Alta nocte

17.2

[/!\ La partie qui suit contient une scène à caractère sexuel. Si vous n'êtes pas à l'aise avec ce genre de contenu, sauter ce passage ne devrait pas nuire à la compréhension de l'histoire. Bonne lecture aux autres /!\

Harry laissa le silence s'installer et inspirer son interlocuteur. Il avait encore d'autres choses à admettre. Des aveux plus douloureux que celui-là. Le héros encouragea cependant Draco à poursuivre :

— C'était ça, le plus douloureux, là-bas ?

Draco tituba une première fois. Il n'était pas encore assez ivre pour rejeter sur l'alcool sa faiblesse.

Il se rappelait son cauchemar et la figure qui le hantait. Le froid qu'il avait ressenti, ce jour-là, n'avait jamais connu d'équivalence.

Il se détourna pour arracher son visage à l'étude approfondie qu'en faisait Harry. Il lui tourna le dos et l'entendit approcher. Il aurait pu le prévenir, le défendre d'avancer un pas de plus, mais il se mura dans un silence ravageur. La main d'Harry se posa sur son bras, comme pour le soutenir.

— Draco, l'appela-t-il.

— Quand tu es rentré... commença Draco, d'une voix sourde.

— Oui.

— J'ai eu des gestes que je n'aurais pas dû avoir.

Harry sentit son cœur peser un peu plus lourd dans sa cage thoracique. Il ne feignit pas d'ignorer ce à quoi Draco faisait allusion sans le mentionner. Il parlait de cette étreinte, de cette urgence qui l'avait embrassé et qui n'avait même pas semblé lui appartenir. Cela se confirmait. L'ancien détenu admettait qu'il n'avait jamais souhaité le toucher de cette façon. Harry maquilla son égoïsme déception d'une assurance feinte :

— J'avais remarqué que tu n'étais pas dans ton état normal. Quelque part, j'aurais dû comprendre et... je n'aurais pas dû...

— Tu n'aurais pas pu comprendre.

— Si, j'aurais dû.

Draco se retourna à demi, juste assez pour entrevoir le visage figé d'Harry. Il s'en voulait. Il s'en voulait sincèrement pour ce qui s'était produit.

— Qu'est-ce que tu vas penser, Potter ? souffla Draco.

— Tu... Tu as déraillé. Tu regrettes de m'avoir rendu ce baiser, le reste aussi, et...

Harry se maudit. Il ressemblait à un adolescent sur les bancs de Poudlard, qui rougissait ingénument pour une histoire de baiser.

— Et tu regrettes ? s'enquit Draco, sans que le ton employé renseigne Harry sur la réponse qu'il entendait vraiment.

— Je regrette d'avoir été trop aveugle pour ne pas voir que ce n'était pas ce que tu voulais.

Mais pas le reste. Il n'arrivait pas à regretter le baiser pour ce qu'il représentait. Il fut pris de vertiges à cette pensée. Il chercha le dégoût, la répugnance qui aurait dû le saisir à la seule pensée qu'il puisse accomplir un tel geste. Il fut épouvanté de n'en trouver aucune trace.

— Tu n'as pas compris, reprit Draco, d'une voix qui s'élevait à peine plus haut qu'un murmure.

Il ferma les yeux de toutes ses forces. L'alcool lui avait rendu une part de courage insoupçonnée. Il ignorait si cette bravoure méconnue était son fait ou s'il la devait à son ivresse.