Chapitre 8

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Dayana


Je me réveille avec un mal de tête atroce. 

J'ouvre les yeux et une nausée me prend. Je cours jusqu'aux toilettes et y vide mon estomac.

Je sens quelqu'un arriver et me caresser le dos. Une seconde, j'imagine ma mère aimante. Puis, je me rappelle que ma mère est loin d'être aimante et surtout que cette main doit appartenir à Sarah. 

- Ne t'en fais pas ça va aller Dayana. Sa voix est douce et rassurante. Je n'avais pas lu comme effet secondaire les vomissements, mais bon, ça passera.

Sur ces mots, elle tire la chasse d'eau et me conduit à la salle de bain où elle me lave le visage avec un gant de toilette avant de me tendre ma brosse à dents. 

- Pendant que tu te laves les dents je vais te préparer un petit-déjeuner. Non, soyons honnêtes, il vaut mieux que je te sorte juste des céréales. 

Elle me fait un clin d'œil et me laisse seule. Je ne sais pas pourquoi elle fait ça, mais depuis hier elle s'occupe de moi comme personne ne l'a fait. Enfin, si : elle. Quand on était plus jeune, on se soutenais mutuellement, si une avait un souci l'autre l'aider au maximum. Sauf que ça fait longtemps maintenant qu'on a perdu cette complicité et je sais que c'est de ma faute.

Quand je me suis mise avec Rafe, j'ai commencé à sortir avec ses amis en délaissant les miens. En plus, Sarah n'aimait pas que je sorte avec lui donc j'ai fini par lui tourner le dos. Et pourtant, j'avais besoin d'elle, mais je ne pouvais plus lui en demander après ça...

- C'est prêt, tu descends ?

Je me tourne vers elle, lui lance un sourire reconnaissant avant de la suivre dans la cuisine. Comme hier, on mange en silence. Quand on a fini elle range dans le lave-vaisselle, je ne peux m'empêcher de me sentir coupable face à tout ce qu'elle fait pour moi, je ne le mérite pas.

- Va t'habiller, on va sortir prendre l'air, ça te fera du bien. 

J'hoche la tête et monte enfiler un short noir et un crop top blanc. Mes cheveux sont toujours tressés donc pas besoin de les coiffer. En revanche, je ne suis pas maquillé. Je ne sors jamais démaquillé, c'est comme mon masque de guerrière.

- Qu'est-ce que tu fais ?

Je me tourne vers Sarah qui me regarde inquiète.

- Rien. C'est juste que je ne suis pas maquillé et... j'ai une tête à faire peur.

- Tu veux que je t'aide à te maquiller ?

- Je veux bien s'il te plaît.

Je baisse les yeux. Je suis gênée de dépendre à ce point d'elle. J'ai toujours cru être indépendante, après tout, je vis seule depuis que j'ai 12 ans.

Elle redresse mon menton, me fait un sourire et se met au travail. 10 minutes plus tard, elle me dit qu'elle a fini. Je me regarde et suis contente de son travail : mes cernes ne se voient pratiquement plus, mes yeux sont rehaussés grâce à un trait de liner, du khôl et du mascara, et mes pommettes sont rosés comme lèvres. Je n'ai plus l'air du cadavre que je suis depuis 3 jours. 

Quand je remarque que mes yeux ne sont plus injectés de sang et que leur bleu ressort, je ne peux m'empêcher que je ressemble à l'ancienne moi. Celle qui ne baignait pas dans la coke. Mais je ne suis pas naïve, je suis loin d'en avoir fini.

- Tu aimes ? Sarah me regarde pleine d'espoirs.

- Oui, c'est génial. Merci beaucoup.

- Ce n'est rien. Allez, viens, on sort.

On marche sur la plage longtemps. Sarah avait raison : l'air frais me fais du bien.

- Sarah ?  

On se tourne toutes les deux vers la personne qui vient de l'interpeller. C'est Pope Heyward, je passe souvent commande à son père.

- Salut Pope, qu'est-ce que tu fais là ?

Je vois que Sarah est gênée, j'espère que ce n'est pas à cause de moi.

- Je rejoins les autres, on va surfer, tu veux venir ?

Je vois dans ses yeux qu'elle rêve de dire oui, mais son regard se pose sur moi.

- Non, désolé. Je reste avec Dayana aujourd'hui.

Je fronce mes sourcils. Pourquoi refuser d'aller avec ses amis pour moi ? Elle en a déjà bien assez fait. Je ne suis pas son fardeau.

- Tu devrais y aller. Les deux posent un regard étonné sur moi. Je n'ai pas besoin que tu me couves Sarah, vas rejoindre ton copain et tes amis, je vais rentrer et dormir.

- Non, je t'ai dit que je resterai avec toi donc je reste.

- Tu en as déjà assez fait. Si tu y tiens vraiment, tu n'auras qu'à passer demain vérifier que je suis entière. 

Elle semble encore hésiter.

- J'y vais, mais uniquement si tu m'accompagnes. Elle dit ça comme si c'était logique, cette fois, c'est Pope et moi qui la regardons surpris. Je ne veux pas te laisser et tu veux que j'y aille, donc pour résoudre le problème, tu n'as qu'à venir aussi.

- Sarah, les pogues me détestent, pas vrai Pope ? Je cherche de l'aide dans son regard, après tout, il ne doit avoir aucune envie que je vienne.

- Je ne dirais pas qu'on te déteste.

Putain, il ne va pas m'aider.

- Tu vois ? Personne ne te déteste. Je lui lance un regard explicite. Bon, ok, Kie ne te porte pas dans son cœur et les pogues sont bourrés de préjugés sur les kooks, mais regarde, ils m'ont acceptés.

- Je ne suis pas toi Sarah.

- Accompagne-moi Dayana, tu me dois bien ça. Elle me fait une tête de chien battu. S'il te plaît.

- Très bien. Mais je repartirai vite et te laisserai avec ton copain.

- On verra ça. Elle me lance un sourire qui semble vouloir dire "tu ne m'auras pas".

- Bon, très bien, allons-y. C'est Pope qui a dit ça, mais il n'a pas l'air sure de lui. 

On le suit et je crois l'entendre murmurer quelque chose du genre "Ma copine va me tuer".

Sauve moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant