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— Je suis désolé, Harry.

L'intéressé hausse les épaules. Quelque part, pris jusqu'au cou dans la machination de Phil, il avait imaginé cette issue. Elle n'était pas la plus confortable, mais elle ne servait qu'à prouver, une fois de plus, combien leur ennemi était prêt à tout pour obtenir gain de cause.

— Tu n'as pas à l'être, articula-t-il, le cou rentré dans les épaules comme s'il souhaitait y disparaître.

— Tu devrais fuir, le temps que ça se tasse, le temps qu'on l'attrape.

Harry fronça les sourcils.

— Tu me crois, alors...

Son ami, rongé par l'ombre nocturne, acquiesça un peu faiblement. Il était secoué, à l'image d'Harry.

— C'est le moins que je puisse faire.

L'Auror pinça les lèvres. Il aurait ri, si la situation n'était pas aussi dramatique, car une fois de plus, il était incapable d'arranger ses affaires seul. Les années n'avaient rien changé à cette dépendance envers ses amis. Il ne pouvait pas triompher d'une situation désespérée sans eux.

Il lui avait fallu en arriver à de telles difficultés pour réaliser que leur trio existait toujours. Harry espérait seulement qu'ils possédaient le même pouvoir qu'autrefois. Cette quasi invulnérabilité, cette aisance à triompher. Il espérait que le temps ne le leur avait pas encore dérobé.

— En vérité, il y a encore une chose que tu peux faire pour moi.

Son ami se redressa.

— Une manière de me racheter ? s'enquit-il, une once d'ironie désolée dans la voix.

— On peut dire ça.

Puis, il ajouta :

— Mais ça ne va pas te plaire.

***

Draco faisait rouler l'alcool dans son verre, avec langueur. Il en admirait la robe ambrée avant d'y tremper les lèvres. La bouteille, issue de la collection personnelle des Malfoy, était incontestablement l'une des meilleures de la cave familiale.

Et l'occasion était trop bonne pour ne pas l'ouvrir.

Draco ferma les yeux. La douleur refluait, enfin. Il avait oublié le pouvoir de ce poison et combien il pouvait être précieux.

Le nectar de l'oubli.

Lorsque Draco rouvrit les yeux, l'alcool échauffait déjà ses sens et ses épaules se détendaient. Ce n'était pas arrivé depuis bien des années. Il avait été trop exposé aux froids, aux températures glaciales et à la solitude pour se rappeler l'existence d'une chaleur aussi bienfaitrice.

Aussi trompeuse.

Mais Draco l'aimait pour cela. Pour le pouvoir de son illusion et pour être, à son instar, le plus vil des poisons.

Il remarqua la présence d'Harry sans toutefois la relever. Il devinait sa silhouette plus qu'il ne la distinguait, mais il pouvait ressentir une vive désapprobation juste devant lui. Frontale et déplaisante. Il vida le contenu de son verre, armé d'une désinvolte plus que convaincante et, au milieu de toutes les ripostes qui lui vinrent à l'esprit, il choisit la plus charnière. La plus susceptible de piquer Harry au vif, aussi :

— Un verre ?

Cette fois, les contours du visage d'Harry se précisèrent. Draco y lut une certaine amertume ainsi qu'une forme assez nette de dépit. Il le désespérait... Voilà qui était étonnant.

Alta nocteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant