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Harry ne chercha pas à réfléchir davantage. Les sourcils froncés, il répondait déjà à des réflexes qui tenaient presque de la déformation professionnelle. Il abaissa la poignée et s'apprêtait à jaillir de l'ouverture lorsque Draco le retint. Il abattit sa main sur son épaule et souffla :

— Ils sont peut-être plusieurs, Potter, et tu n'as rien à faire là.

— Je ne vais pas patienter gentiment derrière cette porte.

— Non, et moi non plus.

Le bruit répétitif des pas était arrivé à leur hauteur et Harry réfléchissait à toute allure.

— Ça pourrait être le coupable, avança-t-il, finalement. Il vaut mieux le prendre par surprise.

Et éviter que l'avantage du nombre, car Harry était persuadé que le visiteur était seul, ne leur retombe dessus.

— Il se dirige vers le salon, ajouta Draco, d'une neutralité alarmante.

Harry ouvrit la porte sans attendre son approbation et jeta une œillade à gauche, puis à droite. Le couloir était désert.

— Prends à droite, je prends à gauche.

— Ne me donne pas d'ordres, Potter.

Draco obtempéra tout de même. Il avait protesté pour la forme, mais il ne tenait pas temps à ce que l'intru ressorte du Manoir sain et sauf. L'heure était trop tardive pour qu'il s'agisse d'un Auror en fonction. Il s'agissait forcément d'un homme qui agissait seul et Harry le confirma d'un hochement de tête vigoureux. Cela n'excluait pas l'hypothèse qu'un Auror avait infiltré les lieux, surtout qu'Harry avait établi que le coupable, le véritable coupable, ne pourrait être qu'un des leurs.

Le pincer n'en serait que plus délicat.

Draco traversa le couloir à longues enjambées, les doigts serrés sur sa baguette. Il y avait une petite éternité qu'il ne s'était pas battu de la sorte, si l'on excluait le cas particulier d'Harry. Il ne l'aurait admis pour rien au monde, mais Draco craignait que sa magie ait atteint un trop faible niveau pour tenir tête à un sorcier en pleine possession de ses moyens. Il craignait de ne pas être à la hauteur.

Il parvint à une haute porte close, ornée avec soin avec tout le goût de l'ostentatoire que possédait les Malfoy. La poignée résista et le sang de Draco ne fit qu'un tour. Le coupable se trouvait à l'intérieur. Il avait verrouillé l'issue en faisant usage de la magie. Les doigts du sorcier tremblaient autour de sa baguette lorsqu'il la pointa vers le verrou pour prononcer la formule d'une voix empressée :

— Alohomora.

Le verrou résistait toujours et Draco répéta la formule une fois de plus, avec plus de panache :

— Alohomora.

Un déclic s'éleva et Draco ne s'attarda pas sur le mélange d'humiliation et de soulagement qu'il ressentait. Il poussa la porte. Le salon était désert, à l'exception d'une masse inerte au sol. Une masse qui demanda à Draco un pas hésitant pour être reconnue.

— Potter.

Il eut à peine le temps de se précipiter, de s'élancer à travers la pièce en deux grands enjambées, qu'un sort le rattrapa, frôla ses cheveux blonds, et s'encastra dans la verrerie en fac de lui. Draco se retourna pour deviner, à l'extrémité de son champ de vision, une silhouette encapuchonnée. Un deuxième sort fondit sur lui et il n'eut pas le temps de se déporter pour l'éviter. Une décharge l'atteignit au milieu du dos et le jeta au sol. Il y était comme cloué et Draco se contorsionna pour s'assurer que la chair n'avait pas été arrachée. Il avait le souffle coupé et sa vision s'était réduite, encerclée par une couronne noire.

Alta nocteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant