Chapitre 21

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J'essuie les paumes de mes mains sur mon jean tandis que la porte s'ouvre en un lourd grincement.

-Salut mec. Ca faisait longtemps que je t'avais pas vu dans le coin. s'exclame tout content le mec qui nous ouvre la porte d'un bâtiment délabré.

Ce dernier doit avoir la trentaine. Ses cheveux noir foncés sont tout ébouriffés et semblent ne pas avoir été lavés depuis un lustre. Je parie que de base il doit être châtain et que le gras a sa part de responsabilité dans ce changement de couleur. Un bouc de barbe mal taillé arbore son visage rempli de vieilles cicatrices. Sa corpulence est assez importante au point qu'il pourrait même faire de l'ombre à Alexandre. Son débardeur, rempli de je ne sais quelles tâches, laisse apparaitre des muscles importants. Sa peau est tatouée est rêche.

- J'étais occupé ces derniers temps. il se justifie en s'échangeant une poignée de main.

- Y'a de quoi l'être avec cette poupée. Tu me la présentes pas ?

Je déglutis tandis qu'il se lèche les lèvres lentement tout en me fixant. Raphael, la mâchoire serrée, se raidit face à ce commentaire.

- C'est ma soeur, elle n'est pas à présentée Typhon. intervient immédiatement Alexandre en s'interposant entre lui et moi.

Sa soeur ? Depuis quand à ses yeux je le suis même ? Raphael le remercie du regard pour son intervention, contrairement à moi.

- Je sais encore répondre par moi même. Je m'énerve en croisant les bras.

-Elle a du caractère cette nana. rit le dealeur. Rentrez, on va pas faire ça dehors. il nous invite à rentrer.

- Avec plaisir. je dis faussement.

On traverse alors un couloir tellement laissé à l'abandon que les toiles d'araignées sont plus présentes que l'oxygène. J'ai l'impression d'étouffé. Du bout des doigts, je joue anxieusement avec mon collier. Je ne fais cependant aucune remarque et fais comme si de rien n'était. Je ne donnerai pas cette satisfaction à Alexandre. Le responsable des lieux tire une bâche vers le côté et celle ci laisse ainsi apparaitre des escaliers. Chacun à leur tour, les garçons passent par ce chemin. Quand vient mon tour de passer, Alexandre qui se trouve devant moi, lâche subitement la bâche et je me retrouve à la recevoir en plein visage. Le salop. Je respire un grand coup et la repousse. Si mettre à bout les gens serait un métier, il serait milliardaire. Quoi qu'il ne le soit déjà.

On finit par atterrir dans une pièce totalement différente que celle du dessous. Elle est remplie de gens et l'ambiance est légèrement différente. Des personnes fument sur des canapés avec de la musique et des bières autour d'eux. Tous, quand je passe, me regardent de haut en bas avec un sourire pervers. Je me sens de plus en plus mal à l'aise et l'envie de partir augmente. Etant donné que mon égo est énorme, j'essaie à tout prix de ne pas le montrer afin de ne pas donner raison à Alexandre.

Près d' une table dans un coin, Typhon nous réuni.

- Vous voulez quoi aujourd'hui ?

- De l'héroïne uniquement pour moi. se décide mon ami.

- Il te reste du fentanyl mec ? demande Alexandre.

- Juste devant vous.

Après un échange argent-drogues, qui semble tout à fait normal pour eux, on se décide à partir.

-Tu prends rien la miss ?

- Non ce n'est pas mon truc. je refuse poliment.
Je ne juge pas les gens qui en prennent mais ce n'est pas pour autant que moi-même j'en prendrai. J'ai déjà eu assez de problèmes à cause de ces merdes.

- Comme tu voudras. Si par hasard ça t'intéressera dans le futur, viens quand tu veux, ça sera avec plaisir.

Je sens qu'il ne parle pas uniquement de substances illicites et je ne sais quoi répondre face à cela.

-Je suis persuadé qu'elle y pensera. intervient Raph en posant son bras autour de mon épaule. A la prochaine Typhon.

Une fois dans la voiture, Raphael se retourne vers moi. Quand je croise son regard, on explose tous les deux de rire.

-Il voulait vraiment pas te lâcher c'est dingue. il se marre en frappant son siège.

-Arrêtes il va me manquer. je plaisante en feintant d'essuyer une larme.

Le trajet jusqu'à ma nouvelle maison se passe heureusement dans la bonne humeur. Toujours avec du Chase Atlantic bien évidemment.

Quand je descends de la voiture, je remercie le conducteur et lui demande de faire attention ce soir.

-Oui oui. il lève les yeux au ciel.

-Je suis sérieuse. Tu sais très bien ce que ça peut engendrer. je sous entends en espérant qu'il voit à quoi je fais référence.

-T'inquiètes je gère Aylheen. il m'assure d'un air qui se veut rassurant.

-Madame est médecin maintenant. soupire une voix masculine se trouvant côté passager.

Je ne prends guère la peine de lui répondre et rentre à la maison.

- Lise ? je crie en remarquant que la maison est silencieuse.

-Jacques ? Je suis rentrée.

Personne ne me répond. Je regarde alors mon téléphone et me rends compte que ma tutrice m'a laissé un message vocal il y a quelques heures de cela.

Celui ci m'informe qu'elle travaille tard et qu'elle ne risque pas de me croiser. Elle m'invite donc à ne pas hésiter à l'appeler au moindre problème et de commander autant à manger que je le veux.

Je saute immédiatement de joie. J'aurai la maison rien que pour moi étant donné que leur fils n'est presque jamais là. En plus il va à la soirée avec Raph ce soir donc il risque d'y dormir.

Après avoir ranger ma chambre et pris une bonne douche, je me fais à manger.

Il me faut une bonne heure pour que je me pose enfin et goûte à mes pâtes au fromage. Elles ne sont pas incroyable mais elles semblent mangeable. Au bout de deux bouchées, j'abdique. Je retire ce que j'ai dit : elles sont dégueulasses. Pourtant j'ai suivie la recette mots pour mots ! La cuisine est vraiment pas faite pour moi. Il faut vraiment que je me rentre cela dans la tête.
Je laisse mon magnifique chef d'oeuvre sur le plan de travail et me résigne à me livrer à manger. Quand je croque dans mon tacos, je fonds. Ca faisait super longtemps que je n'en avais pas mangé. Je savoure mon repas dans le jardin étant donné qu'il fait encore bon dehors. J'hésite à me baigner mais je me rappelle que je suis seule à la maison. Ce qui veut dire qu'à tout moment si quelqu'un sonne ou bien rentre, je ne l'entendrais pas.

Je rentre dans mon lit avec un livre et lis jusqu'à ce que des bruits me stoppent dans ma lecture. Mon coeur manque un battement et je ne bouge plus. Je tends l'oreille et me concentre pour trouver d'où cela a pu provenir. Je comprends vite qu'ils proviennent de la chambre d'à côté. Celle d'Alexandre. De nouveaux bruits retentissent et se font maintenant de plus en plus forts et répétés. Je décide de poser le livre et de me rapprocher du mur afin d'être fixée sur le fait que je n'interprète pas mal la situation.
Mais non. J'entends même le lit grincé en rythme


-AHHH. Continues Alexandre. jouie une voix féminine.


Lui, moi et le désarroi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant