Chapitre 9

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Petit à petit les invités commencent à partir au plus grand de mes plaisirs. Même Gabi finit par rentrer. Malheureusement, je n'ai pas vu son frère qui, je pense, a raté volontairement le cocktail à cause d'hier.

Quand il ne reste plus personne, mes tuteurs viennent et me disent de venir les rejoindre dans le salon.

-Assis-toi je t'en pris. me dit Lise sans me regarder dans les yeux et en désignant une place sur le fauteuil à côté d'Alexandre.

J'obéis et me mets le plus loin possible que lui.

-Le cocktail a porté ses fruits.

Tu veux dire " te rabaisser Aylheen a porté ses fruits" plutôt, non ?

-Un très grand investisseur est intéressé par mon travail. Il vient d'un autre état et veut me rencontrer en personne. Cela pourrait être le plus grand contrat de ma carrière. Je dois prendre le premier avion ce soir et reviendrai dans la semaine. Enfin tout dépend de comment cela se passe sur place. annonce le père de cette famille.

-Oui et ? Ca me concerne en quoi ? survient son fils. Visiblement il en a rien à foutre et ne le cache en rien.

-Il va falloir que tu t'occupes d'Aylheen car moi aussi je pars avec lui. dit Lise.

Pardon ? Non Lise tu étais la seule que je pouvais me voir dans cette maison. Pourquoi me fais tu ça ?

-Quoi ? J'suis pas baby-Sitter moi. Et déjà pourquoi tu pars avec ?

- Aylheen est nouvelle dans cette ville et fait partie de la famille, comprends le. Elle a besoin d'un minimum de repère. Tu te dois d'en être un. Et comme ton père l'a dit c'est très important et je me dois de le soutenir.

Oh Lise ton fils est tous sauf un repère. Il me fait justement oublier tous mes repères au point de tomber comme une merde en soirée. Alexandre marmonne quelque chose à voix basse et passe sa main dans ses cheveux.

-Je précise et je ne le répéterai pas deux fois : pas de fêtes et je veux personne dans cette maison. Aucunes sorties le soir. C'est claire ? prévient Jacques.

-Hein, c'est une blague ? se plaint une voix rauque à mes côtés.

-Vu ton comportement de ces derniers jours, c'est tout à fait normal ce que j'impose. Je n'ai pas envie de retrouver ma maison sens dessus dessous quand je reviendrai.

Le couple monte juste après cette annonce à l'étage pour faire leurs valises. Je fais de même et monte dans ma chambre. Aucun mot n'est sorti de ma bouche et je compte jouer au jeu du muet pour un bon moment.

Il est que dix huit heures et ils doivent partir pour dans une heure. Je n'ai vraiment pas envie de les croiser après leur discours donc je reste bien sagement dans ma chambre à attendre leur départ. Ce qui est cool est que je suis tellement insignifiante pour Jacques, il ne me salut même pas. Ce n'est que sa femme qui vient me dire au revoir.

-Fais attention à toi. Je t'appellerai dès que j'en aurai l'occasion afin de prendre de vos nouvelles.

Allongée sur mon lit tandis qu'elle se trouve devant ma porte ouverte, je fais comme si elle n'étais pas là. Je ne l'invite pas à rentrer d'avantage et reste dans une attitude non-chalante.

-Oui promis. je marmonne en gardant mes yeux posés sur mon téléphone.

Elle comprend vite le message et me laisse. Je m'attendais à recevoir des excuses pour avoir laissé son mari m'humilier, mais non. Rien. Nada. Pas un pour rattraper l'autre. Comment peut-elle laisser son mari dire autant d'atrocités sur sa meilleure amie et sa fille ? Ils me dégoutent tous.

Une fois que je suis assurée qu'ils sont partis, je descends en bas et me dirige vers la cuisine. Je n'ai pas manger de la journée et mon ventre me le fait bien sentir. Je trouve sur la table pleins de cadeaux des invités de cet après midi. Certains ont même ramené des bouteilles de vins, des apéritifs et des gâteaux.

Je ne me gêne absolument pas et pioche un peu de partout. De toute façon personne n'est là pour manger tout ça. Et puis le gâchis est mal rappelez vous. J'emporte mon petit trésor avec moi et me pose sur le canapé du grand salon. Je lance Netflix et commence à regarder un film d'horreur. Plongée dans le noir, je suis à fond dans l'histoire. La maison est tellement calme que le seul bruit présent est celui de la télé. C'est à la fois flippant et calmant.

A sa fin, j'ai des frissons dans tout le corps. Je suis tellement en flippe vu ce que j'ai regardé que je garde la lampe de mon téléphone allumée. Petit rappel à mon moi du futur : ne plus regarder de film d'horreur quand je suis seule à la maison le soir, surtout dans une aussi grande maison. A tout moment, un mec avec une tronçonneuse apparait et me tombe dessus. En plus, je ne connais pas encore cette maison, donc aucunes cachettes secrètes à utiliser en cas d'urgence.

En arrivant à mon étage, je passe devant la chambre d'Alexandre. Sa porte est fermée mais j'entends des petits bruits provenant de l'intérieur. Pauvre petit qui est privé de sortie durant l'absence de ses parents.

Dans ma chambre, j'allume mon enceinte et mets ma musique à fond. Serait-ce pour mettre en rogne l'autre ? Non, je n'oserais jamais. Serait-ce alors pour me venger d'hier ? Bien sûr que non voyons. Lorsque j'enfile mon pyjama, j'entends frapper à la porte.

- Baisses ta putain de musique. il me cri de l'extérieur.

Je ne réponds rien et augmente le son. La chanson "I feel like I'm drowning" de Two feet retentit tellement fort que j'ai l'impression d'être projetée vingt quatre heures en arrière.

Sans même l'entendre entrer vu le bruit, Alexandre apparait en trombe dans ma chambre. Il cherche l'enceinte des yeux et finit par la trouver. Ni une ni deux, je me place devant la table de chevet sur laquelle elle est posée. Il devra faire des efforts pour pouvoir l'éteindre.

- Coupes cette musique j'ai dit. il m'ordonne d'une voix sèche.

- Sinon quoi ? je le mets au défi avec un rictus. A part montrer les crocs à tout bout de champs, tu sais faire quoi d'autre ?

Il se rapproche d'un coup vers moi. Je me retrouve maintenant entre la table et son corps. Je persiste à le regarder dans les yeux et ne les baisse sous aucun prétexte. S'il pense m'effrayé, il se trompe. La musique continue à tourner et je suis tellement proche de l'enceinte que je ressens des vibrations.

- Joues pas à ce genre de jeux avec moi Aylheen. il soupire en se rapprochant encore plus qu'il ne l'était déjà.

- Je ne jouerai jamais à ne serait-ce qu'un jeu avec toi Alexandre. je ricane.

-Restes dans cette optique si t'as envie de rester en vie durant cette semaine.

Je lève les yeux au ciel et il profite de cet instant d'inattention pour prendre l'enceinte derrière moi et partir en trombe.
Insupportable. Alors qu'il a dépassé la porte de ma chambre, il se retourne une derrière fois pour me narguer.

- Merci pour la réf de la musique hein. Je saurais quoi écouter la prochaine fois que je le ferais. il s'esclaffe.

J'ai envie de lui arracher les yeux, c'est pas possible. Je ne savais pas qu'on pouvait autant détester quelqu'un en si peu de temps.

Lui, moi et le désarroi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant