14.2

92 12 2
                                    

Petit avertissement de circonstances : la partie en italique du chapitre (et en particulier sa fin) comprend du contenu susceptible de choquer les plus sensibles. Bien que le passage ne soit pas extrêmement détaillé, il s'agit d'une agression sexuelle. N'hésitez pas à passer ces quelques lignes si vous ne vous sentez pas capables de les lire. Bonne lecture ! 


À Azkaban, l'hiver était au moins aussi redoutable que les chimères qui peuplaient l'imaginaire sorcier.

Les genoux recouverts d'un couverture élimée et malodorante, Draco mesurait sa respiration. Dès lors qu'il concentrait son attention sur autre chose, dès lors qu'il ne contrôlait plus son souffle, les tremblements de son corps roide reprenaient. Ses mains glacées avaient bleui et ses lèvres violettes étaient pincées pour éviter que ses dents ne s'entrechoquent.

Draco n'avait pas froid, le terme aurait été trop léger. Le froid glacial allié aux bourrasques salines qui se heurtaient aux parois d'Azkaban était insoutenable. Le détenu avait le sentiment que ses membres s'étaient rigidifiés, comme s'il s'était changé en statue de glace.

Un courant d'air s'infiltra entre les briques de la prison et cingla la joue de Draco.

Par ce temps, les gardes d'Azkaban avaient la délicatesse de surveiller les cellules une à une. C'était le premier hiver de Draco entre ces murs, mais certains détenus avaient déjà perdu leurs doigts lors des saisons les plus froides. Ils avaient présenté à Draco leurs mains amputées, violacées, crevassées, et s'étaient moqués du visage blême du jeune sorcier.

Ils croupissaient à Azkaban depuis trop longtemps pour avoir peur. Ils se gaussaient de la peur qu'ils devinaient chez les nouveaux détenus. Ce qui les différenciait de ceux-là, de Draco, c'était l'espoir. Eux n'en possédaient plus une seule goutte, là où le jeune sorcier s'y réfugiait lorsque le froid lui donnait le sentiment de mourir.

De mourir, et de mourir encore.

La précaution des gardiens permettait le plus souvent de sauver les membres gourds, mais cela ne rendait pas l'hiver plus supportable et ces pantins plus humains. Ils jetaient un œil à l'intérieur des cellules, un regard vague qui ne s'attardait jamais, adressaient parfois une parole au prisonnier, puis poursuivaient leur ronde. Il ne fallait rien attendre d'eux. Ceux que les gardiens avaient pris en pitié, ceux qu'ils appréciaient même parfois, avaient droit à une couverture en plus, mais cela s'arrêtait là.

Des pas dans le couloir s'approchèrent et Draco sentit son rythme cardiaque s'emballer. Il avait appris à reconnaître le bruit des pas et ce qu'il percevait soufflait en lui une terreur absurde, presque honteuse.

Draco releva la tête par habitude plus que pour s'assurer de l'identité du gardien. Traves était venu, outrepassant ses droits et les interdictions, une fois de plus.

Draco avisa le visage réjoui de Traves. Il avait encore de l'espoir, le malheureux. Un mince espoir qui n'avait pas échappé au gardien. Il s'était fait la promesse de le faire voler en éclats.

— Eh bah, ça faisait longtemps, blondinet !

Draco passa sa langue sur ses lèvres gercées. Il tentait de dompter la peur, de la jeter quelque part à la frontière de son esprit. Il ne pouvait pas se permettre de trahir son effroi. Les mains de la brute s'attardèrent sur le métal des barreaux avec délectation et, avant qu'il ne déverrouille la porte, Draco le retint d'une voix enrouée :

Alta nocteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant