Chapitre 8

911 38 27
                                    

Je tombe immédiatement sur Lise et Jacques dans le jardin. Je suis étonnée qu'il soit enfin revenu à la maison. Le couple a l'aire heureux et amoureux comme jamais. Soit ils sont de bons comédiens ou bien ils se sont miraculeusement réconciliés. Etant donné l'importance de ce cocktail je penche plutôt vers la première option.

Ils m'expliquent qu'il va falloir que je possède une tenue irréprochable car la première impression auprès de ces gens est très importante. Ils s'arrêtent de parler quand Gabriela vient me saluer. Comment cela se fait il qu'elle soit là ?

-Bonjour Gabriela, tu es resplendissante ! Comment tu vas depuis la dernière fois ? lui demande Lise.

-Bonjour. Elle salue le couple. Merci, je peux en dire autant de vous. Je me porte à merveille et vous ?

-Très bien. As-tu déjà fait la connaissance d'Aylheen ?

-Oui. A vrai dire mon frère la connait depuis des années.

-Dis, pourrais tu la présenter aux différentes personnalités, j'ai peur de manquer de temps. la coupe Jacques qui semble ne pas s'intéresser à la discussion.

Gabi hoche la tête et nous voilà parties non sans que je commence à stresser.

Au bout de plusieurs dizaines d'ennuyantes salutations et de présentations, il ne reste plus qu'un homme.

-Bonjour Monsieur Yissac , je vous présente Aylheen, la fille des Davies. lance Gabriela.

-Ravie de vous rencontrez. je mens en tendant ma main à mon interlocuteur.

-Et moi de même. il déclare en me la serrant. Raphael m'a fait entendre que t'adorais la musique. Tu as déjà composé ou fais partie d'un groupe ?

-Non malheureusement, je n'ai jamais eu l'occasion.

-Figures toi que je suis directeur artistique et que mon fils, Gabriela et Raphael forment un groupe de musique. On est à la recherche d'une chanteuse. Tiens ma carte de visite. Je te ferais faire une audition si tu es intéressée.

Je reste un moment, bouche grande ouverte, à fixer sa carte. Je suis complétement ahurie par la proposition de cet homme.

-Je ne sais comment vous remerciez pour votre proposition Monsieur. Mais qui est votre fils ?

-Il faut remercier Raphael, c'est lui qui m'a parlé de toi. Mais attention rien n'est encore promis. Il se nomme Hayden, mais ne t'inquiètes pas je te le présenterai demain. il me confie avant de partir.

Je n'arrive pas à croire que mon rêve vient de se réaliser. Il faut que j'aille remercier Raph tout de suite. Je parcours le jardin, à sa recherche, quand je suis coupée.

-Ah, Aylheen, je te cherchais. Viens, on va les rejoindre. me dicte mon tuteur tout en pointant du doigt Alexandre et Lise au centre d'un cercle de personnes.

Oh non, il fallait qu'Alexandre soit là aussi ?
Le père de famille me dit de me placer entre les deux et de rester naturelle.

Il commence alors un petit discours :

« Je tiens d'abord à tous vous remercier d'avoir pris le temps de venir. Comme vous le savez, moi et ma très chère compagne Lise, avons un fils : Alexandre, que nous aimons de tout notre coeur. »

Blasphème je pense. Vu la façon dont il parlait de lui la dernière fois et la remarque de Raph hier, je me suis fait pas mal d'hypothèses dans ma tête.

« Ayant appris que cette jeune fille était sans famille et était à la rue, nous avons décidé de l'accueillir et d'en faire notre fille. Je vous présente donc Aylheen Davies. [...] »

Il continue son discours mais je ne l'écoute même plus. J'ai qu'une seule envie : me barrer d'ici.
De quel droit me rabaisse-t-il de cette manière devant autant de gens. C'était quoi son but lorsqu'il m'a accueilli ? Remonter sa cote de gentillesse auprès des gens ? Non seulement il m'insulte moi mais au passage mes parents. Moi, à la rue ? C'est une blague ? Je me retiens fortement de l'insulter car contrairement à lui, je connais la notion de respect.

Je commence à avoir mal à la tête. Tout ce monde, ces mensonges, tout me monte à la tête.

Mon regard croise alors celui d'Alexandre, visiblement intrigué.

-C'est vrai ce qu'il raconte le vieux ? il me chuchote discrètement.

-Il a dit qu'il t'aimait, alors à ton avis, il ment ou il dit la vérité ?

Je vois sa bouche s'ouvrir puis se refermer en quelques secondes. Il m'a semblé pendant l'espace d'un instant avoir aperçu une once de stupéfaction et de tristesse dans son regard. Mais j'ai du me tromper car le regard noir qu'il me décoche à présent montre uniquement de la colère. Comme d'habitude j'ai envie de dire. Je lui souris en retour, pour bien lui montrer que cela ne me fait ni chaud ni froid.
Jacques finit de parler après ce qui m'ait semblé durer une éternité.

Je ne prends pas la peine de le féliciter ni rien du tout et pars aussi vite que mes jambes me le permettent.

Je reste toute l'après-midi dans ma chambre comme cachée en priant pour que personne ne vienne me chercher. Personne semble dérangé par mon absence donc je prends mes aises et lis un livre dans mon lit. Je suis dans ma bulle d'habitude quand je lis et cela me fait tout oublier mais pourtant cette fois ci ça ne marche pas. Je suis tellement en colère que je lis sans comprendre et cela m'agace encore plus.

Je n'arrive pas à savoir qui est le pire entre le fils et le père. Je préfère sincèrement le premier car lui n'a jamais manqué de respect directement ou indirectement à mes parents. Certes à moi mais uniquement à moi. Un bruit provenant de ma porte me sort de ma transe. Je ne dis rien et fais la morte. Malgré cela, les visiteurs ne se gênent pas et ouvrent. Heureusement, c'est juste Gabriela.

-Davies est vraiment un connard. elle déclare en se posant sur mon lit.

-Lequel ? Le fils ou le père ? je ricane.

Elle me regarde d'un air désolé.

-Je suis vraiment désolée pour ce qu'a fait Alexandre. Ce n'est pas son genre tu sais.

Je ne sais pas quoi lui répondre étant donné qu'elle le considère comme son frère.

-Je ne lui ai pas reparlé depuis hier. Même au cocktail je l'ai évité. Pareil pour Raphael. Ils ont merdé tous les deux. elle m'informe comme si elle lisait dans mes pensées.

- J'espère que tout va se régler car vous avez quand même l'air de vous connaitre depuis longtemps. Et puis j'ai pas envie de casser des amitiés alors ne vous prenez pas la tête pour moi. C'était juste un accident.

-Non. elle m'interrompt en posant sa main sur la mienne. Ce qu'il a fait était juste dégeulasse. Je ne cautionne en aucun cas ce genre de comportements d'autant plus si ça concerne une amie.

Ses mots me réchauffent le coeur bien plus que je ne le pensais. Dans mon ancienne ville, tout le monde n'était pas de son avis à vrai dire. J'ai tellement était habitué au non-respect que là, face à ses paroles, je me sens traitée comme une reine.

Lui, moi et le désarroi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant