La sentence de Drago Malefoy

Chapitre 32

-Allez, réveil toi saloperie de mangemort. 

Malefoy se fait bousculer par un gardien, il lui assène un regard noir.  Avant de le suivre jusqu'au bureau du Président du Magenmagot, les mains ligotées comme à son habitude.  

Le grand bureau s'ouvre à lui alors qu'il y est poussé et contraint de s'asseoir en face du vieil homme qu'il déteste a présent. Il déplore son incompétence et son ignorance. Mais ça, Drago le garde pour lui. 

Il ne sait même pas combien de jours ont passés depuis qu'il a vu Zoé. Il perd complètement la notion du temps dans ce trou à rats. 

-Mr. Malefoy. 

Le concerné ne répond et se contente de fixer son interlocuteur par dessous ses mèches de cheveux platines qui retombent sur son front. 

-Je ne vous cache que nous avons beaucoup hésité, suite à l'intervention impromptue de Miss Willkins.  Il boit une gorgée de thé.  Vous ne serez pas transféré à Azkaban. Les yeux de Draco s'ouvrent en grand. Pour l'instant. Mais nous allons ouvrir une enquête et pendant cette durée vous serez assigné à résidence.  

C'était inattendu. Zoé a réussi a le sauver. Du moins pour l'instant. 

-En vue de votre rapprochement flagrant avec Miss Willkins, vous ne retournerez pas en France. Vous devez trouver un endroit ou résider Mr Malefoy car vous y resterez le temps de l'enquête sans la possibilité de sortir, de transplaner.  
-Pourquoi pas au Manoir ? Demande-t-il. 
-Je ne vous ferai pas le plaisir de vous réunir votre mère et vous. Pas temps que vous ne serez pas innocenté.  
-Mon père avait un appartement privé  dans le Londres moldu, au cas où les choses tourneraient mal. 
-Donnez moi l'adresse afin que j'envoie quelques Aurors vérifier. 

Drago n'a jamais vu cet appartement, il avait juste eu l'information par son père. Non pas pour protéger sa famille, mais pour se protéger lui, lâche comme il est.  Ce trait de caractère, Drago l'avait hérité. Mais depuis la chute du Seigneur des Ténèbres, il ne s'est plus caché dans les jambes de son père. Il affronte ses peurs et ses ennemis. 

                                                                                   [...] 

Lorsqu'il investit les lieux et que les Aurors sont enfin partis, il observe chaque recoin de cet appartement. Il est décoré, sans surprise, comme au manoir. Cet endroit était-il la garçonnière de son père ? 

Drago n'était pas naïf, Lucius avait sans doute fait quelques infidélités à sa mère. 
Il n'y a aucune photo de famille, simplement quelques livres posés dans une bibliothèque murale.  Un canapé en cuir noir, une cheminée qui ne fonctionnera certainement pas sans magie, un petit bar, une cuisine qui semble neuve. Aucun elfe n'a dû l'utiliser. Plus loin, une chambre au couleurs argentées, aux murs noirs digne d'un Malefoy, ouverte sur une salle d'eau avec une immense douche à la moldue. Bien loin des baignoires profondes et gigantesques. 
Il trouve bizarre le fait de ne pas avoir de séparation entre ces deux pièces. Mais après tout, cela pourrait être pire. C'est plutôt confortable. 

Il regrette néanmoins ne pas posséder de télévision. Il y avait pris goût et c'était relativement divertissant. 
 
Sa male est déjà disposée dans le salon, il prend le temps de ranger ses vêtements un à un, sans magie.   Le garde manger est vide, comment va-t-il faire pour le remplir puisqu'il n'a pas le droit de quitter cet appartement ?

Son père a bien du laisser trainer une baguette ou un moyen de communiquer avec d'autres personnes. 

Ou, il pourrait envoyer une lettre par hibou en demandant à l'un de ses voisins de le faire ?  C'est alors qu'il se met à rédiger sur un parchemin. 

Mais il n'eut pas besoin de le rédiger longtemps, car le survivant est apparu dans un "Pop", baguette en main. 

-Potter, je pensais que nous en avions terminé toi et moi. Dit Drago désinvolte. 
-Malefoy. Je suis venu voir où tu allais vivre. 
-Excuse moi, mais je n'ai pas envie de te faire un tour du propriétaire. Ni de te payer une bière au beure. 

Harry marche jusqu'à la fenêtre la plus proche et observe l'agitation dans la rue piétonne. 
Le silence est gênant dans la pièce de vie. Mais rien d'anormal pour les deux ennemis. 

-A qui écrivais-tu ? 
-En quoi cela te regarde ? 
-Simple curiosité. 

Puis le Gryffondor faisait de nouveau face à Malefoy, contournant l'îlot de la cuisine.  Il se fit la remarque qu'encore une fois Malefoy ne s'en sortait pas trop mal. 

-Je n'ai pas de nourriture. Explique Drago en observant ses ongles. Je voulais faire passer le message à un voisin pour qu'il me fasse quelques provisions. 
-Dans le monde moldu, il y a des livreurs pour les courses, les repas... Tu peux commander à ta guise. 
-Comment dois-je faire ? 

Harry soupire. Il ne sait même pas pourquoi il prend la peine d'éduquer Drago Malefoy, comme il se plait à le dire. 
Cependant, il utilise un sort pour transformer un simple livre en tablette. 

-C'est une tablette avec laquelle tu pourras commander Malefoy. Tu cliques ici, puis ici et tu passes commande avant d'entrer l'adresse de l'appartement. 
-Comment puis-je payer ? 

Harry n'avait pas pensé à ceci. 

-Tu es en liberté conditionnelle. Tu as encore accès à ton argent. Cependant il faut le convertir en livres sterling.  Les sourcils de Malefoy se froncent. 
-Je ne peux aller à Gringotts, réfléchis un peu Potter. 

Ce qu'il pouvait l'agacer. Pour lui, Harry était loin d'être une lumière. 

-C'est vrai, en revanche, Zoé a toujours procuration. 

A la mention de son prénom Drago se redresse vivement. Avec tout ce grabuge il ne s'est même pas demandé comment elle allait. Si elle était bien rentrée depuis l'autre jour. 

-Tu vois, je ne suis pas si crétin Malefoy, ironise Harry en s'accoudant contre l'îlot. 

Le blond ne répond rien. Cela le tuerait d'admettre une chose pareil. 

-Pourquoi tu fais ça ? Ne put-il, néanmoins, s'empêcher de demander à son pire ennemi. 

C'est vrai que le Gryffondor s'est montré relativement indulgent avec lui depuis  leur petite aventure lors de la disparition de sa mère et Zoé.  Il a été cherché Zoé pour qu'elle témoigne en sa faveur lors de son procès, il lui rend visite, sans obligation, aujourd'hui et lui propose indirectement son aide. 

-Il faut croire que je suis altruiste. 
-C'est très Poufsouffle ça, Potter. Ricane Drago. 
-J'ai discuté avec Zoé, à vrai dire... J'ai bien compris qu'elle t'apprécie beaucoup. 

Malefoy ne dit rien et se contente de regarder à son tour par la fenêtre. S'il y a bien un sujet qu'il ne prend pas à la légère c'est le sujet Zoé Willkins. La moldue. La sans pouvoirs. La femme qu'il côtoie depuis deux mois et avec qui il entretenait une relation particulière. Je t'aime moi non plus. 

- Tu m'en diras tant... 

Malefoy ne voulait pas que le survivant aperçoive l'intérêt qu'il porte à cette femme. 

-Ne joue pas à l'indifférent. J'ai bien vu la manière dont vous vous regardiez et j'ai compris qu'il se tramait quelque chose entre vous lorsqu'elle est partie de chez elle, le jour où tu as appris que ton procès était révisé. 
-Tu te fourvoies Potter. Elle et moi c'était juste... 

Visiblement Malefoy n'est pas enclin à en dire plus à ce sujet. Pourquoi se confierait-il à son ennemi juré ?  

-Bon, je vais demander à Zoé de retirer de l'argent en ton nom, sur ton compte bancaire moldu. 
-Comment cela est-ce possible ? 
-C'était une décision du ministère lors de ton jugement. Zoé n'avait pas à supporter tous les frais que tu lui aurais couté.  

Drago ballait l'air de sa main, afin de couper court aux explications du sorcier. 

-Je vais te ramener quelques provisions et nous aviserons ce week-end pour que tu puisses t'en charger seul. 
-N'attend pas de remerciement de ma part Potter. 
-Je n'attendais rien. 

Puis il disparait en transplantant de nouveau.  Malefoy enfouissait se sentiment de reconnaissance qu'il sentait au fond de lui. Il ne pouvait décemment pas à se mettre à tolérer Saint Potter et sa bande.