Chapitre 1 : Bienvenue

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Un début de sourire se niche au coin de mes lèvres alors que je fais face à l'immense édifice de connaissances qui se dresse devant moi de toute sa majesté.
La contradiction flagrante entre la grandeur de la bâtisse moderne et le nom ''Atome'' suffit à me faire sourire définitivement.

Le bâtiment est tout simplement gigantesque et fait penser à un amas de cubes aux couleurs vives et aux façades vitrées, montés en bric à brac. Des lumières orangées filtrent à travers deux ou trois fenêtres que je devine être celles des bureaux de quelques professeurs acharnés au travail.

— Hey, t'as vu ?

Je lui montre l'école qui fait face aux jardins où nous nous trouvons en espérant le faire sourire, sachant qu'il a un gros faible pour l'architecture contemporaine.

— C'est beau hein, je souffle.

Noah me répond d'un hochement d'épaules indifférent. Son regard caché derrière ses lunettes de soleil, je devine sans difficulté ses iris chocolat lançant des éclairs, et pour cause, j'ai eu à affronter sa foudre toute la semaine précédente.

A ce stade je pense qu'on a tous compris qu'il déteste cette école.

Déjà, tu devrais assumer que si tu n'avais pas eu des notes aussi catastrophiques l'année dernière, papa n'aurait pas été obligé de prendre une décision aussi drastique.

— Tu sais que papa a bien fait, je tente néanmoins de le raisonner. Tout ce qu'il veut, c'est ton bi...

— Tout ce qu'il veut, c'est éviter de se foutre la honte avec un fils incapable de décrocher un foutu diplôme.

Je déglutis en détournant les yeux. Une partie de moi se brise un peu plus chaque fois que je suis le témoin impuissant de la relation père-fils qui s'effrite avec le temps.

Noah et mon père sont... comment dire ? Comme chien et chat. Un père dépassé et un adolescent rebelle et au milieu...il y a moi.

J'évite d'argumenter davantage, car je n'ignore pas que s'il en veut à mon père, je bénéficie également d'une petite part de sa colère pour ne pas m'être opposée à notre entrée dans cette école qu'il qualifie de ''fichu repère de satané bourges''.

Mais, grand Dieu, qu'étais-je censée dire ?

Atome est mon rêve depuis ma première année de collège, et il le sait.

Enfin, on parle de l'une des écoles les plus prestigieuses au monde ! L'école qui a vu naître les plus grandes puissances politiques de notre pays. Celle qui a remporté le prix de l'excellence les huit dernières années. L'école où se sont rencontrés le roi Edwin et la reine Kristen en personne !

Comment dire non à ça ?

Toujours est-il qu'entre nos prises de bec et les menaces de mon père, il a fini par lâcher prise et notre jet vient tout juste d'atterrir sur la piste de l'école, -bon gré mal gré.

— Une piste d'atterrissage dans une école... j'en reviens pas.

Noah et moi venons de Newtown, une ville du Nord du pays.

On habite l'un de ces quartiers qui ressemblent plus à de petits villages qu'à autre chose, avec le petit étang, le parc d'attraction dont les attractions ne sont plus si attractives que ça - parce que quand même, ça fait déjà 20 ans qu'il est là -, la pharmacie douteuse, le restaurant de Tata Agnès que tout le monde fréquente, le bâtiment inachevé où il ne faut surtout pas qu'on traîne la nuit mais où tout le monde traîne (surtout la nuit), le barbecue hebdomadaire, la vielle salle de cinéma, le chat du voisin qui déteste tout le monde et que le tout le monde déteste, et même le boucher jugé terrifiant mais qui n'est rien d'autre que la pauvre victime des défis d'enfants les soirs d'Halloween.

AtomeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant