Chapitre 34

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Les premiers flocons de neige tombent sur Londres. Cela fait bientôt deux mois que Drago est enfermé dans l'appartement de son père. Il a pris l'habitude de commander de la nourriture par livreur comme lui avait expliqué Potter. Puis il a investi dans une télévision, zappant frénétiquement comme un moldu. 

Un moldu... Pense-t-il en soupirant. 

Voilà qu'il vivait comme un être sans intérêt. Dépourvu de baguette et de magie.  Jusqu'à quand cela allait-il durer ? 

Il recevait couramment la visite d'un membre du ministère qui faisait un point sur l'état de Malefoy. Était-il toujours dangereux ? 

Le Magenmagot, après son second procès l'a enfin mis hors d'état de cause. Cependant, ils avaient tout de même prolongé son assignation à  résidence, par principe. Juste parce qu'il est un Malefoy. 

Il ne voit personne. Il se contente de lire la Gazette du sorcier pour savoir ce qu'il se passe dans le monde magique et regarde la télé pour se divertir. 

Il a mis à profit son temps libre pour apprendre à cuisiner, même si ce n'est pas toujours une réussite, il a confiance en ses efforts. 
Il a terminé toute la bibliothèque de son père et s'est fait livrer plusieurs nouveaux livres. 

Le Serpentard a réussi à obtenir l'autorisation d'envoyer des courriers par hiboux, sous réserve que les écrits soient contrôlés. Alors il donnait de ses nouvelles à sa mère, mais n'en ne recevait pas en retour. Peut-être n'avait-elle toujours pas le droit ? 

Il a écrit à Blaise Zabini, qui a terminé ses travaux d'intérêt général à Poudlard et est désormais un homme libre.  
Mais ces échanges sont une maigre compensation.  Il ne voyait plus personne. Tout le monde se fichait du Grand Drago Malefoy. 

Comme chaque jour, il se lève tard. Se douche, mange, fait du rangement, du sport, regarde la population par la fenêtre et termine devant la télévision. 
Mais aujourd'hui quelqu'un frappe à la porte. Le sorcier fronce les sourcils, il n'avait reçu aucune missive lui indiquant une visite de son contrôleur du Ministère. 

Alors il se lève, passe une main dans les cheveux, l'esprit envahi de questions avant d'ouvrir la porte. 

-Qu'est ce que tu fous là ? Demande-t-il de prime abord. 
-Ravi de te voir aussi la fouine. 

Drago se décale, invitant la personne indésirée dans l'appartement et l'observe avec suspicion. Pourquoi est-il ici ? 

-Bon, tu vas me dire ce que tu fais chez moi Potter ? Dit Malefoy en croisant les bras sur son torse. 
-Je suis venu t'annoncer un bonne nouvelle. 
-Et de tous les sorciers qui existent sur cette terre c'est toi qu'ils envoient ?
Ricane Drago devant l'absurdité de la chose. 
-Je me suis proposé, pour deux raisons. 

Le regard émeraude de son ennemi juré capte le sien, il veut le faire mijoter. Mais Drago est impatient  de connaitre la soit disant bonne nouvelle, il y a bien trop longtemps que sa vie est morose. 

-Crache ta citrouille Potter. Je n'ai pas la journée  ! Gronde le Serpentard en s'affalant sur le canapé. 
-Justement tu n'as que ça à faire Malefoy. Le concerné lui lance un regard noir, signe qu'il n'est pas d'humeur à plaisanter.  Je voulais te dire que le Magenmagot a ordonné ta libération, définitive. 

Drago se redresse vivement, son visage trahissant, pour la première fois, la lueur d'espoir qui jaillit en lui puis une vague de soulagement le submerge. Mais il tente d'être impassible devant le survivant. Fierté de Malefoy. 

Il allait pouvoir sortir à l'air pur, utiliser la magie, sa baguette, remonter sur son balais et voler dans les air jusqu'à ce qu'il s'écroule sous le poids de la fatigue. Il pourra aller voir sa mère. Puis...

-Et la seconde chose ? 
-On m'a demandé de te remettre ça. 

Drago se penche pour attraper l'objet qu'Harry tient entre ses mains. Une boite noire, semblable à celles qu'utilisent les moldus. Qu'est-il censé faire de cette chose au juste ? Il ne quitte pas sa sordide vie de moldue -imposée, rappelons le-  pour prendre de mauvaises habitudes. 

-Tu te moques de moi Potter ? C'est un moyen de m'espionner ? 
-Non ! Mais je vais prendre un malin plaisir à te laisser te débrouiller pour l'utiliser. Surtout, charge le bien pour qu'il y ait de la batterie. 

-C'est vraiment très Serpentard, ça, Potter. 
-Je m'en fous.  Un conseil, conserve de la batterie, branche le et sois attentif. 


Décidément, le survivant doit faire un AVC. Pourquoi parle-t-il par énigme ? Il devient pire que ce vieux fou de Dumbledor.  

-Ton contrôleur viendra demain te donner les précisions nécessaires  pour ta libération.  Un conseil Malefoy, fais en bon usage. 

Son conseil est tinté d'une menace. Drago l'a bien saisi. Mais il ne va pas se retrouver de si tôt enrôlé dans une guerre et une histoire de sang. 

Potter a à peine passé la porte, sans dire un mot que Malefoy s'ouvre gaiement une bouteille de vin blanc. Il doit fêter ça. Ce jour est enfin arrivé. Il va pouvoir redevenir un homme libre. 

Puis son attention est vite attirée par cette boite noire, il ne comprend pas ce qu'il doit faire de cette chose. Il le prend en main et appuie dessus, au hasard pour tenter de déclencher la lumière qu'il a déjà vu sur tous les écrans.  Il y parvient, sans trop savoir comment. Puis lit les instructions pour déverrouiller l'écran. 

Il inspecte consciencieusement toutes les applications tout en tentant de comprendre leurs utilités. Soudain il se met a vibrer dans ses mains, Drago, avec honte sursaute quelque peu et s'avachi encore plus dans son canapé. 

Puis quelque chose apparait sur l'écran, de manière automatique et il est écrit "nouveau message".

"Salut, Harry m'a dit qu'il t'avait donné le portable. Je voulais savoir comment tu allais ? 
Je n'ai pas su plus tôt ce qu'il t'était arrivé après le procès. Hermione n'a pas voulu que je sois au courant (comme tu t'en doutes).  Mais Harry a fini par céder. 
J'ai appris que tu allais enfin retrouver une vie normale, être libre. Je suis heureuse pour toi. Peut-être que nos routes se recroiseront un jour. 
Prends soin de toi. 
Zoé.
"

Son cœur loupe un battement. Zoé vient de lui envoyer un message. Elle a voulu qu'Harry lui transmette ce portable. Elle ne l'a pas oublié alors ?  Elle pense encore à lui ? Malgré lui, un sourire de contentement se dessine sur ses lèvres. En occultant le fait que Granger voulait volontairement éloigner Zoé de Drago. Aujourd'hui il est de bonne humeur, alors il va se concentrer sur les points positifs. 

Non sans difficulté, il trouve le moyen d'y répondre. Il pianote sur les lettres et grogne contre le correcteur qui est activé. 

De Drago : 
"Zoé ! Je suis content d'avoir de tes nouvelles. J'ai beaucoup pensé à toi après le procès, je ne t'ai jamais remercié comme il se doit. "

Etrangement, son cœur s'emballe à chaque fois que le numéro de Zoé apparait sur l'écran. 

De Zoé : 
 "Tu ne me dois rien... Je l'ai fait parce que tu avais le droit d'être défendu et que tu n'étais en rien coupable.  Tu as vraiment beaucoup pensé à moi ? "

Bien sûr qu'il avait pensé à elle, chaque jours. Elle hantait ses rêves les plus sombres, les plus incongrus, les plus... Passionés, également.  

De Drago :
"Oui...Beaucoup. Dès que je serai libre, j'aimerai te voir.  "

[...]

Une minute, une heure, un jour, une semaine et toujours aucune réponse de Zoé. Pourtant Drago a suivit scrupuleusement les indications de Saint Potter. Le portable était toujours chargé dans sa totalité. Mais rien, pas une vibration, pas un message de Zoé. 

Malefoy n'a de cesse de se poser des questions. Aurait-il été trop rapide ? Après tout, peut-être que Zoé ne veut plus être contact avec lui. Elle voudrait être totalement débarrassée. Il aurait du s'en douter. 

 Le seul instant où il a pu cesser de penser à elle, c'est lorsque son contrôleur est arrivé. 
Il a sorti tout un tas de parchemin, faisant état des conditions de sa liberté. 
Il sera libre dimanche prochain, dans une semaine jour pour jour. 

Après s'être montré faussement courtois et signé tous les documents adéquats, le contrôleur a pris congé. 

A sa sortie, il se rendra directement sur le chemin de traverse pour déguster une bière au beure. Ensuite, il achètera une place pour le prochain match de Quidditch, il chevauchera son ballais durant des jours. 

Ah, et il devra trouver un travail. 

A moins... Qu'il ne se réinscrive à Poudlard pour refaire sa septième année. 

Là, sont les conditions de sa liberté. 

Drago ne savait quoi faire pour l'instant. L'année scolaire a déjà bien commencée. Non pas qu'il doute de ses capacités en revanche, arriver dans une école pour être épié comme le dernier des monstres ne l'emballait pas trop. 

Que ferait-il dans le monde du travail ? Il ne pourra pas devenir ministre à cause de son casier magiciaire, ni médicomage à cause de son absence d'études . Mais à quoi aspirait-il ? Il n'en savait rien. 

Idéalement, il travaillait dans le milieu du Quidditch. 

Mais qui allait vouloir de lui ?

Il pourrait éventuellement créer une société sorcière avec l'argent dont il dispose à Gringotts. Il avait pour ambition de faire quelque chose de sa vie, de son avenir et redorer le blason de sa famille. 

Interrompant ses longues réflexions, le blond se lève en soupirant et prend du parchemin afin de rédiger une lettre à l'attention de sa mère. 

" Chère Mère

J'ai une excellente nouvelle me concernant, je serai enfin libre et innocenté dimanche prochain. 
Je ne réalise pas vraiment. 
Je voulais tout de même vous l'annoncer, même si je ne réceptionne aucune lettre en retour. 
J'espère pouvoir vous rendre visite dès que possible. 


À très bientôt 

D.M "

Il range le courrier dans une enveloppe puis le glisse dans le bec du hiboux et l'observe s'envoler à travers les nuages gris qui recouvrent le Londres moldu. 





La sentence de Drago MalefoyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant