Chapitre 30

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Une pluie fine tombait dans le parc, résonnant en clapotis relaxant sur les feuilles.

Rabastan se dirigeait lentement vers la silhouette encapuchonnée au fond du parc, assise seule sur un banc. Il n'avait pas revu Elizabeth depuis qu'il avait découvert pour les lettres, c'est à dire plus de deux semaines. Sa colère était rapidement tombée, cédant place au regret et tout ce qu'il entrainait.

Quand il avait vu une personne assise sous la pluie, il avait deviné qu'il s'agissait de la sorcière et avait décidé de la rejoindre. Il avait besoin de lui parler.

Le jeune homme arriva à son niveau et s'installa à côté d'elle, bien que laissant une certaine distance entre eux.

La capuche de sa cape était rabattue sur sa tête, recouvrant le haut de son visage mais cela ne l'empêcha pas de remarquer à quel point elle avait l'air fatiguée. Ses traits était tirés, son teint plus pale que d'habitude, de grandes cernes s'étaient établies sous ses yeux qui semblaient voilés. Elle n'avait pas la moindre expression sur le visage. Absolument rien. Elle était indéchiffrable, inexpressive.

Elle ne daigna même pas le regarder quand il s'assit près d'elle. Elle ne bougea pas d'un millimètre.

La sorcière fixait résolument un point devant elle et il fit de même. Il prit une profonde inspiration pour tenter de cacher son malaise.

Je te cherchais. Annonça-t-il inutilement pour entamer la conversation.

Elle ne répondit pas, et ne bougea pas non plus d'ailleurs.

Le jeune homme décida d'en venir au fait.

J'aurai pas dû te parler comme je l'ai fait la dernière fois. Je ne pensais rien de ce que je t'ai dit. J'étais en colère et je n'ai pas réfléchi.

Il se heurta au silence.

Le sorcier la regarda du coin de l'œil et découvrit qu'elle était toujours dans la même position, c'était comme si il parlait à une statue.

Il se sentait démuni face à son manque de réactions, d'habitude elle l'aurait surement envoyé balader, ou alors elle se serait moqué de lui, mais là... Il semblait que la volonté l'avait abandonné,qu'elle se laissait consumer par le feu du désespoir.

Puis soudain l'image d'Elizabeth allongée dans le jardin de son manoir,les vêtements trempés de son propre sang, des bleus recouvrant chaque parcelle de sa peau s'imposa à son esprit. Le jour ou elle s'était échappée du quartier général de l'Ordre du Phénix. Lejeune homme se souvenait de ce qu'il avait ressentit en se précipitant près d'elle alors qu'elle commençait à perdre connaissance. Il avait eu la même sensation que lorsqu'il avait vu Heidi s'éteindre.

Je regrette. Lança-t-il en espérant que cet aveu la fasse réagir.

Mais la brune était visiblement résolue à ne pas lui montrer la moindre émotion puisque qu'elle ne fit toujours rien.

En temps normal cela aurait surement agacé Rabastan qui n'aimait pas être ignoré ainsi, mais elle semblait tellement fragile, seule et désespérée. De tout c'était ça le pire. Il aurait préféré qu'elle lui hurle dessus comme il l'avait fait sur elle, qu'elle lui dise à quel point elle le détestait, mais elle n'en faisait rien.

Elle restait indifférente à ses paroles. Et ça, c'était la preuve qu'il avait largement dépassé les bornes, qu'elle s'était éloignée,qu'elle était loin et qu'il ne la rattraperait surement jamais. Il l'avait tellement blessé... Au moins autant qu'elle l'avait blessé lui.

Finalement,Elizabeth ouvrit la bouche et lui répondit d'une voix blanche, sans esquisser le moindre geste :

Va-t-en.

Le RefletOù les histoires vivent. Découvrez maintenant