Chapitre 3 : Une question de signe

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PDV de Jeanne

Mon cœur bat dans mes tempes alors que j'enfile l'uniforme d'usage de cette école qui, je commence à le comprendre, est très étrange. La scène dont j'ai été la spectatrice quelques instants plutôt n'arrête pas de se rejouer dans ma tête. Choquée comme jamais, je me suis enfuie, les jambes tremblotantes, pour me réfugier dans ma chambre. Je n'en suis ressortie que plusieurs minutes plus tard, histoire de m'assurer que la douche était à nouveau... disponible.

Je l'avoue, à maintes reprises j'ai été témoin d'actes lascifs, sexuels dans les soirées où j'allais pêcher Noah. Mais une telle représentation de la luxure à l'état brut ? Jamais. J'entends encore les cris de plaisir de cette fille, les claquements moites de leurs corps et les bruits de succion de leurs mouvements. J'entends encore ses râles... Je le revois (trop bien à mon goût), ses grandes mains agrippant les hanches de sa partenaire pour la maintenir pendant qu'elle subissait ses assauts pour le moins... vigoureux.

Pour un peu, j'aurais eu mal pour la pauvre.

Pas qu'elle semblait s'en plaindre, en même temps...

Et pourquoi diable suis-je restée aussi longtemps au lieu de prendre mes jambes à mon cou, moi ?

Je secoue la tête en essayant de me convaincre que ce n'est nullement parce que cette scène a eu sur moi un autre effet que le dégout.

Alors que je m'applique à natter mes cheveux en couronne, une voix rauque s'infiltre dans mes pensées.

« Tu aimes ? »

J'aime ? ... Non. Grand Dieu, non !

Une fois encore, je secoue la tête alors qu'une chaleur indésirable se diffuse en moi.

Après un dernier coup d'œil appréciateur jeté à mon reflet, je sors de ma chambre.

Contrairement à mon ancien lycée, Atome n'autorise pas les tenues civiles mais je me surprends à aimer la mini-jupe bleue plissée qui me fait de belles jambes. Si celles-ci ne possèdent pas la longueur interminable des top modèles, leur fermeté n'a rien à leur envier. À vrai dire, la course à pied et la gym dont j'étais une véritable amatrice jusqu'à ma première année de lycée, n'ont jamais suffit à me sculpter un corps de mannequin. Plutôt une silhouette sportive et tonique dont je ne me plains jamais. La seule partie de mon anatomie que je me prends à bouder de temps en temps, est ma poitrine beaucoup trop... évidente, selon moi.

Une chance pour moi, la large chemise blanche m'offre un bouclier idéal aux regards trop voyageurs.

Je pourrais même ajouter un gilet, je me dis en quittant mes appartements.

Oui. Pourquoi pas ?

Je trouve Nathalie au pied des escaliers alors que je me hâte. Toujours aussi propre sur elle-même.

- Marie-Jeanne ?!

Son ton paniqué me fait jeter un regard à ma montre et je comprends son désarroi.

11h04.

- Oui, euh... j'ai grillé le cours de la matinée. Désolée, j'ai eu un petit problème, je réponds en grimaçant.

Je préfère taire l'accident de ce matin. Je devrais sans doute les dénoncer, mais dénoncer qui ?? Une fille dont je ne voyais que le cul et un garçon grand, au teint mate, un corps en muscle et un regard perçant ?

Je renfrogne la mine en me rendant compte que je l'ai bien trop détaillé.

- Rien de grave, j'espère.

AtomeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant