Chapitre 4

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Zoé sort de son lit, les pieds traînants et se dirige directement dans la salle de bain pour se rafraîchir avant d'aller prendre un bon petit déjeuner.
Lorsqu'elle remue son thé, absente, elle repense à la veille. Elle se souviens de ce regard dur et glaciale, mais complètement désarçonnant. Elle a détourné les yeux la première prétendant prendre son appel.  C'était sa mère qui tentait de la joindre à vingt deux heures trente passées. 
Ne s'en formalisant pas, elle s'était dit qu'elle la rappellerait aujourd'hui.  

Drago arrive à son tour, chemise ouverte attirant l'attention de Zoé qui lorgne sur ce corps d'albâtre, fin et athlétique. 

-Ce que tu vois te plait Zoé ? Lance-t-il dans un rictus provocateur. 
-Pas le moins du monde, ment-elle en plongeant dans sa tasse de thé. 

Drago sait qu'elle n'est pas réellement insensible mais, il verra ça plus tard. Cela pourrait être drôlement divertissant de se prêter à un jeu taquin avec cette moldue. 

La blonde pianote sur son téléphone et le porte à son oreille. 

-Oui, bonjour maman. 
-Tu ne m'as pas répondu hier soir.
-Oui, je sais. En même temps tu m'appelles tard. Qu'est qu'il t'arrive ? 
-Je vais recevoir un colis important pour ma prochaine conférence à la maison, il faudrait que tu me l'expédies rapidement jusqu'au Clairon Hôtel à Oslo. Tu veux l'adresse ? 
-Non, ça ira, je regarderai sur internet. 
-Tout ce passe bien à la maison ? L'ami d'Hermione est sympa ? 
-Ouais, il est rustre, mais il ne mord pas.


Zoé aperçoit Drago qui fulmine à l'idée d'être comparé à un animal.  

-Ok, prends soin de toi. À bientôt Zoé. 
-Bye maman. 


Drago se laisse à penser qu'il n'aurait jamais pu parlé avec tant de désinvolture à sa mère ou encore son père. Son éducation ne le lui permettrait jamais. 

-Je ne suis pas rustre. 
-Oh que si tu l'es Malefoy !  Il n'y a que la vérité qui blesse. 


Zoé le fait un clin d'œil et se lève pour quitter la table pendant que Malefoy bois un jus d'orange en observant le petit short en coton gris, assorti à un débardeur qui ne laisse guère de place à l'imagination.  Toutes les moldues sont vêtues de cette manière ? Se demande-t-il. 

-Je t'emmène faire un tour aujourd'hui Malefoy, prépare toi. Entend-t-il depuis la maison. 

Lorsque Zoé sort de sa chambre, elle tombe nez à nez avec Drago, toujours habillé en chemise manches longues et pantalon de costume. 

-Tu n'as pas d'autres fringues ? Tu vas mourir de chaud comme ça. 
-Non, et puis je trouve ça très bien moi. C'est ce que nous, les sang purs portons chaque jours. 
-On va faire une halte dans une boutique, parce que ce n'est pas possible. Tu me donnes chaud. 


Drago s'amuse du double sens que peut avoir cette dernière phrase et s'approche de Zoé, la surplombant totalement et finit par la retenir prisonnière contre le mur, sans la toucher. 
Il sait très bien qu'elle ne voulait pas dire qu'il lui donne chaud  dans le sens figuré mais il peut tout de même se délecter de la situation, non ? 

-Je te donne chaud ?  fredonne-t-il d'une voix plus profonde.    
-Tu sais très bien que ce n'est pas ce que je voulais dire. 

Cette soudaine promiscuité fait accélérer les battements du cœur de Zoé. Le regard de Malefoy est, comme la veille, rivé au sien. Mais cette fois ci, son iris ne forme qu'un petit cercle argenté tant ses pupilles sont dilatées.  Il pourrait l'embrasser, ici tout de suite. Son attention est même très vite attirée par la pointe de la langue de Zoé qui humidifie ses lèvres mais il se raisonne. Pas une moldue. Non. Il ne se rabaisserait pas à ça. 

-On pourrait peut-être y aller. Dit-elle d'une voix peu assurée. 

Drago ne répond rien et quitte le couloir attendant la blonde au rez-de-chaussée.  Après avoir repris contenance, elle apparaît, un sourire cloué aux lèvres comme si elle n'a pas été témoin du mal aise que Drago a causé entre eux deux il y a à peine quelques secondes. 

Elle monte dans sa voiture, un crossover de marque française, aux sièges en cuirs qui sont incroyablement merdiques en cette période de grosse chaleur. Drago ouvre la portière et s'installe devant avec scepticisme non feint. Il observe l'habitacle et se retourne découvrant les sièges à l'arrière.  

-C'est donc ça, une voiture ? 
-Hum. Vous n'en avez pas du tout dans le monde sorcier ? 


Il voit Zoé attraper une bande pour la passer devant son corps et la clipser dans un boitier. Il décide de faire la même chose. 

-Non, on a des balais, des calèches, mais surtout on peut transplaner. 
-Ah oui, vous téléporter un peu ? 
-Dans un sens oui. 


La musique s'allume lorsque la voiture démarre et Drago s'accroche désespérément au siège. 
Il ne sait pas si cet engin est dangereux, ni même si Zoé conduit convenablement ce truc. Mais très rapidement, il se détend et observe les paysages. 

Ils n'ont rien à voir avec le sud de l'Angleterre où il fait froid et gris sans cesse. Ici, les moldus se promènes profitant de la chaleur, la plus part sont assis en terrasse et boivent ou encore mangent.  La végétation est sèche hors des agglomérations mais luxuriante dans les villes. Les palmiers font au moins quinze mètres de haut et tout ceci impressionne Drago Malefoy, le sang pur. 
Les voitures semblent avoir un code à respecter puisque à certains moments Zoé s'arrête pendant que d'autres passent.  
Ils arrivent dans une ville avec des immeubles différents architecturalement parlant. Il y a aussi bien des bâtisses en pierres, et d'autres plus modernes comme il n'en avait jamais vu. Même dans le Londres moldu.  

Zoé se gare à l'ombre  et invite Malefoy à la suivre jusque dans une boutique. Rien qui ne ressemble aux magasins qu'il fréquente habituellement. 
Zoé lui tend quelques vêtements et lui recommande de les essayer, alors qu'elle patiente sagement devant la cabine.  

Drago marmonne des insanités sur les vêtements qu'il aperçoit dans le miroir. Mais la réaction de Zoé est toute autre. Elle sourit à pleine dents en le complimentant. 
Il porte un t-shirt aux manches longues, en lin avec un col officier et un jean, près du corps ainsi qu'une paire d'espadrilles. 
Zoé se lève et attrape le bas des manches pour les retrousser, mais Drago l'en empêche vite, se rappelant que la marque des Ténèbres allait être visible.  

-Oh, est ce que cela te gène ? Demande-t-elle le regard emprunt de compassion. 
-Non, mais ... 
-Tu sais ici, les moldus penserons que c'est un tatouage des plus banales. 
-Je m'en fou des moldus. Je ne veux pas qu'on la voit,
rétorque-t-il sèchement. 

Zoé se recule, consciente d'avoir irrité le sorcier et lui indique qu'elle l'attend en caisse. 
Après les histoires que lui a raconté Hermione, elle connait la signification de ce tatouage, mais personne ne sait vraiment ce qu'a vécu Drago Malefoy. Elle espère pouvoir lui poser ce genre de question dans un avenir proche.  

L'objet de ses pensées pointe le bout de son nez et pose les habits sur le comptoir alors que Zoé paye avec sa carte bleue.  

-Tu sais que tu n'es pas obligée de payer quoi que ce soit pour moi, encore moins ces fichus de moldu, chuchote Drago pour que Zoé soit seule à l'entendre. 
-Hermione me transfert de l'argent, suivant ce qui a été indiqué par ton tribunal de sorcier. 
-Le ministère ? D'où proviennent ces fonds ? De mon coffre ? 
-Je n'ai pas de détail, mais il semble qu'une somme me soit restituée pour la nourriture et autres besoins. Peut-être qu'Hermione pourra t'éclairer à ce sujet à la fin de la semaine. 
-J'espère que cette sang de ...


Voyant le regard noir que lui lance Zoé, Drago retient la fin de son insulte. 

-Que Granger ne gère pas personnellement mes comptes.

Zoé n'en a que faire des tourments du blond et quitte le magasin avant de s'installer au volant de sa voiture. 

-Tiens, va à l'arrière et change toi. 
-Pourquoi ? Dans une voiture ? 
-On va manger en terrasse, tu vas avoir trop chaud avec ta chemise. 


Résigné, Drago monte à l'arrière et alors que Zoé reprend la route, il se change sur la banquette. 
La blonde prend sur elle pour ne pas lancer d'œillades dans le rétroviseur central. 

Ils arrivent en bord de mer et sont gentiment accueillis par un serveur, qui leur propose instantanément une boisson. 

-Un maï thaï pour moi et un verre de chardonnet pour lui. 
-Qu'est que tu m'as commandé ? 
-Du vin blanc, comme hier soir. Tu sais quand tu étais beaucoup plus à l'aise avec moi ? 
-Hum. 

Il tourne le visage observant les petites vagues s'échouer sur le sable. C'est agréable et apaisant comme cadre.  Zoé quant à elle, comme d'habitude s'allume une cigarette. 

-Je peux essayer ? Demande-t-il peu sûre de lui. 

Elle lui tend le tube de nicotine qu'il pince entre ses lèvres et aspire avant de tousser et d'épousseter l'air avec sa main. 

-C'est vraiment immonde ! 

Zoé ne cache pas son rictus et attend sa boisson, dans un silence rompu par le brouhaha incessant du restaurant. 
Elle entreprend donc d'expliquer à Drago ce qu'il y avait en plat, la composition, les goûts puis il décide finalement de choisir la lotte accompagnée de son risotto. 

Le déjeuné se passe dans le plus grand des calmes, visiblement Malefoy s'est refermé comme une huître et évite le regard de Zoé. C'est le genre de personne avec qui on peut faire un pas en avant et reculer de dix par la suite. 

Il sait pertinemment qu'il n'est pas de bonne compagnie, mais il n'a aucune envie de parler, surtout après ce qu'il s'est passé dans la boutique lorsqu'elle à voulu retrousser ses manches. 
Elle ne peut pas comprendre ce que signifie cette marque pour lui. C'est des souvenirs sombres, la douleur, la colère, la souffrance perpétuelle. Cela lui rappelle sans arrêt que son père l'a élevé et éduqué pour une seule et unique raison. Accroître l'armée de Vold... Du Lord.  Même vaincu il parvient à hanter l'esprit de Drago.  

Il se souvient très bien du jour où il a reçu la marque. Le samedi 28 août, à la fin des vacances d'été et ce même jour il a appris qu'il devait mettre en place un plan pour exécuter Dumbledore. 
Il avait beau être un vieux fou, il ne s'en sentait pas capable. Il savait au fond de lui que tuer l'un des plus grand sorcier de tous les temps ruinerait sa vie à tout jamais.  

Rogue l'a fait... Mais la lâcheté de Malefoy lui a valu des heures entières de torture. Il pensait même finir en repas pour Nagini. Son père s'est également fait punir pour avoir engendré un héritier si incompétent. Sa colère s'était évidement répercutée sur Drago. 

Avoir ce crâne et ce serpent sur le bras est un combat de tous les jours pour lui. Il a tout essayé pour s'en débarrasser, en vain. Et depuis que son identité de mangemort a été dévoilée au grand jour, il ne voit pas l'intérêt d'utiliser un sort de désillusion. Alors il se contente de porter des chemises à manches longues, qu'il pleuve, qu'il neige ou qu'il vente. 

Zoé le sort de ses pensées en lui indiquant qu'ils partent pour aller se promener le long de la plage. Elle retire ses chaussures et marche au bord de l'eau. Toujours dans le silence. 
Il la suit, distrait en fixant l'horizon et songeant qu'il y avait bien trop de moldus sur la plage pour son propre bien. 

-Zoé ! Zoé ! 

Tous les deux lèvent leurs yeux pour voir d'où proviennent les cris et immédiatement le sourire de Zoé refait surface. 
Un homme torse nu et en tenue décontractée s'approche d'eux puis enlace la blonde sous le regard de Drago qui ne fait aucun effort pour se présenter. 

-Nathan, je te présente ... Un ami de ma cousine. 

Drago hésite avant de serrer la poigne de fer que lui a tendu cet homme et reste en retrait. 
Ce Nathan semble plus âgé qu'elle et ses mains sont relativement baladeuses. Un coup sur la taille fine de Zoé, puis sur sa chute de reins.  

-Il faut qu'on se voit, dit-il tout bas avec un regard brûlant. 
-Je sais mais ... Tu ne peux pas vraiment venir à la maison. Et puis ma cousine arrive dans deux jours. 
-Alors on pourrait aller à l'hôtel ? 
-Nathan... Je t'ai déjà dit non.  Tu sais ce que je pense de tout ça. 
-Essaies de voir ce que tu peux faire Zoé, j'ai très envie de te voir.  


Sa main descend plus bas, sur le cul rebondi de Zoé qui rougit.   

-Je t'envoie un message Nathan. Promis. 

Il dépose un baiser sur le coin des lèvres de la blonde et se retire sans un mot. 
Il faut être aveugle et stupide pour ne pas comprendre ce que désire cet homme. En l'occurrence c'est Zoé qu'il veut. 

-C'est lui ton professeur ? 
-Ouais...  
-Si tu veux que je... Parte de la maison quelques heures pour ...
-Oh, non, non,
glousse Zoé. Ce n'est pas grave, il faut freiner tout ça de toute façon. Et puis tu irais faire quoi ? 
-Je ne sais pas vraiment. 
-Désolée, c'était terriblement gênant. 
-Pourquoi tu dis ça ? 
-Il peut être très tactile et vu que sa femme n'est pas dans les parages il ne se prive pas. 
-En même temps avec une femme comme toi, moi non plus je ne pourrais pas me priver. 


Drago fronce les sourcils se demandant s'il avait bien dit le fond de sa pensée de vive voix. 
Quand il voit le visage de Zoé, ébahi, cela confirme ses doutes. 

-Euh... Je voulais pas dire ça comme ça. Tente-t-il de se justifier. 
-C'est pas grave Malefoy. Je prends ça comme un compliment. 

Elle lui adresse un petit clin d'œil, reprend sa marche avant des les amener jusqu'à un stand de glaces. 

Drago peste contre lui même, s'insultant et se trouvant pathétique. Pourquoi a-t-il fallu qu'il ouvre sa gueule ? Depuis quand il pense ce genre de chose d'une moldue ? Il faut qu'il se ressaisisse. Il s'est écarté trop de fois du droit chemin. 



La sentence de Drago MalefoyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant