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France | Novembre 2017

Nabil Andrieu

C'matin, j'me levais comme tous les matins avec le même sentiment que depuis deux semaines. Un sentiment de vide, de manque. Deux semaines qu'elle est partie, que c'est fini. Que tout est fini.

J'faisais toujours la même chose depuis deux semaines, mais là c'était pire, ce soir on avait notre concert à Bercy. Et elle devait être là de base, mais non.

Si j'dirais qu'elle me manque pas, que j'suis pas triste, que ça me fais rien, j'mentirais de fou. Honnêtement j'ai jamais eu ce sentiment, ce ressentie. Et il est horrible, il fait mal. C'est comme si tout c'qu'on avait fait et créé avec Isis c'était envolé d'un coup.

Pour essayer de me changer les idées, j'allais direct sous la douche, j'mettais l'eau chaud, presque brûlante pour essayer de me détendre et de penser à autre chose qu'à l'énorme trop dans ma vie. Mais c'était impossible de penser à quelque chose d'autre, parce que mon cerveau me disait des trucs comme : « Isis aussi prend sa douche chaude, voir brûlante. » J'me maudissais de l'intérieur, parce que ça faisait qu'empirer mon état actuel.

J'savais pas si elle aussi de son côté elle souffrait comme moi, égoïstement je l'espérais, comme ça la p'tite voix dans ma tête me disait que je n'étais pas le seul dans cette situation.

J'avais même pas changé ou déplacé ses affaires de chez moi, tout simplement parce que je n'y arrivais pas, et que je ne voulais pas les enlever. Pour moi, j'gardais une part d'elle ici, pour avoir l'impression qu'elle était là, et me convaincre surtout qu'elle allait revenir vite.

Finalement, après une vingtaine de minutes à rester sous la douche, je sortais pour me préparer. Fallait bien, même si j'avais qu'une seule envie, c'était de dormir et de me réveiller à côté d'elle.

La porte de mon appartement était frapper deux fois, c'était sûrement l'un des gars qui venait voir ce que je foutais. J'allais ouvrir la porte et Lucas entrait, sans prononcer un mot. Mais après quelques secondes il le brisa.

Lucas : Tiens, manges. Il me jetait un paquet de granola.

- J'ai pas faim. Je le balançais sur l'îlot central.

Lucas : Tu me pètes les couilles Nabil, vraiment ! Je fronçais les sourcils en le regardant. Ça fait deux putain de semaine que tu déprimes, que tu manges et bois pas, t'es toujours froid-

- Mais tu crois sérieusement que j'vais faire un marathon là ?! Que demain ça y est j'souris à m'en déboîter la mâchoire ? Isis est partie ! Normal que j'sois pas bien Lucas !

Lucas : Je sais, mais-

- Nan t'sais quoi, parles même plus avec moi, attends moi en bas j'arrive. Je regardais mon cousin qui avait, lui aussi, les yeux vide. Il se reculait puis il est claquait la porte derrière lui.

Je soufflais bruyamment avant de me laisser tomber sur mon canapé. Je passais mes mains sur mon visage et je fermais les yeux. Sauf que j'avais l'impression de voir Isis en face de moi, ou de sentir sa présence à côté de moi.

Et putain ça faisait mal. Parce que j'étais seul.

(...)

J'arrivais dans ma loge, je soufflais longuement en me regardant une dernière fois, mon frère rentrait dans la loge lui aussi et il venait à côté de moi.

Tarik : Ça va ?

- Ouais, j'crois.

Tarik : Nab... je sais très bien que c'est pas l'cas.

- T'inquiètes pas. Je lui souriais un peu.

Je sortais de la loge, je prenais mon téléphone et je regardais mon fond d'écran, et j'avais un pincement au cœur en le voyant. C'était une photo d'Isis et moi en train de faire les cons, comme d'habitude. Enfin non, c'est fini maintenant.

Je finissais par déverrouiller mon iPhone et j'allais sur le contact de celle qui n'était plus là. Je commençais à écrire un mot, puis deux, et des phrases ensuite. J'hésitais peut être cinq minutes à envoyer le message que je venais de taper. Mais finalement j'appuyais sur la flèche verte, et je verrouillais directement mon téléphone, que je mettais dans ma poche.

Omniscient

Le rappeur arrivait à côté de son frère, il regardait devant lui, en étant un peu ailleurs. Un homme appelait les deux frères, la foule déjà en délire hurlait le nom de scène des artistes.

Ils montaient sur scène, les cris des gens résonnaient dans le crâne de Nabil, qui pour essayer de se détendre secouait un peu ses épaules. Puis la lumière se mit à s'allumer, l'instrumental de Dans Ta Rue résonnait dans l'immense salle, tout comme les hurlements qui doublaient de volume quand les deux frères étaient visible par leurs fans.

Nabil s'interdisait de penser à sa belle blonde, qui était maintenant qu'un simple souvenir. Il se contentait de ce moment, de ce concert qu'il avait tant attendu depuis des mois, voir même des années.

Mais quand Luz De Luna était lancée, il s'autorisait quand même à penser à l'égyptienne, tout simplement parce que c'était sa musique préférée de tous les sons du groupe.

Nabil : Naha, qu'elle sache que jamais j'l'oublierai.

Les personnes qui étaient présentes chantaient les paroles avec ademo et n.o.s. Puis le moment de Da arrivait, tous les QLF étaient présents sur scène, avec eux. Et c'est à ce moment que Nabil souriait vraiment, parce que toute sa famille était là, ses frères étaient tous ici.

Le concert se terminait sous les cris et les applaudissements du public. Nabil allait directement dans sa loge, où tout le monde le félicitait, ils faisaient la même chose avec Tarik.

Nabil fermait la porte de la pièce, et il soufflait un grand coup, avant de retirer ses lunettes de soleil et son t-shirt. Il en profitait pour se rouler un joint, pour se détendre et pour relâcher la pression. Il apportait le tube rempli bien plus d'herbe que de tabac à ses lèvres, il l'allumait à l'aide de son briquet et il tirait dessus.

Au même moment, mais à des milliers de kilomètres, Isis restait bloqué sur le message de son ex petit copain, elle le relisait sans cesse depuis plus d'une heure maintenant. Mais elle n'arrivait pas à sortir de la conversation. La blonde essuyais rageusement ses larmes, mais elles étaient beaucoup trop nombreuses pour toutes les balayer. Ce message lui brisait le cœur, mais en même temps il lui recousait. Alors comme une torture, elle le lisait, sans jamais répondre.

iMessages :

De +33 :
J'voulais que tu sois là ce soir, même si je sais que c'est pas possible j'ai envie de te voir dans le public. J'ai pas envie de monter sur scène j'ai pas la force. J'suis totalement con de t'envoyer ce message parce que je sais très bien que tu vas pas le lire ou me répondre. Tu me manques de fou mais t'es pas là. Je t'aime.

Il fallait que tout redevienne comme avant, pour lui, comme pour elle... parce que chaque minutes passées, ils étaient de plus en plus détruits.

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frontièresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant