la chambre, cette maison, cette famille. Aujourd'hui, les camps se sont construits vu le genre de personne qu'est Alexandre. Le soleil affiche déjà des rayons de soleil à travers les rideaux quand mes yeux commencent à se fermer.

Lui, moi et le désarroi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant