Chapitre 21

129 5 0
                                    

Devant le cabinet du Dr. Chanet, Zoé inspire pour se donner le courage de franchir cette porte. Elle sait qu'elle va devoir se confronter à sa douleur et à ce qu'elle a vécu.

D'une main tremblante, elle appuie sur la sonnette et entre pour se présenter à l'assistante.

-Le docteur va vous recevoir.

Ledit docteur sort de son bureau, accompagné d'un jeune adolescent et l'observe avant de dire à son assistante qu'il la prend tout de suite.

Ils entrent dans une pièce chaleureuse, ornée d'un bureau en bois massif et d'un canapé de ton ocre. Un jardin japonais trône sur une petite table basse en bois, assortie au bureau.

Le psychologue invite Zoé à s'assoir sur le canapé tandis que lui, se positionne en face dans l'un de ses fauteuils.

C'est un homme qui doit approcher la soixantaine. Son crâne est dégarni mais son visage semble doux et amical. Ce qui permet à Zoé de se détendre.

-Bien, vous désirez boire quelque chose Mademoiselle Wilkins ?
-Non merci, c'est très aimable.

Il s'adosse donc dans son fauteuil, croise ses jambes et ses doigts puis lui dit :

-Si mes informations sont correctes, vous avez vous même pris ce rendez-vous.
-Tout à fait.
-Bien, on aborde une thérapie différemment lorsqu'un patient vient de son plein gré. Il se racle la gorge et observe Zoé par dessus ses lunettes. Si cela ne vous ennuie pas, je souhaite enregistrer notre échange, ce qui me permet de travailler dessus afin de réellement vous comprendre. Ainsi, vous apporter une aide significative.
-Non, allez-y.

Zoé ressemble a un petit animal égaré, apeuré. Rien de surprenant pour le médecin.

-Bien. Commençons. Que faites-vous dans la vie ?
-Je suis à la fac de droit, je souhaite être avocate.
-Très honorable. Dans quelle spécificité souhaitez vous être diplômée.
-Je... Elle déglutit. J'aimerai m'occuper des affaires familiales, crimes conjugaux et violences sexuelles.
-Heureusement que nous avons des personnes comme vous, engagées pour une cause ayant très peu de moyens.
-Cela me tient à cœur. Surtout depuis que...

Zoé ravale ses mots, devait-elle le dire, de but en blanc, alors qu'ils échangeaient sur ses perspectives de carrière ?

-Depuis que ? Insiste le Docteur. Dites le moi Mademoiselle Wilkins.
-Depuis que... Sa gorge se noue. C'est comme si elle n'avait pas à prononcer ce mot. Depuis que j'ai été v...
-Que vous avez été abusée sexuellement et moralement.
-Oui.
-C'est ce qui vous amène aujourd'hui ?

Elle hoche la tête et joue avec ses doigts, nerveuse et retenant les larmes qui menacent.

-Vous n'avez pas à avoir honte. Vous n'êtes pas la seule à franchir ce cabinet pour les mêmes raisons. Je suis ici pour vous écouter, essayer de vous aider à vivre avec. Car je ne peux pas vous mentir en vous disant que tout ceci s'effacera.
-Je le sais.
-Vous n'êtes pas obligée de me raconter tout ce que vous avez vécu aujourd'hui. Vous pouvez me faire part de votre état depuis que vous êtes rentrée chez vous, vous pouvez me faire part de vos émotions... Tout ce que vous souhaitez, ne vous brusquez pas.
-J'ai travaillé sur plusieurs cas pratiques, j'ai même participé à quelques procès dans les tribunaux. J'étais peinée pour les victimes d'abus, pour ces femmes et hommes qui semblaient avoir tout perdu. Mais à aucun moment je ne me suis imaginée à leur place. Je ne pouvais pas ressentir tout ce qu'ils exprimaient. Jusqu'à aujourd'hui. Et je m'interroge. J'ai peur que cela m'affecte.
-Votre expérience personnelle peut, au contraire vous aider dans votre vie professionnelle. Vous saurez contre quoi vous vous battrez et ça vous donnera la rage de poursuivre, d'aller jusqu'au bout de vos études, de vos dossiers pour défendre ces femmes, hommes et enfants qui n'ont peut-être pas les mêmes capacités que vous Zoé.
-Mêmes capacités ? Que sous-entendez-vous ?
-Comme je vous l'ai dit au début de notre entretien, vous avez entrepris cette démarche vous même. Vous me semblez être une femme forte, indépendante et prête à surmonter cette rude épreuve. D'autres personnes sombrent, se droguent, s'alcoolisent ou développent d'autres dépendances toutes aussi désastreuses.
-Je ne crois pas en arriver là. Je suis plutôt bien entourée. Le premier soir quand je suis rentrée chez moi, je me sentais vide, détruite. J'ai, je l'admets, bu pour tenter d'effacer tous ces flashs qui apparaissent dans ma tête.
-Et aujourd'hui ?
-Quelque chose a changé, je crois. Je...

La sentence de Drago MalefoyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant