Chapitre 18

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-Alexandre. Le réprimande sa mère en haussant le ton et en affichant une mine contrainte.

-J'dis ça, je dis rien. il se défend en levant ses mains en l'air.

-Tu cherches vraiment à ce que j'allonge ta punition ?

Je pince ma lèvre inférieur pour m'empêcher de rire face à la situation.

-C'est dingue. Même ma liberté d'expression devient interdite.

-N'importe quoi. souffle Lise, fatiguée d' entendre les âneries de son fils. Elle regarde son téléphone venant de s'allumer, puis ajoute :

-Les sushis arrivent dans dix inutes Aylheen. Alexandre, en tant qu'avocate je me dois de te dire que venir manger avec nous pourrait mettre fin à ta peine.

Elle me laisse même pas le temps de protester, qu'elle descend déjà les escaliers. Je me rappelle plus du moment où j'ai signé pour manger avec cet abruti. Quelqu'un peut me le rappeler s'il vous plait ?

Me voilà maintenant assise à table, dans la petite salle dédiée uniquement à cela. La table est ronde, ce qui me donne, où que je me situe, une vue imprenable sur Alexandre. Le bonheur.

-Tu me veux quoi toi à me regarder ? il me lâche d'un air rempli de dégout.

-Je constatais juste ta mocheté. Don't worry.

-C'est quoi cette manière de parler ? résonne la voix de Lise juste derrière moi.

Parfait. Ca faisait cinq minutes qu'elle était partie ouvrir au livreur, et c'est quand je réponds à son connard de fils qu'elle se décide à revenir.

-Ce n'est pas grave, je ne lui en veux pas. joue la victime Alexandre en me fixant d'un air mauvais.

Lise hausse les sourcils et s'assoit sur la chaise qui me sépare de lui.

-Merci Alexandre. Je vois que tu fais des efforts en ce moment malgré tout. elle lui dit en déposant sa main sur celle de son fils.

Il semble ne pas apprécier ce rapprochement car il la retire immédiatement. Lise semble vexée mais essaie de le cacher du mieux qu'elle peut. J'ai l'impression qu'elle a l'habitude du comportement qu'il a.
Un silence gênant s'installe, dans lequel chacun a sa tête baissée et mange. Ce silence est soudainement brisé lorsque la sonnette d'entrée retentit.

Je ne savais pas que quelqu'un était attendu.

-Eh bien, je crois que tu as de la visite Alexandre. déclare Lise lorsqu'elle revient.

C'est là que mon regard croise celui de Hayden. Il est là, raide comme un piqué, à côté de ma tutrice. On ne dirait pas le même qu'hier soir. Sa gueule d'ange qui hante son visage lui donne un air méconnaissable. Sa capacité à changer d'attitude en présence d'adultes me déconcerte fortement.

Mais qu'est-ce qu'il fait ici celui-là au juste ? Son ami doit se poser la même question que moi étant donné l'air incompréhensif qu'arbore son visage.

-Euh à vrai dire Madame Davies je suis venu pour Aylheen.

Quoi ?

Même ma tutrice est étonnée par la situation et l'invite à en dire d'avantage car elle semble ne pas comprendre.

-C'est pour lui rendre le t-shirt qu'elle a oubliée la dernière fois...chez moi. il ment tout en mettant en évidence mon haut qu'il tient entre ses mains.

-Ah je vois. intervient Lise avec le meme sourire qu'ont les mamans quand on leur parle d'un garçon. 

Si même elle se met à nous shipper, ça devient grave.
Je me lève et reprends ce qui m'appartient en le remerciant. Raphael avait raison quand il disait qu'il allait se pointer pour ça. Au moins il est entreprenant c'est déjà ça.

-Ton haut est à l'étage dans ma chambre, tu viens avec moi ? je lui propose en me rappelant que j'ai également quelque chose qui lui appartient.

Il hoche la tête avec un sourire espiègle et me suit.

-Il faut que je t'avoue que je suis pas venu uniquement pour une question d'habits. il me confie en scrutant ma chambre dans tous ses détails, pendant que je cherche son haut.

-Je l'avais deviner ne t'inquiètes pas. je rigole en le lui tendant.

-Il me fallait bien une excuse pour pouvoir te parler de vive voix.

-Me parler de quoi ? je l'invite à continuer tout en le regardant dans les yeux.

-Tu sais, du groupe.

-Si c'est pour ça, pourquoi est-ce qu' il n'y a que toi et pas les autres ?

Il met un moment à trouver quoi me répondre. Le voir ainsi, se creuser le cerveau pour avoir un minimum de crédibilité, me tue de rire.

-Parce que je suis leur représentant. Il lâche enfin en haussant les épaules.

-Ah oui leur représentant. Et leur représentant voulait me faire parvenir quelle information ?

Il s'avance d'avantage vers moi, écrasant alors la distance minime qui nous séparait.

-A vrai dire, il devait absolument relever le fait qu'une fille comme toi ne pouvait pas venir sur scène avec nous. Tu nous ferais trop d'ombre.

-T'es trop con. je ricane en posant ma main sur son torse.

Nos yeux descendent en même temps sur cette dernière et nos sourires s'effacent. On se met sur pause tous les deux. Je retire alors ma main, regrettant mon geste.

-Non ça ne me dérange pas. il me rassure en la replaçant.

On se regarde droit dans les yeux pendant qu'il se rapproche de moi. Il se rapproche aussi doucement que surement. Son regard dévie sur mes lèvres, maintenant à quelques millimètres des siennes, quand un raclement de gorge nous interrompt.

On se retourne en même temps, surpris et pris en flagrant délit par ma tutrice. Celle-ci nous observe, adossée contre l'encadrement de la porte, tout sourire.

-Je me disais que vous preniez beaucoup trop de temps pour un simple t-shirt.

On est tellement gêné par la situation qu'aucun de nous deux n'ose dire quelque chose.

-Aller descendez vous ferez ça à un autre moment. C'est l'heure de manger. elle nous gêne encore une fois avant de partir.

J'enroule mon visage entre mes mains, morte de honte.

-C'est bon, elle aurait pu interrompre un truc beaucoup plus intense. il se marre.

Bon il a pas tout à fait tort, c'est vrai. Attendez, comment ça un truc beaucoup plus intense ?

-Aller viens. il m'entraine par le bras.

-Tu veux pas rester manger ? lui propose Lise, voyant qu'il s'en va.

-Je suis sure qu'il peut pas. Il doit avoir pleins choses à faire, hein dit Hayden ? le persuade Alexandre.

-Merci Madame Davies mais je ne veux pas vous déranger et Alexandre a raison, des tas de choses m'attendent à la maison. il refuse.

Pourquoi est-ce que Alexandre veut à tout prix se débarrasser de Hayden ?

-Ca ne nous dérange pas du tout et cela ne peut pas attendre ? insiste ma tutrice.

-C'est vrai. Restes, ça me ferait plaisir. je rajoute.
Il est sur le point de céder quand le fils de ma tutrice se mêle encore dans la conversation.

- Hayden. Il le rappelle à l'ordre en le foudroyant du regard.
Si ses yeux étaient des lasers, je crois bien que Hayden serait mort depuis bien longtemps.

- Une prochaine fois peut être. Il se décide d'un air désolé.

Lui, moi et le désarroi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant