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Lorsqu'Hermione ouvrit la porte, elle découvrit Harry dans une posture dans laquelle elle n'aurait jamais pensé le surprendre. Recroquevillé contre le mur, il somnolait. La porte claqua et il se redressa dans un sursaut. Poings sur les hanches, Hermione avisa le piètre spectacle qui renvoyait. Cela valait bien les efforts qu'il nourrissait depuis tant d'années pour renvoyer une image inattaquable. Son amie oscillait entre une colère légitime et la pitié, celle qu'Harry avait jadis suscité et que la presse sorcière avait oublié au profit d'une vie prétendument parfaite.

Hermione opta pour un compromis, à savoir une lassitude teintée par l'épuisement et un soupçon d'agacement toujours perceptible :

— Tu me dois quelques explications, Harry, j'espère que tu en as conscience.

— Je sais, Mione.

— Il est vivant, lâcha-t-elle, mais tout juste. Si tu n'avais pas essayé d'endiguer l'hémorragie, il n'aurait sûrement pas survécu.

Harry se balançait d'un pied à l'autre, épinglé au mur par le regard meurtrier d'Hermione qui finit par lui proposer :

— Entre. Il semblerait que tu ne veuilles pas être repéré.

— Ce serait préférable, souffla Harry.

La Magicomage referma avec précaution la porte derrière elle et observa la scène en silence. Elle avait plongé Draco dans un sommeil artificiel et les techniques sorcières permettaient d'épargner au patient le nombre considérable de machines qui auraient servi à le maintenir en vie. Harry approcha lentement, comme s'il craignait que son ennemi soit tiré des limbes de l'inconscience par un brusque désir de vengeance. Il n'en sortirait pas de sitôt et Hermione le précisa, du ton docte qui lui était bien plus familier que cette rancœur sourde :

— Je lui ai donné une potion de régénération sanguine. Quant à ses blessures, je ne connais pas suffisamment le sort pour contrer ses effets. Les plaies se sont plus ou moins bien refermées, mais elles ne sont pas propres comme elles le devraient et malgré les potions que j'ai pu lui donner, le risque d'infection est important.

— C'est le sort de Rogue, articula Harry.

— Celui que tu avais utilisé en sixième année ?

— Oui.

— Redonne-moi son nom, je pourrai faire des recherches à son sujet.

— C'est le Sectumsempra.

Un frisson parcourut l'épiderme de Draco sans qu'il ne s'éveille. La seule mention du sort semblait éveiller un réflexe inconscient, profondément inscrit dans sa chair. L'homme était d'une pâleur mortelle, si blême qu'on aurait pu le penser mort. Debout devant ce qui avait failli être son cadavre, une autre de ces morts injustes qu'Harry n'aurait pas pu se pardonner, ce dernier détaillait avec attention ses traits torturés. Ce n'était plus l'enfant de Poudlard et l'homme qu'Azkaban avait construit était dangereux, prêt à des extrémités proches de la folie. Ses traits creusés laissaient apparaître, à la lueur de la lampe, les veines bleuies sous la peau diaphane. Là encore, il paraissait plus mort que vivant.

— Rogue l'avait créé et je me souviens l'avoir entendu utiliser le contre-sort. Quelles sont les chances pour qu'il garde des séquelles, Mione ?

— La question n'est pas de savoir s'il gardera des séquelles, mais s'il guérira.

Hermione s'invita à côté de son ami et passa une main professionnelle sur le front brûlant de Draco avant de songer à répondre. Un pli barrait le sien et trahissait son inquiétude.

Alta nocteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant