Sauve moi

Chapitre 6

Dayana

J'ai merdé. 

En ouvrant les yeux, j'ai directement compris qu'il y avait un problème. Heureusement, j'ai fini avec Sarah et pas avec un touriste. 

Je rentre chez moi sans un regard en arrière pour cette maison de pogue. 

Je tremble. Mes mains tremblent de manière incontrôlable. Je suis en manque. Je fouille dans mon sac, mais je ne trouve pas mon flacon de poudre. Je n'ai absolument rien pour combler ce manque. Il doit y avoir une réserve chez moi, et, au pire, je passerai voir Barry.

J'arrive devant ma villa et je fouille l'arbuste à côté de ma porte d'entrée où j'enterre toujours mes clefs. Je déverrouille ma porte et me retrouve face au miroir de l'entrée. 

Mon reflet me dégoûte. Je me dégoûte. 

Ma robe blanche moulante est tachée de terre et, vue l'odeur, de bière également. Mes épaules sont creusées, je n'ai que la peau sur les os. Mes longs cheveux bruns sont emmêlés et ternes. Mais le pire ça reste mes yeux. J'ai toujours adoré mes yeux bleus. Ils étaient mon atout numéro un pour charmer.  À présent ils sont injectés de sang et ils ont l'air morts. 

J'ai l'air morte.

Mon téléphone sonne interrompant mes pensées. C'est Rafe.

- Allô ? 

- Ouai, bébé, c'est moi. J'entends en arrière-fond des gloussements féminin. 

- Salut, alors vous êtes où ? 

- Là, on est à Miami et des gens du coin nous montrent la ville. 

- J'imagine que les "gens du coin" ont tous une paire de seins. 

Contrairement à ce qu'on pourrait penser, je ne suis même pas énervée, juste blasée. Je suis sans nul doute la fille la plus cocue d'Outerbanks. 

- Tu ne vas pas me faire une crise là ? Je m'éclate entre potes et tu n'as rien à me dire Dayana. Je sais à sa voix qu'il est en train de s'énerver et que ça va bientôt partir en couille. 

- Je ne te fais pas de crise, je demande, c'est tout. 

- Tes questions tu te les gardes. T'as fait quoi toi hier soir ? 

- Je suis allé à une soirée de touriste sur la plage. D'ailleurs, j'y ai croisé ta sœur. Je ne lui dis pas que j'ai dormi chez les pogues, il ne supporterait pas ça.

- T'as dragué à cette soirée ? Tu as joué à la pute hein ?

- Putain à quoi tu joues Rafe ?!

- Je ne fais que te demander comment tu occupes tes journées sans moi.

J'en ai marre. Je ne supporte plus ce jeu entre nous: de qui dominera l'autre. Je n'ai juste plus envie de jouer. J'ai envie d'arrêter. 

- Tu sais quoi Rafe ? C'est fini. Pour de bon. Ne m'appelle pas, ne m'écris pas. Et quand tu rentreras, je ne t'attendrais pas la bouche en cœur. J'en peux plus de tes putain de sautes d'humeur. De ton attitude de camé violent. Je suis ta copine, pas ton putain de punching-ball. 

Sur ces mots, je raccroche, j'ai peur qu'entendre sa voix me face changer d'avis. Je bloque son numéro.

Je me regarde dans le miroir et je prends ma décision.

Je suis Dayana Anderson.

Et Dayana Anderson ne se laisse pas rabaisser. 

Dayana Anderson n'est pas ce cadavre. 

Sauf que cette voix au fond de ma tête, celle de ma culpabilité, me rappelle que tout ça, c'est ma faute.

Il y a 10 mois.

Je sniffe de la cocaïne. 

Je ne saurais même pas dire comment je me suis retrouvé là à faire ça. 

Je suis allé voir Barry, d'habitude, il nous donne de la weed avec Rafe pour qu'on se fasse des joints. Mais j'avais besoin de plus. J'avais besoin de quelque chose qui me fera oublier l'horreur de ces deux dernières semaines. Donc j'ai acheté de la coke pour la première fois de ma vie.

J'entends ma porte s'ouvrir et je vois Rafe. Mon Rafe.

Il a des cernes énormes et comme depuis ce soir-là, son regard est remplis de tristesse. Mais cette tristesse se transforme très vite en peur quand il voit les lignes de poudres blanches devant moi.

- Dayana qu'est-ce que tu fais ?

- Apparemment ça fait tout oublier. Tu te rends compte Rafe ? On va pouvoir tout oublier ?

- C'est pas un petit joint merde. On parle de drogue dure là ! 

- Allez, ça va nous faire du bien. Fais-le avec moi s'il te plaît. Peut-être que ça nous sauvera...

Ses yeux s'ancrent dans les miens. Je vois toute la douleur à l'intérieur et je sais que c'est ma faute. Je veux l'aider à aller mieux. Je veux retrouver son regard, celui plein d'amour qui m'a fait tomber amoureuse pour la première fois. 

Il s'avance vers la table et sniffe une ligne à son tour. 

C'est comme ça que tout à commencer. C'est comme ça que je nous ai rendu accros à la cocaïne.