Défi 1 : La Chasse | À lui

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Ericka.

Ericka est la plus insensée des trois.

Je m'en rends cruellement compte alors qu'elle me traine par les cheveux, mon cuire chevelu me lançant terriblement.

C'est fou comme pendant la fraction de seconde intermédiaire entre le moment où elle me pousse, et celui où j'atterris au sol, un milliard de pensées et de questions ont le temps d'envahir ma tête.

Par exemple, pourquoi n'ai-je jamais appris à me battre ?

Je ne sais pas, au moins provoquer quelques duels féminins histoire d'avoir des bases telles que l'incontournable fragilisation par voie capillaire dont je suis actuellement victime.

À cette question, la réponse est toute trouvée. Je n'en ai jamais eut besoin. Aussi loin que je m'en souvienne, Noah a toujours mené mes combats  à ma place. De la mini intimidatrice qui me piquait mes bonbons à 3 ans, aux mecs qui s'amusaient à me faire des allusions perverses à 16 ans , il se chargeait de tout.

Là, en proie à mes premiers actes conflictuels violents, je me fais l'effet d'une princesse gâtée par trop de protection.

L'ironie de la situation ? Ce n'est pas moi la princesse mais mon bourreau.

Dans un acte imitateur pitoyable, j'essaie de lui asséner un coup de griffe alors que ma chute s'annonce imminente. Acte qui se solde naturellement par un échec (je savais que je finirais par regretter cette fâcheuse manie de me ronger les ongles) et chute qui s'avère plus terrible que ce que j'appréhendais.

La douleur fulgurante qui irradie de ma cheville me tire une grimace que ma tortionnaire ne loupe pas.

— Oh mon chou, tu t'es fait mal ? minaude-t-elle dans un sourire euphorique alors qu'elle vient se placer à califourchon sur moi, menaçante.

Elle s'appuie fermement sur mon corps, empêchant ainsi toute tentative de fuite. En même temps, elle n'a pas à se donner tant de mal, avec cette cheville si m'a lâchée, je ne gage pas de pouvoir ne serait-ce que me dresser sur mes pattes, alors courir...

Confiante, elle s'incline sur moi pour m'afficher sa mine victorieuse, son visage à quelques centimètres du mien.

— Tu t'es fait mal ? Fallait pas marcher sur mes plates bandes bébé, prononce-t-elle presque comme une excuse. Je peux te confier un secret ?

— Bien sûr. Après on se fait les ongles, des couettes et on s'offre nos bracelets de l'amitié, tant qu'on y est...

Elle m'ignore si bien, que j'en viens à me demander si je n'ai fait que penser cette phrase.

Avec une petite moue malheureuse, elle continue sur le ton de la confidence.

— Larry n'a jamais été fidèle.

— Le principe d'un secret, c'est que personne ne soit au courant, je pensais.

Cette fois, elle serre les dents mais ne relève toujours pas. Trop occupée visiblement à me compter ses peines.

— Il m'aime, c'est indéniable. Mais disons... Qu'il a toujours eut un appétit de loup. Alors, j'ai toujours fermé les yeux sur ses déboires.

Je parierais plutôt qu'elle en a quelques uns à son actif aussi, des "déboires".

— Ses coups d'un soir ? Je m'en tape. Elles vont et viennent comme ce qu'elles sont, des expériences insignifiantes. Seulement, deux ont finalement nécessité que j'intervienne. D'abord Maddie, parce qu'elle commençait à le matter un peu trop, et à présent, toi.

Sa voix venimeuse s'infiltre dans mon oreille lorsqu'elle s'y penche pour chuchoter.

— Parce que, dans ce cas, c'est lui qui te matte beaucoup trop.

AtomeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant