Chapitre 44 : Visiteurs

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~•°•Marie-Jeanne•°•~

Les lendemains de crises ressemblent toujours à une gueule de bois. Pas que je l'ai déjà eu (la gueule de bois), mais les symptômes semblent vachement concorder.

Marteau piqueur dans la tête.

Humeur de merde.

Blackout partiel.

Je me redresse sur le lit et en sentant le drap descendre sur ma taille je baisse les yeux pour croiser une généreuse paire de seins.

La mienne.

Mes yeux s'ouvrent grand alors que je me recouvre à une vitesse étonnante.

— Bon Dieu... Ne me dites pas que...

Je parcours la chambre du regard sans croiser une autre présence humaine que la mienne mais je repère bien vite la chemise que je portais hier encore. Elle est jetée au sol et lorsque je descends doucement du lit pour la ramasser, je remarque que certains boutons sont... arrachés.

Je me sens rougir jusqu'à la pointe des cheveux.

Est-ce qu'on a...

Mais cette pensée n'a pas le temps de se construire dans mon esprit qu'une autre vient la percuter de plein fouet. Un souvenir, plus précisément...

«Je t'aime, Nora.»

Nora.

Son premier amour s'appelle Nora.

Mon corps s'afesse sur lui-même alors que, malgré moi, les relents de notre soirée d'hier viennent chatouiller ma mémoire. Il m'a fait jouir tout contre lui. Il s'est caché pour appeler une fille. Son ex. Il lui a dit ''je t'aime''. À moi, il m'a dit que c'est compliqué.

Puis les messages. Les photos.

Je pousse un soupir tremblant lorsque je me rends enfin compte de la cerise sur toute cette merde. Et en même temps, un tiraillements sur mon avant-bras attire mon attention sur la cicatrice qui commence à se former.

J'ai fait une crise. Devant lui !

— Putaiiinnn...

J'enfonce mon visage dans mes paumes en poussant un grognement de frustration. Merde, comment ai-je pu laisser ça arriver ?!

Je tente alors de raviver des souvenirs pour réveiller ma conscience fortement ébranlée. Mais tout ce dont je me rappelle, c'est le voile noir qui a obscurci ma vision. Puis mon cri déchirant le silence de la nuit. Et enfin, Larry me cajolant dans ses bras et me racontant la naissance des Anions, après que le plus gros de la tempête soit passé. Mais tout ce qui s'est passé entre le début et la fin reste obstinément hors de ma portée, comme si j'avais laissé quelqu'un d'autre prendre possession de mon corps.

Selon Noah, durant ces ''absences'', j'essaie de saccager tout ce qui se trouve à porter de main. Mais il a toujours su me ramener, lui. En constatant que la chambre témoin de ma crise est dans le même état qu'hier, je suppose que Larry a su me canaliser, lui aussi.

Le réveil sur la table de nuit m'indique qu'il est 10h du matin et la musique en bas me dit que les garçons sont déjà levés. Mes sentiments se font la guerre. Je lui en veux de m'avoir menée en bateau comme une idiote alors qu'il a visiblement donné son cœur à une autre. Et je m'en veux à moi de lui avoir servi une si misérable facette de moi il y a quelques heures. Mais ces deux traits ont au moins l'avantage de converger vers un même point : Je ne suis pas encore prête à l'affronter.

J'efface alors la perspective de les rejoindre en bas alors que je retire le seul vêtement que je porte encore, son caleçon. Et lorsque les jets brûlants rencontrent ma peau sous la douche, je me frotte plus rigoureusement qu'il ne le faut. Pour effacer mes larmes d'hier. Pour effacer le sang sur mon bras. Pour effacer le souvenir d'une femme pendue à une corde dans une chambre d'enfant. Mais surtout, pour effacer la peur.

AtomeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant