Atome

Chapitre 17 : Monday

— Attends ! Tu veux me dire que durant tout ce temps, cette fameuse faveur que tu voulais demander à Noah... , c'était de sortir avec MOI ?!

— Pour de faux ! je me défends.

Helena me lance un regard qui en dit long sur sa façon de penser.

Ok ok, ce n'était peut-être pas l'idée du siècle. En fait, ce n'était assurément pas, l'idée du siècle. Mais dans la théorie, ça marchait à merveille.

Noah le nouveau super pote de l'Élite que toutes les filles cherchent à arracher, tombe profondément amoureux de la petite et invisible Anion. Toute l'attention est soudainement portée sur elle, qui passe d'un claquement de doigts de Anion tout court, à Anion populaire.

— C'est pas parce que tu t'es  dégoté un vrai prince à te mettre dans la poche que mon scénario revisité de Cendrillon doit passer pour un truc tordu.

— Moins fort ! chuchote-t-elle en parcourant des yeux les élèves qui nous entourent. Je n'ai pas envie que tout le lycée le sache alors que je n'ai même pas encore pris ma décision. Et puis, il est sacrément tordu ton scénario, de toutes façons. Ça n'aurait jamais marché.

— Tu oses douter des talents d'acteur de mon frère ? Il pourrait te surprendre.

— Non, répond-t-elle en grimaçant. S'il y a quelqu'un dont je doute dans cette histoire, c'est moi. Pour que ça soit crédible il faudrait forcément qu'on s'embarrasse, et tu l'imagines ? Je ne saurais pas de quel côté mettre ma tête ou... que faire de ma langue... Aargh !

Je ris si franchement que Mme Pantie (Notre si charmante dame de chimie) me lance un regard noir, presque identique à celui que me jette ma meilleure amie à l'instant. Cette association a bon de me remettre sur les rails.

Si vérité il y a, c'est que je suis très mal placée pour me moquer d'Helena. J'en sais quoi moi, des baisers ? Je peux dire avec toute la certitude du monde que l'épisode le plus chaud de ma vie remonte juste à quelques jours, lorsque...

Je secoue la tête. On s'égare un peu, là.

— Sortez vos livres de chimie. Page 47.

Non. Pas ça.

Helena me jette une œillade moqueuse.

— Si tu me dis ''je te l'avais bien dit'', je ne réponds de rien, je grogne.

Elle fait mine de fermer le zip imaginaire de sa bouche, n'empêche qu'elle glousse doucement.

C'est ça, rigole bien.

Putain, si ça c'est pas une fichue loi de Murphy ! À chaque séance elle nous interdit de toucher à ce livre sous prétexte que nous assimilerons bien mieux si elle nous fait la dictée ! Mais il suffit que j'oublie mon document un seul jour pour qu'elle le réclame, comme par envoûtement !

Ok, je ne l'ai pas ''oublié''. La vérité est que je l'ai sciemment délaissé sur ma table de chevet. Pour ma défense, il pèse une tonne, ce bouquin !

— Madame ? Puis-je partager celui de Helena ? je tente.

— Votre dortoir n'est qu'à quelques pas, n'est-ce pas ?

Quelques pas.

Un brin d'euphémisme, mais je ne suis pas mesure de relever.

— En effet, mais...

— Vous m'avez fort bien comprise, mademoiselle Zenha, tranche-t-elle sans se donner la peine de m'adresser un regard.

Génial.