Chapitre 26 : Quand le sort s'acharne

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— J'en peux pluuus ! geint Carl pour ce qui doit être... quoi ? La millième fois ?

— Déjà personne ne t'a demandé de venir !

Je retire ma chemise pour l'attacher à ma taille, laissant l'air frais frapper mes bras.

— J'ai été choqué en voyant le texto que t'as envoyé à Maddie et PAS À MOI!

— D'abord, je t'ai déjà dit d'arrêter de regarder mes notifs ! Et ensuite, c'est censé être une journée entre filles, essaie de lui expliquer l'intéressée.

— Tout ce que je retiens c'est que vous n'êtes que des traîtresses !

Je roule des yeux et reviens à ma discussion avec Helena qui semble un peu plus fatiguée que d'habitude. Je pensais qu'avec le rattachement elle aurait plus de temps pour elle mais parfois, j'ai l'impression que c'est pire.

— Hey, t'es sûre que ça va ?

— Mouais, je t'assure qu'il est un ange, sourit niaisement ma meilleure amie.

Oh oh. Ce sourire là n'augure rien de bon.  Et je suis bien placée pour le savoir puisque pas plus tard qu'hier j'avais la même banane. Et on me l'a arrachée du visage. Sans anesthésie.

Ça a été un brin douloureux.

Ça l'est toujours.

— Je rêve ou Helena Meli vient de dire qu'un membre de l'Élite est ''un ange'' ! s'exclame Maddie.

— Ouais, on parle bien de la représentante de la brigade anti-Elite, je renchéris.

— Roh ça va ! rigole-t-elle. J'ai appris à le connaître et finalement... il est plutôt sympa.

— Tu m'étonnes. Si je prenais soin de ce corps de rêve chaque jour, moi aussi je trouverais le proprio dudit corps sympa.

— Mais ce n'est pas ça du tout ! se défend-t-elle en rougissant.

— Attendez. J'ai raté quel épisode ? nous rattrape Carl. Prendre soin de quel corps ? Léna ?

Elle se fout le visage dans les mains et manque de trébucher sur une pierre avant de m'adresser son regard timide.

— Dis-lui, toi.

Est-ce que j'ai organisé cette randonnée dans le but de m'éloigner de tout ce qui a trait aux petits privilégiés de notre lycée ? Oui.
Est-ce que je viens tout juste de créer une discussion qui tournera autour d'eux ? La réponse me paraît évidente.

Je soupire et me tourne vers Carl dont les tâches de rousseur semblent s'être multipliées sous le soleil qui rougit sa peau.

— Elle est le rattaché de Tommy. Depuis plusieurs semaines.

La bouche de notre ami forme un O alors que son regard passe de moi à Léna qui hoche la tête pour approuver.

— Mais c'est putain de génial !

Son enthousiasme nous fait rire et je lui fous mon chapeau de paille. Il me remercie sans perdre de vue la discussion.

— Mais comment ça se fait ? Je ne vous ai jamais vu... Je veux dire, tu n'as jamais porté ses affaires ou servi son repas ou même fait ses devoirs. En fait, je ne vous ai jamais vu ensemble, maintenant que j'y pense.

— Tu peux parler, toi. Tu es payé pour ne rien faire depuis que t'es le rattaché de Noah, s'offusque Helena.

Carl baisse le regard, un brin penaud avant de bafouiller.

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